Copperhead
Copperhead
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1- Roller Derby Star / 2- Kibitzer / 3- A Little Hand / 4- Kamikaze / 5- Spin-Spin / 6- Pawnshop Man / 7- Wing-Dang-Doo / 8- They're Making A Monster
En 1970, après la sortie d'un cinquième album intitulé What About Me, le guitariste John Cipollina prend ses distances avec le mythique groupe de rock psychédélique américain Quicksilver Messenger Service pour cause de divergence musicale avec Dino Valenti, tout juste sorti de prison et en passe de reprendre les rênes du groupe. Cipollina souhaite de son côté pouvoir laisser plus de place à son jeu et élaborer une musique à la fois plus musclée et technique. Après plusieurs essais, le line-up de son nouveau groupe se stabilise autour de Gary Philippet au chant, à la guitare et à l'orgue, de Jim McPherson au chant, à la basse et au piano et enfin de David Weber à la batterie. Les prestations derrière le micro sont ainsi partagées entre la voix rauque et puissante de Philippet et le timbre plus doux de McPherson, sans que les deux hommes soient de grands chanteurs. Après un court passage sur Sunshine label, le groupe signe en 1972 chez Columbia et met en boite son premier album Copperhead, sorti au printemps 1973.
Exit le folk de la west coast saupoudré d'influences psychédéliques, Cipollina délaisse également l'improvisation de l'acid rock pour un style bien plus direct et efficace qui renvoie aux prémisses du rock sudiste tels qu'il sera développé par le Allman Brothers Band et Lynyrd Skynyrd tout au long des années 1970. Le titre "Roller Derby Star" ouvre d'ailleurs assez bien les hostilités avec un rock nerveux qui met en avant le jeu si caractéristique de Cipollina dans les aigus et son utilisation iconoclaste du vibrato. Brandissant une Gibson SG customisée, Cipollina décline ses plans bluesy un peu crasseux sur la belle ballade "A Little Hand" pour accompagner le piano de McPherson et donne du corps au southern-rock entraînant de "Spin-Spin" ou au blues moite et chaloupé de "Chameleon". Dans le même acabit, le titre "Pawnshop Man" est assurément un moment fort du disque et ses élans épiques nous rappellent que Lynyrd Skyrnyrd sort son premier album la même année, annonciateur de l’embrasement électrique du rock sudiste et de son immense potentiel hymnique.
On retrouve également des réminiscences du style psychédélique de la scène californienne avec "Kibitzer" qui rappelle le passé de Cipollina au sein de Quicksilver Messenger Service tout comme "Kamikaze" qui nous sert un solo final flamboyant avant de s'éteindre dans un bruit d'explosion. Mais la perle de l’album est très probablement "They’re Making a Monster" tour de force de plus de sept minutes composé par un Cipollina déjà fortement malade, souffrant de troubles respiratoires qui occasionneront son décès le 29 mai 1989. Ce dernier titre, qui évoque les textures menaçantes de Blue Oyster Cult, est assurément la plus grande réussite du groupe.
Malgré quelques titres un peu quelconques et l'absence d'un grand chanteur, Copperhead avait assurément le potentiel et les qualités nécessaires pour occuper une place importante dans le paysage rock des années 1970. Pris dans le scandale de la drogue qui frappe leur label (en particulier Clive Davis qui les avait signés), le groupe se retrouve limogé et se sépare avant de pouvoir commercialiser un second album, qui reste donc inédit à ce jour. Cipollina poursuit alors sa carrière musicale au service de différents groupes qui ne bénéficieront jamais d'une reconnaissance majeure, avant de décéder à 45 ans d'un emphysème. Cet unique album reste donc certainement le meilleur témoignage de son grand talent de guitariste. Avis aux collectionneurs...