Corrosion of Conformity
In the Arms of God
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1- Stone Breaker / 2- Paranoid Opioid / 3- It Is That Way / 4- Dirty Hands Empty Pockets (Already Gone) / 5- Rise River Rise / 6- Never Turns To More / 7- War / 8- So Much Left Behind / 9- The Backslider / 10- World Of Fire / 11- Crown Of Thorns / 12- In The Arms Of God
Le heavy metal, c'est un peu comme un kebab. A l'image d'un tas de viande luisante de graisse grésillant sur son lit d'oignons : aussi répugnant que salivant. Ça ne paie pas de mine, mais quand on a la dalle, il n'y a rien de mieux pour caler sa faim. Eh bien, le heavy metal, c'est pareil. Chaque affamé de riffs tranchants, de roulements de batterie continus, d'ambiances plombées et de cris vomitifs s'en gavera à satiété, jusqu'à l'écoeurement. Attention là, on parle quand même de Corrosion of Conformity (COC pour les intimes) ! Pas n'importe quelle adresse. C'est toute la différence entre le kebab qui se contente de décongeler son morceau de viande pré-commandé et celui qui assemble patiemment, morceau après morceau, son étal, composé d'un produit qu'il a sélectionné, découpé et soigneusement désossé. Bref, les COC sont des connaisseurs de la chose.
Cela fait maintenant un peu plus de 20 ans que COC (formé en 1982) nous berce les oreilles avec leur son aussi subtil qu'un troupeau d'hippopotames dansant la lambada. Bon, c'est un peu méchant de dire ça, car on leur demande tout sauf d'être subtils. Tout au long d'une discographie brève et un peu inégale (laquelle culmina au milieu des années 90 avec l'excellent Wiseblood), la bande à Pepper Keenan s'emploie à ravir les esgourdes des métaleux de tous bords, des fans de heavy (les premiers visés) aux adeptes du stoner. In the arms of God est leur huitième album, et comme son titre et sa dédicace l'indiquent (to all the free thinkers & beer drinkers stay true) un doigt d'honneur gluant dressé en direction des tenants de la pensée unique et de l'axe du bien. Encore des anti-Bush, se dit-on, un brin blasé. Malgré tout, il est inutile d'avoir des opinions tranchées sur la politique internationale pour apprécier cet album.
In the Arms of God est certainement l'un des meilleurs COC. Le groupe s'y montre en excellente forme avec un son on ne peut plus soigné et brutal. La batterie est pratiquement au niveau des guitares pour un déluge sonique de plus d'une heure, véritable programme politique en matière de destruction massive. Si le combo originaire de la Nouvelle-Orléans, tente de varier un peu les climats ("Rise River Rise", "Crown of Thorns"), c'est bel et bien dans le pilonnage qu'il excelle, avec le tonique et jouissif "Stone Breaker" qui ouvre l'album. Les temps forts du disque sont certainement les très inspirés "Paranoid Opioid", "War" ou "The Backslider". Tuerie absolue : "It is That Way", qui mérite de figurer dans l'anthologie des meilleurs chansons heavy metal ou encore ce "So Much Left Behind", où on jurerait entendre un Scott Weiland (période Stone Temple Pilots) entonner le couplet.
Oui, ce disque a tout d'un bon grec, entre la chaleur des guitares, le croustillant de la rythmique et le fondant des arrangements, c'est à un bon petit festin qu'on se prépare. In the Arms of God est certainement bien parti pour être l'un des meilleurs albums métal de l'année. Probablement pas le meilleur, car on ne peut pas dire que COC pêche par originalité. Mais on s'en fout. On écoute cet album, un filet de bave aux commissures des lèvres, tapant du pied fermement, hochant gravement la tête tout en battant la mesure. COC est calorique, gras et rugueux et c'est ce qu'on aime. Tout comme le kebab, le heavy metal est un genre mineur et tout à fait inutile mais, putain, qu'est-ce qu'on ferait sans lui ?!