David Bowie
Young Americans
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1- Young Americans / 2- Win / 3- Fascination / 4- Right / 5- Somebody Up There Likes Me / 6- Across The Universe / 7- Can You Hear Me / 8- Fame
Milieu des années 1970. David Bowie, qu'on n'appelle probablement pas encore le Caméléon, a survolé la première moitié de la décennie. Dans sa discographie, pas une faute de goût, la plupart de ses disques rencontrant succès critique ou public, voire les deux. L'homme aurait pu continuer longtemps à servir ce glam rock qu'il a, sinon inventé, du moins popularisé. Sauf qu'aujourd'hui, il croupirait peut-être dans une geôle vietnamienne pour avoir été un peu trop proche de filles un peu trop jeunes.
Peut-être qu'il a senti le coup venir ? Toujours est-il qu'après Pin Ups, Bowie préfère se séparer des Spiders from Mars, le groupe qui le suivait quasiment depuis ses débuts. Et pour prouver qu'il y a une vie après le glam, il publie, en 1974, Diamond Dogs. Le disque, un vague concept album inspiré du roman 1984, ne trouve pas grand-monde pour l'écouter. Et pourtant, on trouvait déjà dans ces Chiens de Diamant une certaine maturité, ainsi que les germes de ce qui allait être une quasi-réssurection de Bowie.
A l'issue de la tournée Diamond Dogs, Bowie décide en effet de se poser aux USA. Là, il se met à composer. Et bientôt, il apparaît que la soul, qui n'était qu'une influence sur son album précédent, va devenir un concept à part entière. Une "blue-eye soul", une soul de blanc-bec. Une soul pourtant sévèrement musclée à grand coup de saxophone, de percu omniprésentes et de guitares aux accents funky, renforcée par un Bowie en très grande forme vocale.
L'album est rapidement bouclé. Et puis Bowie tombe sur John Lennon au détour d'un couloir. Lors d'un jam avec Carlos Alomar, guitariste du groupe de David, les trois hommes accouchent d'un nouveau titre, "Fame". Qui est rajouté in extremis sur l'album : le destin d'icelui en sera bouleversé, puisque le titre fera l'effet d'un véritable raz-de-marée sur les charts américains, tirant tout le reste de l'album vers le haut.
Plus de trente ans après, que reste-t-il de cet album charnière, déjà très loin du monde glam, mais encore à des années lumière des futurs trips expérimentaux sous influence Can? Il en reste un album parfois totalement réjouissant, quand il se fait soul syncopée (l'hymne "Young Americans"), funkoïde ("Fascination", "Fame"), ou plus lascif ("Right", "Somebody Up There Likes Me"). Mais parfois un peu ringard, quand il se fait plus "smooth jazz", limite "la croisière s'amuse". A ce titre, la reprise des Beatles ("Across The Universe") est par ailleurs complètement insupportable.
Mais la vraie question que peut se poser un lecteur de 2007, c'est "que vaut la réédition qu'on attend depuis si longtemps"? C'est que Bowie a entrepris il y a quelques années de ré-éditer tout son catalogue, avec un décalage de trente ans. Young Americans, album de 1975, a donc deux ans de retard. Mais contre toute attente, ces deux années n'auront visiblement pas servies à grand-chose.
Le disque a été une nouvelle fois remasterisé, ce qui n'intéressera sans doute qu'un public d'initiés, dans la mesure où il existait déjà des versions tout à fait correctes de l'oeuvre. Il y a bien trois morceaux bonus : une reprise funky d'une de ses vieilles chansons période Ziggy ("John I'm Only Dancing (Again)", et deux titres qui n'avaient pas pu être casé sur l'album original, faute de place ("Who Can I Be Now" et "It's Gonna Be Me"). Sauf que ces bonus sont déjà connus par absolument tout le monde depuis quelques siècles (même si "It's Gonna Be Me" bénéficie apparemment de nouveaux arrangements).
Du coup, on cherchera plutôt la nouveauté du côté du DVD bonus. Déjà, l'objet est assez classe, et on se promène parmi ses quelques menus avec plaisir. Ensuite, l'album y a été remixé en 5.1 : une expérience probablement passionnante vu la richesse de l'orchestration de Young Americans, mais vu son équipement de prolétaire, votre serviteur n'a malheureusement pas pu tester la chose. Pour finir, figure aussi sur le DVD l'intervention de Bowie au Dick Cavett Show (enregistré le 2 novembre 1974, alors que l'Anglais mettait la touche finale à son album). Deux titres (et pas des moindres : "1984" et "Young Americans") et une interview de quasiment 20 minutes : sympathique, mais malheureusement, tout sauf inédite. D'autant qu'on aurait pu espérer voir ré-apparaître les titres "Can You Hear Me" et "Footstompin'", également joués mais coupés au montage à l'époque. Allez, ne faisons pas la fine bouche, c'est toujours ça de pris!