Dead Poet Society
Fission
Produit par Anton DeLost
1- 5:29:45 / 2- Running In Circles / 3- HURT / 4- How could I love you? / 5- I hope you hate me. / 6- Uto / 7- Tipping Point / 8- LA Queen / 9- Hard To Be God / 10- 81 Tonnes / 11- My Condition / 12- Koet / 13- Black And Gold
Avec une année 2024 aussi abondante que qualitative, il était inévitable que certaines sorties soient relayées au second plan. Parmi les oubliés, difficile de ne pas mentionner la dernière livraison des Dead Poet Society ; un deuxième album qui malgré l’enthousiasme suscité lors de sa découverte, n’aura pas été en mesure de maintenir l’intérêt sur la durée. Fission s’est alors très vite retrouvé au fin fond de la pile des "albums à traiter", et semblait destiné à y rester… jusqu’à ce qu’une prestation survoltée du groupe à Rock en Seine en août dernier ne vienne raviver la flamme. Et pour cause, le quartette américain nous a fait forte impression durant le festival, démontrant - grâce à une énergie de chaque instant et une pointe de folie salvatrice - une réelle capacité à dompter la foule, et à bonifier sur scène des compositions un brin insipides sur leur version studio.
S’il y a bien deux choses qu’on ne peut retirer au groupe californien, ce sont sa redoutable efficacité et son envie irrépressible d’en mettre plein les oreilles ! Ce nouvel album fait d’ailleurs de ces attributs un véritable leitmotiv, quitte à frôler l’excès par moment. Alors que le premier opus (- ! -) s’encombrait de plusieurs interludes instrumentaux et autres sections de spoken words sans grand intérêt, Fission se déleste quant à lui de tout ce qui pourrait nuire à la dynamique générale de ses différentes compositions. Dès l’intro tonitruante, au riff lourd et à la rythmique appuyée, le groupe affiche son envie d’en découdre. Sans temps mort, l’album ne perd pas une occasion de nous scotcher à notre fauteuil, à l’image du bien nommé "HURT", qui avec ses breaks nerveux et son flow ravageur évoque un Jack White sous stéroïdes, boosté par la disto massive de Royal Blood. Plus virulent qu’à l’accoutumée, le groupe délivre quelques uppercuts bien placés, parmi lesquels "Hard to be God" a tout d’un KO en bonne et due forme (et dès le premier round) ; un morceau déjà tout disposé pour le live, mettant à profit un chant fédérateur à la limite du rap et différents niveaux d’intensités pour mieux maximiser son impact.
Fort heureusement, Dead Poet Society ne se limite pas à cette seule facette et parvient à trouver une formule relativement équilibrée, évitant ainsi la surenchère de décibels. Le groupe se révèle à ce titre particulièrement à l’aise quand il s’agit de proposer de véritables hymnes pop, qui s’assimilent instantanément et s’apprécient pour leur spontanéité et leurs vibes positives. Plus calibré et radiophonique, un titre comme "Running in Circles" profite par ailleurs d’une recette largement éprouvée - mais toujours aussi efficace - évoquant les compositions furieuses et débridées de Death From Above 1979. Même s’il propose de nouvelles nuances et s’avère assez savoureux avec ses élans Musesque, force est de constater qu’un titre comme "How Could I Love You" recycle à quelques détails près la même formule. Même topo pour "I Hope You Hate Me" qui masque les apparences avec son approche plus massive et électronique, ou encore "My Condition" qui opte quant à lui pour une dynamique plus enjouée à la lisière du punk-rock. Si la formule s’avère globalement payante à défaut d’être originale, elle finit inéluctablement par lasser (le très répétitif "81 Tonnes"), jusqu’à se montrer complètement insipide. A ce jeu-là, "Tipping Point" récolte la palme du titre mainstream sans aucune consistance, au point qu’il en passerait presque incognito sur Virgin Radio avec son refrain fait de « Ohohoooh ». C’est à se demander si le groupe a fait appel à l’intelligence artificielle…
Bien qu'évoluant dans un registre déjà bien balisé - quelque part entre Nothing But Thieves et Royal Blood -, le combo américain s’en tire avec les honneurs grâce à un deuxième album bougrement efficace (à défaut d’être réellement original). Malgré une certaine redondance, le rock saillant et vrombissant de Dead Poet Society conserve suffisamment d’énergie brute pour rester tout à fait recommandable. Et si vous n’êtes pas entièrement convaincu à l’écoute de Fission, nous ne saurions que vous recommander d’assister à un concert du groupe. Vous ne serez pas déçu !
A écouter : "How Could I Love You ?", "Unto", "HURT"