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Critique d'album

Faust


Faust So Far


(00/04/1972 - - Krautrock - Genre : Rock)
Produit par

Note de 5/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Papa, prends une banane, demain c'est dimanche"
François, le 10/09/2022
( mots)

A se demander qui de Faust ou de Polydor avait vraiment signé un pacte avec le Diable … Les premiers en acceptant les sirènes et les projets hautement mercantiles d’une telle maison de disque ou plutôt les seconds qui espéraient des "Beatles allemands" et se retrouvèrent avec une des formations les plus expérimentales de la scène Krautrock. L’alliance contre-nature ne pouvait durer éternellement, mais contre toute attente, Polydor accepta de signer un second opus, publié en 1972 sous l’intitulé Faust So Far, sur lequel le groupe réalise un compromis si ténu qu’il ressemble à une bravade vis-à-vis de sa maison de disque.


Deux éléments nous font dire que cet assouplissement est non seulement très relatif, mais en plus assez provocateur. Tout d’abord, les paroles de "It’s a Rainy Day, Sunshine Girl", très répétitives et niaises, renforcées des "ahum" caustiques, semblent réellement parodier la pop anglaise des 1960’s dont on voulait qu’ils adoptent la forme. Les percussions assènent un rythme régulier et sans aucune variation, tandis que la guitare se cantonne à un accord unique, laissant comme seule évolution quelques nappes de claviers et le saxophone final. Enfin, la conclusion de l’album en courtes pièces très expérimentales, serait un écho déformé à celle d'Abbey Road : le dissonant "Picnic on a Frozen River", le bruitiste très strident "Me Lack Space", et enfin "… In the Spirit" qui conclut dans une ambiance piano-bar très accessible et semble à nouveau moquer les Beatles ("All Together"), comme un écho au premier album et au costume étriqué qu’on voulait leur faire porter.


Faust demeure en effet les deux pieds dans le Krautrock, expérimental et dérangeant, subvertissant la pop-music d’autant plus ferrocement qu’ils s’essayent à hybrider cette esthétique avec d’autres styles plus conventionnels. Le côté bluesy de "So Far", qui lorgne vers ce que pouvait faire Can, est ainsi mixé avec des nappes cosmiques ; la pièce acoustique classicisante "On the Way To Abamäe" (dans le style de Focus) est d’abord cachée par l’obscurité des claviers. Côté pur-rock expérimental allemand, l’angoissant "Mamie Is Blue" évoque un Ash Ra Tempel sorti des ténèbres les plus terrifiantes, une musique cosmique industrielle aux confins de sphères célestes dangereuses. A l’inverse, le côté potache d’ "I’ve Got My Car and My TV" (tout un programme avec de telles paroles) regarde avec insistance du côté de l’Ecole de Canterbury ou de Gong (jusqu’au saxophone jazzy), autre courant entreprenant des scènes progressives les plus ambitieuses.  


Une place spécifique doit être réservée à "No Harm" tant ce titre est une audace remarquable et pataphysique. L’entrée en matière orchestrale est bien menée par l’alliance du saxophone et des claviers, puis, après une courte transition électronique qui ouvre la voie aux arpèges, on entre dans le vif avec de sublimes lignes de guitare complétement folles. Le chant est déjanté, zappaien, hurlant "Daddy, tomorrow is sunday, take a banana" quand d’autres demandaient si "Tu veux un camembert, un camembert ?". Surréaliste. Avec "No Harm",  on se trouve davantage dans la face post-psychédélique du Krautrock (voir Amon Düül II), preuve du talent de Faust qui est d’avoir réussi à synthétiser toutes les nuances esthétiques de la scène allemande là ou d’autres se concentraient sur l’aspect planant ou électronique ou purement expérimental ou psychédélique. Inutile de dire que Polydor ne voudra plus forcément d’eux après ce second affront, tandis qu’un Anglais au nez fin décidera de les signer sur son label encore très jeune. Les années Virgin et la conquête de l’Angleterre peuvent commencer.


A écouter : "It’s a Rainy Day, Sunshine Girl", "No Harm", "So Far"

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