Florence and the Machine
MTV Unplugged
Produit par
1- Only If For A Night / 2- Drumming Song / 3- Cosmic Love / 4- Breaking Down / 5- Never Let Me Go / 6- Try A Little Tenderness / 7- No Light, No Light / 8- Jackson / 9- What The Water Gave Me / 10- Dog Days Are Over / 11- Shake It Out
On ne le répétera jamais assez : l’unplugged est un exercice difficile, très difficile. Beaucoup s’y sont cassés les dents quand d’autres n’ont jamais osé se prêter à l’expérience. Bien souvent les chansons s’y retrouvent singulièrement mises à nu, dans leur plus simple expression, et cela nécessite parfois quelques réarrangements ou réinterprétations. C’est à cette manipulation délicate que s’est prêtée récemment Florence Welch et sa machine soumise pour l’occasion à un régime draconien, avec un résultat plutôt correct mais restant inégal.
Le choix des titres s’avère judicieux : en exploitant au maximum le plus tempéré Ceremonials tout en y ajoutant les morceaux de choix de Lungs, Florence Welch a eu la main heureuse. On pourra néanmoins regretter l’absence de certaines pépites comme "Seven Devils" ou encore "Hurricane Drunk", alors que l’on comprend aisément l’éviction des plus allumés "Rabbit Heart" ou encore "You’ve Got The Love". Restent deux reprises : "Try A Little Tenderness" popularisé par Bing Crosby (pas forcément inoubliable) et surtout le fameux duo avec Josh Homme sur "Jackson" entonné initialement par les divinités Johnny Cash et June Carter. Cette nouvelle version s’avère plutôt réussie, Homme se retranchant derrière un style vocal plus country et Welch dégraissant ses cordes vocales pour ne pas dominer de façon trop flagrante le grand roux de Palm Desert. On aurait pu souhaiter un peu plus de fantaisie, de prise de risque, mais dans ce cas comment faire honneur convenablement à un tel monstre du patrimoine américain ? L’épure de cette reprise était probablement la moins mauvaise solution pour la mettre au mieux en valeur.
Le vrai problème de cet unplugged, c’est qu’en se privant de son backing band lyrique, Florence Welch ne devient rien de plus qu’une cantatrice esseulée et obligée de réduire l’énergie de ses titres ainsi que leur vitesse pour ne pas les écraser sous sa voix. Cette réinterprétation se révèle bien inégale selon les occasions. On se trouve ainsi positivement surpris par un "Breaking Down" complètement anecdotique sur album mais qui se dévoile ici sous des atours pudiques on ne peut plus intéressants. D’autres morceaux s’en tirent avec les honneurs ("Dog Days Are Over", principalement, mais aussi "Only If For A Night" ou "What The Water Gave Me"), mais la plupart du temps, c’est la moins value qui prévaut : le dépouillement de "No Light, No Light" le rend soporifique au possible, les variations vocales incessantes de "Shake It Out" se révèlent exaspérantes, et le déficit d’accompagnement se fait cruellement ressentir sur la paire "Drumming Song" - "Cosmic Love". Plus gênante est la justesse vocale parfois approximative de la chanteuse, détail qui gâche de beaux moments de recueillement.
Ce live est loin d’être indigent mais se révèle pourtant bien éloigné de la qualité des productions studio de Florence & The Machine. A ne réserver qu’aux amateurs hardcore de la rousse volcanique qui se fait ici (un peu trop) sage, en attendant un troisième album qui devra probablement prendre quelques risques pour crédibiliser ce projet sur le long terme...