IDLES
TANGK
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1- Idea 01 / 2- Gift Horse / 3- Pop Pop Pop / 4- Roy / 5- A Gospel / 6- Dancer / 7- Grace / 8- Hall & Oates / 9- Jungle / 10- Gratitude / 11- Monolith
C'est en cinquième galette d'un groupe auréolé d'une solide réputation au sein du post punk britannique que débarque Tangk mi février 2024.
Quelques jours après la saint Valentin, qui célèbre les amoureux, les fleuristes et les restaurateurs, il s'agit également de l'album le plus romantique du groupe à ce jour.
Son prédécesseur, Crawler, avait déjà posé les bases d'un punk rock appuyé mais reposant sur une formule plus mélodique. Sans verser dans le pop punk californien, IDLES avait su varier son style et distribuer des uppercuts avec un gant de velours.
Sur le même Crawler, des touches d'électroniques étaient même venues agrémenter le propos, quitte à le brouiller. Faire cohabiter des power ballades comme "The Beachland Ballroom" et l’électrisante quasi krautrock "Progress" requiert de l’habileté et beaucoup de talent. Du dernier, IDLES n'en manque pas. Pour ce qui est du premier, le doute subsiste.
Trois ans plus tard donc, voici Joe Talbot and co de retour, avec dans un premier lieu des singles laissant présager le retour d'un IDLES dansant. Les Britanniques se paient même le luxe d'un featuring -remarquable au passage- avec des maîtres / légendes en la matière, LCD Soundsystem, sur le bien nommé "Dancer".
"Gift Horse", deuxième éclaireur à gros sabots, répète l'exercice avec le même succès.
On se dit alors que les expérimentations ont été laissées de côté et qu'au moment de rendre leur copie, les cinq trublions de Bristol se sont sentis fiers de préciser leur propos.
Que nenni ! En réalité, et en dépit de qualités indéniables, on ressort de Tangk encore un peu plus perdu qu'avant le tour de galette. Les brûlots sont toujours là, mais le riff de Kinks du pauvre de "Hall & Oates" n'a pas la carrure pour porter une composition complète.
En revanche, le groupe semble avoir trouvé une formule diablement efficace qui consiste à mettre en avant les talents de crooner de son frontman. Habitué aux prestations animales -notamment sur scène -, Talbot joue sur la retenue, laissant seulement percevoir la puissance de son organe sur les couplets, avant de lâcher les chevaux et la faire baisser le baromètre sur le refrain. "Gratitude" applique la recette à la lettre. "Jungle" aussi.
Ces deux morceaux arrivent à point nommé, plutôt vers la fin du disque, après que la tensions établie par nombre de titres ne nécessite un exutoire. La chanson introductive, "Idea 01", mais encore davantage les excellents "POP POP POP" et "Grace" sont des fils tendus à l'extrême sur lesquels les musiciens jouent les funambules. Le dernier cité voit le nouveau mantra du collectif martelé. “No God, No King, I said love is the thing”. La campagne de merchandising autour de la sortie de Tangk s'articulait autour de l’aphorisme ”Love is the Fing”, démonstration du nouveau focus des rockeurs.
Ce penchant romantisme fraîchement découvert a de quoi déstabiliser la fanbase d’IDLES. On est en effet en droit de s'interroger sur la portée live de morceaux comme "A Gospel". En toute franchise, c'est une très belle chanson, et le nouveau style arboré par Talbot lui va comme un gant. Les rafales de guitare braillardes devront faire un peu de place pour les pauses lovers.
Dans son propre style, en réalité une réinterprétation libre de "House of The Rising Run", IDLES fait une des propositions les plus pertinentes du disque avec "Roy". La guitare saccadée de Mark Bowen œuvre savamment la montée en puissance puis l'explosion d'énergie en outro.
S'il est difficile de tirer une leçon définitive sur le nouveau visage (ou plutôt les multiples facettes) d'IDLES version 2024, ce Tangk comporte un grand nombre de satisfactions à tendance réjouissantes. Les fans de la première heure seront probablement déstabilisés par cette tentative de renouvellement mêlée à une opération d'attraction du plus grand nombre. Une chose est certaine, on ne peut reprocher au groupe leur manque de sincérité. C'est tout ce qui compte après tout.
A écouter : "Dancer", "Roy", "POP POP POP"