Iron Maiden
The Book of Souls
Produit par Kevin Shirley, Steve Harris
1- If Eternity Should Fail / 2- Speed of Light / 3- The Great Unknown / 4- The Red and the Black / 5- When the River Runs Deep / 6- The Book of Souls / 1- Death or Glory / 2- Shadows of the Valley / 3- Tears of a Clown / 4- The Man of Sorrows / 5- Empire of the Clouds
Totaliser 40 ans de carrière et 16 albums studio pourrait être suffisant pour un groupe comme Iron Maiden. Mais lorsqu'on s'attache à mieux connaitre et comprendre ce groupe britannique, on remarque un syndrome d'hyperactivité à la limite du pathologique. Jeux vidéo, bières, produits de merchandising classiques, premier groupe à avoir réellement exploité les enhanced CD à la fin des années 90, et dernier excès un boeing 757 grimé du nom du groupe, surnommé "Ed Force One". Et comme si cela ne suffisait pas le pilote du dit-avion s'appelle Bruce Dickinson, le chanteur, qui en plus d'être un businessman aguerri a été escrimeur à un haut niveau, pilote de ligne moyen courrier dans les années 90... On pourrait parler de Steve Harris (bassiste) le recordman de compositions du groupe, qui en moyenne, signe 95% des morceaux. Inutile de faire le tour du groupe qui compte 6 musiciens (3 guitaristes, bassiste, batteur, et chanteur) mais cette tendance à être partout semble virale.
The Book of Souls sort dans un contexte curieux. Alors que plus personne ne parlait d'eux, les relayant au rang de papys d'un courant musical dépassé, voici Iron Maiden qui refait surface. Un single prometteur laissait entrevoir que les vieillards continuaient à s'encanailler. "Speed of Light" offre une vision novatrice du combo british, finis les riffs joués à 3 guitares, place à l'éclectisme metalleux. Iron Maiden se renouvelle et ça fait plaisir à entendre. Tout en restant dans le créneau qui leur appartient depuis le début des années 80, Maiden explore des sonorités, enchainements qui avaient été exploités par la concurrence (Judas Priests, Dio...). La voix de Dickinson est toujours en place, tant et si bien que l'on pensait que cet album serait la dernière occasion de l'entendre. le chanteur aux pantalons extravagants a dû se battre contre un cancer de la langue ces derniers mois. Revenons-en au single et à son clip, généralement les images correspondent 50% du temps à des sessions live ou studio du groupe. Avec ce clip, Iron Maiden verse dans le jeu d'arcade. Evoqué plus tôt, le jeu Ed Hunter reprenait le principe d'un FPS (First Person Shooter) où il fallait dézinguer des créatures, dans des tableaux inspirés de l'univers des différents albums. Il sera fait référence à ce gameplay, ainsi qu'à la pochette de the Number of the Beast à travers des poses d'Eddie, le zombie, tenant la tête du démon dans sa main gauche. La vidéo reprend l'évolution des jeux vidéos avec au menu : jeu de plate forme hyperpixellisé, jeu de "baston" et FPS en 3D. Le propos du titre est que l'humanité détient en elle le pouvoir de sauver le monde, [ATTENTION SPOILER] ce qu'Eddie illustre en se sacrifiant à la fin de la vidéo. Cet extrait du dernier opus met l'eau à la bouche.
Comment parler d'Iron Maiden sans évoquer les pochettes de ses albums ? Eddie le zombie présent sur toutes les pochettes du groupe a été dessiné par Derek Riggs. Et selon les pochettes celui-ci incarne un soldat, un pharaon, un cyborg, un assassin... Pour The Book of Souls direction l'Amérique centrale et la civilisation maya.
Lorsque l'album arrive, la surprise est de taille, puisqu'il s'agit d'un double album contenant onze titres donc 3 dépassants allègrement les 10 minutes. Les coquins nous avaient fait le coup avec "Rime of the Ancient Mariners" sur Powerslave. Ces 3 titres très longs sont "The Book of Souls" , "Empire of the Clouds" et "The Red and the Black" (à la fois, avec un titre pareil, il fallait s'attendre à dépasser les 2 minutes 42 secondes). Ce dernier commence par une intro à la basse qui n'est pas sans rappeler le jeu de Cliff Burton (bassiste décédé de Metallica), les rythmiques esclavagistes de l'époque Powerslave prennent le relai et ouvrent pour le grand retour des riffs de guitare typiques d'Iron Maiden. Le refrain à base de "WOoooOH oh WOoooOH ooh" lui aussi s'inscrit dans la plus pure tradition de ce que sait faire le groupe. Néanmoins le deuxième tiers du morceau offre une mélodie plus progressive comme les aime Adrian Smith (un des guitaristes). Après plusieurs solos, la rythmique repart de plus belle agrémentée de différents riffs. Les choeurs reviennent juste avant la fin qui reprend le solo de basse. Et voilà 13 minutes de votre vie viennent de s'écouler, et vous ne les avez pas vues passer.... Vous écoutez Iron Maiden, c'est normal. Plutôt que de passer chaque titre en revue, précipitez-vous sur cette petite merveille. Chaque titre est unique et cache un nombre de changements de rythmes/mélodies impressionnant. Une mention spéciale doit être décernée à "Tears of Clown" et sa rythmique d'intro épileptique.
Dans sa globalité The Book of Souls reprend les cadres du heavy metal, tout en flirtant avec la totalité des groupes qui ont nourri ce courant musical pendant plus de 20 ans, avant de tomber dans un oubli relatif. Comme dit précédemment tous les styles heavy sont représentés : la ballade metal piano/cordes avec "Empire of the Clouds" ; La ballade électrique avec "The Man of Sorrows" ; le thrash metal avec "Speed of Light" et "Death or Glory", le heavy metal guerrier avec "The Great Unknown"... Iron Maiden régale, le son typique du combo britannique est omniprésent, la voix de Dickinson, la rythmique basse/batterie de Steve Harris et Nicko Mac Brain, les solos de Janick Gers, Dave Murray et Adrian Smith... Cet album signe le renouveau de ce groupe que plus personne n'attendait. Un album de heavy metal pour ceux qui en écoutent déja, mais aussi pour faire découvrir à vos amis.
Tout ne peut être enthousiasme et effusion de champagne. On frôle carrément l'autoplagiat de "Wasted Years" avec "Shadow of the Valley". L'intro de guitare est à 90 % la même, cela facilitera le travail des groupes de reprises, qui n'auront à bosser qu'un morceau pour en jouer deux. La suite s'éloigne légèrement mais reste très fidèle à ce que fait Iron Maiden sur le titre qui a participé à la renommée de Somewhere In Time (album différent car majorité de morceaux composés par Adrian Smith).
On sent dans The Book of Souls que chacun a apporté sa pierre à l'édifice. La vierge de fer revient au niveau de Fear of the Dark qui n'avait connu qu'un succès relatif, malgré la qualité des compositions. On se situait en 1992, en pleine explosion du mouvement Grunge, qui, avec des groupes comme Nirvana, Pearl Jam, Soundgarden, faisait l'actualité musicale. Les amoureux de solos de guitare s'étaient tournés vers les Guns n'Roses, Metallica, Megadeth ou encore Pantera...
Aujourd'hui il semblerait que la place soit libre pour laisser Iron Maiden opérer un retour mérité. On a tous un (ou plusieurs) T-Shirts avec le fameux zombie, c'est le moment de le porter et d'en être fier. Si vous craignez les moqueries, rappelez-vous que les morts-vivants ont pris une place importante dans les médias aujourd'hui, Walking Dead en tête...
Et si vous n'avez jamais vu un concert de Maiden avec le monstre Eddie qui débarque sur scène, précipitez-vous sur Youtube. La sortie de cet album est l'occasion rêvée pour (re)découvrir ce groupe de légende.