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Critique d'album

Jane's Addiction


The Great Escape Artist


(18/10/2011 - Capitol - Rock alternatif US - Genre : Rock)
Produit par Rich Costey

1- Underground / 2- End to the Lies / 3- Curiosity Kills / 4- Irresistible Force / 5- I'll Hit You Back / 6- Twisted Tales / 7- Ultimate Reason / 8- Splash a Little Water on It / 9- Broken People / 10- Words Right Out of My Mouth
Note de 4/5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Du bon et du moins bon pour un retour assez space-rock, voire un peu trop..."
Marc, le 26/10/2011
( mots)

Avant même que Nirvana ne mette au goût de tous les jours le rock alternatif avec Nevermind en 1991, Jane's Addiction avait déjà élargi notre monde de tous les possibles en nous délivrant des sombres années 80 tout en nous débarrassant définitivement de l'insupportable scène glam heavy metal de Los Angeles. Avec un live comme premier LP et deux albums cultes (Nothing's Shocking et Ritual de lo Habitual), suivis d'une tournée d'adieu au sein du premier Lollapalooza organisé par son chanteur Perry Farrell, cette bande d'allumés a révolutionné le rock américain en l'espace de quatre ans. D'une certaine manière on fête cette année le 20ème anniversaire de ces événements, même si entre-temps Jane's Addiction a commis le dispensable Strays (2003) en guise d'un premier come-back raté.

D'aventures en solitaire en tentatives de redémarrage, chacun des membres du groupe a tenté diverses évolutions de son côté (seul le premier album de Porno For Pyros avec Perry Farrell et Stephen Perkins vaut vraiment le détour), mais l'unité musicale qui se dégageait de Jane's Addiction grâce à ses personnalités contrastées en faisait une irrésistible force dont Perry Farrell, Dave Navarro et Stephen Perkins n'ont véritablement pu s'échapper. La preuve, ils se sont une nouvelle fois retrouvés. La perte en cours de route du bassiste originel Eric Avery, qui les avait pourtant rejoint en 2009 avant de les quitter à nouveau, puis celle de Duff McKagan, débarqué six mois après, mais qui a tout de même participé à trois chansons de l'album, n'ont donc pas empêché The Great Escape Artist d'exister enfin.

Le tout est désormais de savoir si ce quatrième album studio en vingt-trois ans signe le réveil auditif de nos émois passés, ou si, comme pour la quasi totalité des retours des vieux groupes de la vieille, l'inspiration a bel et bien disparu. Avec Dave Sitek de TV On The Radio, venu prêter main forte au groupe lors de l'enregistrement (à la basse comme à l'écriture), les Marocains de The Master Musicians of Joujouka (percussions et rhiatas) et Rich Costey à la production (Muse et Interpol), The Great Escape Artist est paré d'effets cosmiques malgré un renoncement à la technologie d'aujourd'hui, avec le désir d'enregistrer sur la même console que lors de leurs deux premiers albums. L'acide voix de tête de Perry Farrell y est toujours aussi singulière mais les réverbérations qui l'accompagnent ne dissimulent pas que c'est grâce à l'émulation entre ses membres que Jane's Addiction avait pris toute sa dimension. En ce sens, l'absence d'Eric Avery se fait entendre. A défaut d'y ressentir son impulsion et ses incontournables pulsations, l'identité sonore du groupe est sensiblement différente, comme prise dans un tourbillon dont la propulsion manquerait d'accélération et de relief.

Le début de l'opus est pourtant on ne peut plus dynamique avec les riffs zeppeliniens de Dave Navarro et la batterie tribale de Stephen Perkins, dignes de Ritual de lo Habitual. L'entrée est "Underground" et Perry Farrel en témoigne : "We're all hustlers !" De même, l'envolée rythmique de "End To The Lies" assaille le désir de mettre fin aux travers de notre société constellée de menteurs invétérés pendant que Dave Navarro transfigure brillamment la peur des puissants en les mettant dans ses cordes. Si "Curiosity Kills" est une mauvaise surprise avec une guitare à la The Edge, Achtung Baby n'est pas loin... "Irresistible Force" nous emmène allègrement au sein d'une transe spirituo-sexuelle, insaisissable et ludique. Hélas, le vaisseau entre ensuite dans une sorte d'apesanteur durant quatre chansons passe-partout, se contentant de naviguer tranquillement sur des couches superposées où ces morceaux mélo-dramatiquement rock new age souffrent de banalités. La destination finale est encore inconnue, on espère juste échapper au trou noir fatal. Heureusement, "Broken People" nous sort enfin de cet intermède spatio-temporel en nous rappelant "Jane Says" avant de flirter shoegaze avec des riffs façon My Bloody Valentine. L'atterrissage est paradoxal, tout aussi délicat que brutal. Le sprint infernal et psychotique de "Words Right Out Of My Mouth", conduit par un percutant Stephen Perkins, remet en question la vision globale de ce retour vers le futur.

Si la moitié des escales de The Great Escape Artist est appréciable, selon les canons entendus jadis avec Jane's Addiction, on peut logiquement décompter que l'autre moitié est sans intérêt. Pourtant, l'équation n'est pas aussi simple qu'il y paraît. Est-ce qu'un groupe dont les membres se connaissent depuis plus de vingt-cinq ans peut sonner comme il y a vingt ans ? Si on peut avoir cette envie égoïste en tant qu'auditeur de la première heure, ce n'est pas à souhaiter pour ceux qui se répéteraient ainsi sans cesse. D'ailleurs, chacun doit avoir quelques pensées pour certains groupes qui auraient du s'arrêter depuis bien longtemps déjà... Tout fan de base peut donc reprocher tout un tas de choses à cet album : comme le manque d'Eric Avery, que les chansons soient moins audacieuses ou que le groupe soit moins irrévérencieux et avant-gardiste qu'à sa belle époque avec sa cohorte de junkies et d'excentriques, même si aujourd'hui plus rien ne choque.

Suivant le curseur de nos émotions rencontrées avec ce groupe, comme pour les jeunes qui l'entendraient pour la première fois, les impressions seront forcément différentes. Plusieurs choses sont cependant certaines, et pas des moindres : Perry Farrell, malgré ses 52 piges, paraît toujours aussi jeune et semble ravi que l'aventure continue ; Dave Navarro n'a jamais cessé d'être un putain de guitariste et il le démontre encore ici malgré sa légendaire panoplie d'hard-rockeur frimeur from L.A ; et Stephen Perkins est selon moi l'un des tout meilleurs batteurs actuel, même si les compositions et la production de cet album ne lui font pas la part belle. Pour toutes ces bonnes ou mauvaises raisons, on peut saluer le vrai retour de Jane's Addiction avec The Great Escape Artist en n'oubliant pas que c'est sur scène que le plaisir devrait être plus naturellement et facilement partagé. Là où pour eux tout a commencé.

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