Kaiser Chiefs

Plein cœur de Leeds, une petite poignée d'années plus tôt. Pravda, groupe minable de garage rock, vient de se faire gentiment larguer par son label avant d'avoir pu signer quoi que se soit. Difficile de remonter la pente après ça. Mais là où certains se seraient sans doute un peu plus enfoncés dans la médiocrité, notre bande de joyeux loosers anglais décide de tenter le tout pour le tout. Exit Parva, laissez place à Kaiser Chiefs. Et par déception, opportunisme, conviction ou un peu tous ça à la fois, pourquoi ne pas se jeter dans ce que ce pays sait faire de mieux : la Britpop. On est alors en 2005 et le monde était sur le point de découvrir le coup de bluff musical de l'année.

Deux ans et plus de deux millions d'albums vendus plus tard, le temps est venu de confirmer (ou non) l'exploit Employement, de donner enfin une réponse à la question que bon nombre se posent. Alors Kaiser Chiefs... Dignes héritiers de Blur et consorts ou simple groupe à l'inspiration éphémère ?

Et malgré l'annonce d'un album plus sérieux et plus mature, "Ruby" rassure. Derrière des arrangements parfois légèrement bancals se cache un tube en puissance, prêt à être repris en chœur par des hordes de fans déchaînés (Yours Truly, Angry Mob pouvant se traduire à peu près par bien à toi, foule en colère...). L'impact est immédiat et les titres s'enchaînent rapidement tels "The Angry Mob" et son final haletant ou "Heat Dies Down", "Highroyds" ou encore "Thank You Very Much" sur lesquels plane l'ombre même pas dissimulée de Damon Albarn. Pas de doute, Kaiser Chiefs a su évoluer, sans pour autant renier ses influences et son côté sans prise de tête. Mais la véritable bonne surprise se trouve quelques pistes plus loin, une fois passé le ventre mou de l'album. "Everything Is Average Nowadays" déboule, guitares rageuses et claviers aériens sur fond de mélodies limites débiles mais diablement entraînantes.

Sans équivoque, le combo de Leeds a trouvé la recette pour faire de chaque album un véritable rouleau compresseur. Les titres ont nettement plus d'aplomb, la production se veut plus peaufinée et les intentions du groupe sont claires : frapper un grand coup. Si Employement avait réussi à les révéler au grand public, Yours Truly, Angry Mob sera taillé pour remplir les stades. Et ça tombe plutôt bien, c'est exactement ce qu'ils souhaitent. Surtout depuis qu'ils ont été élus meilleur groupe live aux Brit Awards. L'exercice (soit disant) délicat du deuxième album est ici pleinement réussi.