Moriarty
Epitaph
Produit par
1- When I Ride / 2- Reverse (Anger) / 3- History of Violence / 4- Long Live The (D)evil / 5- Za Milena J. / 6- Diamonds Never Die / 7- Ginger Joe / 8- May Be A Little Lie / 9- Across From My Window / 10- G.I. Jesus / 11- Back In Town / 12- Fire Fire / 13- Long Is The Night
Moriarty a toujours eu le don de cultiver une sorte de brume mystérieuse qui l’entoure, un genre de grand drap étoilé, un costume de scène magique qui naît dans sa musique et fini par être un atout tout autant que la composition elle-même. La troupe de Rosemary Standley nous offre un Epitaph aux histoires sombres et funèbres qui une fois encore est suffisamment intrigant pour s’écouter de long en large sans trop qu’on arrive à définir pourquoi, malgré un certain manque d’originalité.
Parce que les compositions de Moriarty sont assez hétéroclites, telles des puzzles dont chaque instrument serait une pièce d’égale importance et jouerait son petit rôle dans son coin. Décortiquer le tout n’a alors que peu d’intérêt. La guitare ne joue que quelques notes, le piano ne va pas vraiment chercher plus loin, sans parler de l’harmonica, de la guimbarde, de la contrebasse… Seul le tout compte. On imaginerait mal les membres de la troupe enregistrer chacun leur tour leur partie dans une cabine. En chef de tout ce petit groupe, avec le rôle capital de donner du liant à ces chansons, de faire marcher chaque mélodie avec l’autre et donner un corps au texte, un repère à l’auditeur, Rosemary Standley possède un sacré atout : sa voix. Sans doute l’élément que tous les fans ou simples amateurs vous ressortiront si vous leur posez la question. Une voix enjôleuse qu’on prêterait volontiers à une diseuse de bonne aventure, ou tout autre type de femme intrigante qui peuple les histoires fantaisistes.
Epitaph est comme son nom l’indique un album très tourné vers la mort, au point qu’on perçoit une sorte de fascination pour les dernières heures de la vie et l’au-delà dans les 13 chansons du disque. Des histoires sombres racontées sur une musique de cabaret folky/bluesy/jazzy qui baigne dans une certaine joie ironique, à l’image de "Long Live The (D)evil". On ne sait d’ailleurs plus vraiment quelle étiquette coller sur la musique de Moriarty tant le groupe s’est éloigné de ses premières chansons purement folks où la guitare acoustique avait une bien plus grande importance. Quelques titres rythmés et presque dansants, "G.I. Jesus" en est le meilleur, viennent égayer et faire tenir debout un ensemble de morceaux qui se ressemblent un peu, baignant tous dans la même ambiance sans vraiment se démarquer les uns des autres.
On prendra cependant toujours plaisir à retomber sur ces morceaux de temps en temps dans notre bibliothèque musicale, à se laisser emporter par la mélodie de "Diamonds Never Die", à se sentir touché par "Za Milena J." comme si Rosemary chantait juste là, en face de nous, droit dans nos yeux. Très jolie ballade entre pop et soul, "May Be A Little Lie" est une petite sucrerie légère également à retenir, salvatrice avant la très pesante "Across From My Window". Finalement, Epitaph n’est clairement pas un disque marquant, bien qu’encore une fois les fans pourront prétendre le contraire. Mais comme un recueil de contes, il contient quelques belles histoires et une fois tombé dedans, difficile de ne pas vouloir aller au bout. Mais cette envie sera bien éphémère et ne résistera pas au temps. On finira finalement par oublier Moriarty, jusqu’à la prochaine galette à laquelle on ne pourra pas résister et qu’on se passera encore quelques fois, sans trop savoir pourquoi.