Moriarty
Gee whiz but this is a lonesome town
Produit par
1- Jimmy / 2- Lovelinesse / 3- Private Lily / 4- Motel / 5- Animals can't laugh / 6- (...) / 7- Cottonflower / 8- Whiteman's Ballad / 9- Tangono'ura / 10- Oshkosh Bend / 11- Fireday / 12- Jaywalker (song for Beryl)
Moriarty est une joyeuse troupe familiale (ou presque !) qui offre, depuis quelques années maintenant, des prestations live magiques et qui a d’ailleurs pas mal valdingué entre France et Etats-Unis. Deschamps et Makeieff, les géniaux producteurs de théâtre et de spectacles (entre autres), sont même tombés sous le charme, et ont participé à l’élaboration du premier jet studio du groupe. Cela nous en dit beaucoup sur le caractère vivant et théâtral de leur musique.
En guise de premier album nous voici donc en possession d’un manifeste de folk de cabaret, particulièrement bien réalisé et évoquant des sentiments variés, tout en délicatesse et en beauté. L’histoire de "Jimmy" en guise d’entrée est certainement le morceau le plus beau de l’album de par sa conception quasi-parfaite et son refrain entraînant. On se délecte lentement de cette musique souvent douce, triste et calme. L’harmonica tient une place importante de ci de là tout comme la contrebasse, que l’on retrouve aussi avec le plus grand des plaisirs. Le multi instrumentalisme (prenant toute sa signification en concert) est un vrai bonheur et Moriarty avance tel un funambule sur sa corde, sans jamais tomber.
Un petit côté mystique se dégage du très beau "Loveliness(e)", et tout le long de l’album, on nous conte des histoires, dans un style bien arrangé et parfois un petit peu loufoque. Des petites chansons douces, intimistes et nocturnes sont également de mises ("Private Lilly", "Animals can’t laugh", "Tangono-Ura"). L’ambiance est plutôt mélancolique, terne, voire froide mais le tout est très bien fait, et très bien chanté. La voix de Rosemary fait ainsi penser à Billie Holiday par exemple sur "Motel", sorte de blues dépouillé génial, avec ces petites touches de guitares associées, vibrantes.
Le voyage nocturne se poursuit dans une ambiance celtique, violons de mise et mélange de voix judicieux, sur "Whiteman’s ballad" rappelant quelque peu 16 Horsepower. Les voix savent encore s’entremêler à merveille sur "Oskosh bend". L’harmonica, toujours présent sur les meilleurs morceaux, introduit la septième piste "Cottonflower", triste comme un dimanche pluvieux mais parfaitement interprété. On le retrouve encore sur le formidable dernier morceau de l’album. Le piano, l’harmonica et la voix toujours magnifique s’incorporent dans une ambiance de polar américain des années 50, et on navigue quelque part entre jazz, blues et folk. Superbe.
Ce premier album de Moriarty est donc fort bien réalisé, et met en avant des petites histoires parfois intimistes ainsi que de très beaux morceaux, plutôt tristes, et nous plongent dans une ambiance nocturne apaisante. Il est parfois difficile de ne pas se laisser subjuguer par les sentiments induits tout au long de l’album. Ce <i>Gee whiz, but this is a lonesome town</i> est en fait un disque intemporel (bien qu’à premier abord fortement ancré début XXème siècle), qui met en avant de très belles compositions. En attendant de voir le groupe en live, on se dit que Moriarty apporte un petit quelque chose d’indispensable. Vous savez, ces quelques grammes de finesse… On connaît la suite.