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Critique d'album

Murray A. Lightburn


Once Upon a Time in Montreal


(04/04/2023 - Dangerbirds Records - - Genre : Chanson / Folk)
Produit par

Note de 4/5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Un hommage filial sincère et sensible par la plus belle voix de l'indie-rock canadien"
Quentin, le 30/06/2023
( mots)

Auteur d'une carrière prolifique comme leader et pierre angulaire du groupe de rock indépendant canadien The Dears (8 albums depuis le début des années 2000), Murray A. Lightburn a développé à partir de 2013 un projet en solitaire avec la sortie d'un premier album intitulé MASS:LIGHT développant davantage les sonorités électroniques sans être totalement convaincant puis un second opus paru en 2019 s'aventurant cette fois avec réussite sur les territoires de la soul et du gospel.


Le chanteur canadien à la voix de velours réalise certainement son œuvre la plus intime avec ce troisième album directement inspiré par la vie de son père William J. Lightburn, atteint de la maladie d’Alzheimer et tristement décédé pendant la pandémie en avril 2020. Musicien de jazz originaire du Belize, ce dernier avait tout laissé derrière lui pour se rendre à New York puis Montréal afin de renouer avec la mère de Murray, son amour d’adolescence. S'en suivront plus de cinquante heureuses années de vie commune et une passion musicale léguée en guise d'héritage, jusqu'à ce coup d'arrêt fatal porté pendant la pandémie mondiale. Inspiré par le romantisme de cette histoire, Murray n'a pas souhaité uniquement composer un disque en forme d'éloge funèbre. Once Upon A Time In Montreal a plutôt été écrit par Murray pour se mettre dans la peau de son père, et si la finalité cathartique est certainement la même, le québécois a dû jouer les détectives pour reconstituer le passé sur la base du témoignage de ses proches et de ses propres souvenirs. Plus qu'une simple pièce de musique, Once Upon A Time In Montreal s'écoute ainsi comme la biographie réinventée de William J. Lightburn à travers la vision romancée de son fils qui le connaissait finalement très mal. La relation du père et du fils s’apparente ainsi à un rendez-vous manqué, comme le sous-entend le somptueux morceau d'ouverture "Dumpster Gold" et sa très belle orchestration toute en nappes de cordes mélancoliques qui accompagne parfaitement les regrets exprimés par la voix toujours aussi majestueuse du Canadien : "It would have been so nice / Exchanging words juste once or twice").


Si l’on connaît d’ailleurs les similitudes qui unissent les intonations de Murray Lightburn et Morrissey, c'est davantage dans le registre du crooner et du côté des chanteurs de folk et de jazz des années 1960 et 1970 qu'il faut chercher les influences de ce troisième album. L'instrumentation très jazz fait ainsi la part belle aux arrangements délicats mettant en avant piano et cordes dans un registre très cinématographique (la pochette de l’album avec l’hôtel Queen Elizabeth en arrière-plan annonce déjà ce côté "comédie musicale"), cédant parfois la place à une ornementation plus dépouillée avec le toucher délicat de guitare sur "The Only One I Want to Hear". On retrouvera également l’instrument de prédilection du père de Murray, le saxophone, sur le final du morceau-titre même si l’on pourra regretter son introduction trop tardive.


Tout comme Neil Hannon de The Divine Comedy, avec lequel il partage un penchant pour l’orchestration lyrique, Murray A. Lightburn possède un talent inné pour narrer à travers sa voix chaleureuse des tranches de vie directement palpables. L'album offre ainsi une déambulation sonore dans les rues de la métropole québécoise tout en abordant les thématiques de l'amour ("Reaching Out for Love", un brin trop conventionnelle et facilement oubliable) mais également l'angoisse de la mort à l'image avec la ballade "No New Deaths Today", à la fois amère et légère, qui fait référence aux décomptes journaliers des décès dans les nouvelles du jour. Parce qu’elle a occupé une place prépondérante dans la seconde partie de sa vie, "In the Kingdom of Heaven" narre la conversion religieuse de William Lightburn avec un refrain des plus élégants dont le fort potentiel mélodique aurait certainement mérité davantage de développement.


La présence vocale du chanteur canadien lui permet également d’exceller dans un registre beaucoup plus soul sur le titre "Oh But My Heart Has Never Been Dark" se rapprochant ainsi davantage du son Motown ou sur ce dernier adieu adressé par son père à sa mère sur "Girl You've Got to Let me Go", titre tendre et émouvant qui vient clôturer le dernier chapitre de cette histoire familiale. Le Québécois signe un album très court (seulement 30mn) à la limite de l’EP mais qui permet d’éviter la redondance et de maintenir l’attention malgré un rythme de croisière assez lent et confortable qui provoquer indubitablement une certaine torpeur chez l'amateur de sonorités rock plus abrasives.


Once Upon a Time in Montreal doit être pris pour ce qu'il est, un ovni dans la discographie de Murray A. Lightburn, bien loin du rock des Dears mais qui s’apprivoise sans difficultés pour qui est sensible au magnétisme du chanteur québécois. Un bien bel hommage rendu à son père qui permet à Murray de faire son deuil au travers de ce qui l'unissait avec ce dernier, la musique, en attendant le neuvième album des Dears.

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