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Critique d'album

Ne Obliviscaris


Exul


(24/03/2023 - Season of Mist - Melodic Death Metal - Genre : Hard / Métal)
Produit par Mark Lewis

1- Equus / 2- Misericorde I - As the Flesh Falls / 3- Misericorde II - Anathomy of Quiescence / 4- Suspyre / 5- Graal / 6- Anhedonia
Note de 4/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"Au rock endormi, rêvons avec le metal"
Julien, le 28/04/2024
( mots)

Oui d'accord, il y a un peu de provocation dans cette accroche. Difficile de parler d'endormissement au vu de la prolifération actuelle de la sphère rock progressif ou du stoner pour ne citer qu'eux. Un peu d'hypocrisie aussi, dans ce propos, alors que l'ensemble de la rédaction d'Albumrock a, entre autres, vigoureusement défendu, en 2023, un souffle nouveau pour le rock made in France.
Pourquoi alors lancer la chronique du quatrième disque de Ne Obliviscaris sur ces termes ?
La réponse tient, en premier lieu, d'une légère lassitude de votre serviteur envers le rock "classique". Plus précisément au rock indépendant et alternatif à la structure souvent convenue -couplet/refrain/pont/solo-, à l'articulation de ses guitares autour de la gamme pentatonique. Ce squelette technique renfermé dans un plan expédié en 3 à 5 minutes duquel j'ai développé une forme de perméabilité à l'enivrement des émotions sensées être véhiculées. La seconde raison tient dans un bilan, plus général, qui ramène au propos initial d'une musique "endormie". Un constat qui tient dans le manque de renouvellement de ces courants du Rock depuis plusieurs années maintenant. Cette redondance qui explique, en partie, l'évolution de la ligne éditoriale d'Albumrock et le détachement de la rédaction envers ces registres au fil du temps. Pour autant, il serait injuste de nous jeter la pierre. Car ces formes du Rock ont délibérément choisi de se complaire dans le passé. Ainsi les naissances ont été éludées au détriment des anniversaires glorifiés. Combien de tournées ont été lancées au motif d'un disque célébrant ces 10, 15 ou 20 ans ? Bien sûr l'aspect mercantile dicte ce choix : l'industrie musicale ayant placé les concerts comme la quasi unique source de revenu des groupes. Pour autant cela ne saurait excuser cette sacralisation aveugle de la nostalgie et ce déni de l'époque actuelle.
Tout ce que le Metal n'est pas. 


Ironiquement, c'est sans faire de bruit que le metal s'impose, petit à petit, comme un nouvel Eldorado. Le death technique, le djent ou le black-metal, tous exploitent pleinement les technologies actuelles afin sublimer leurs productions et créer des sons enfin innovants. Des styles qui n'ont que faire des schémas de compositions conventionnelles : déstructurées sans vergogne au gré l'aisance technique et de l'application mises par leurs auteurs. Autant d'attributs générateurs d'odyssées oniriques, d'atmosphères uniques. Des pérégrinations dont le public novice devra payer le prix de leur inaccessibilité pour les apprécier. Des trésors verrouillés par des serrures qui nécessiteront l'entêtement et l'obstination de l'auditeur pour en venir à bout. A lui de façonner les clés pour transpercer le chant grawl ou le matraquage incessant de la batterie. A lui aussi de créer les conditions indispensables pour s'imprégner de registres qui, aux premières écoutes, ne sauraient dévoiler leur éclat autrement que dans une totale immersion.
Voilà la rançon pour rêver (différemment) de nouveau.


L'album Exul est un disque à la créativité hors norme. Les cinq australiens de Ne Obliviscaris y déroulent une musique unique, à part, emmenée par le talent de ces auteurs qui ne cessent de nous faire voyager dans des compositions intégrant des échos sonores diamétralement opposés et pourtant rassemblés dans un tout alchimique au rendu épique.
Le groupe affiche son ambivalence au gré de la dualité vocale des grawls destructeurs de Xenyor et du chant clair rayonnant de Tim Charles. Deux voix hégémoniques qui n'ont de cesse d'étaler leur puissance. Xenyor explose les premiers instants de "Miséricorde I - As The Flesh Falls" dans une violence inouïe quand Charles illumine les abîmes de la magnifique piste conclusive "Anhedonia" par la profondeur de ses vocalises. Des registres vocaux qui, quand ils s'épousent, repoussent les frontières du réel pour propulser le final de "Misericorde II - Anatomy Of Quiescence" par-delà les sphères contemplatives.
La singularité musicale de Ne Obliviscaris vaut particulièrement par l'intégration et l'omni présence des violons, violoncelles et altos comme principaux protagonistes et pourvoyeurs du message musical. Le travail mis dans l'assimilation des instruments à cordes, au sein des compositions, est sensationnel et confère au lien mélodique que l'on rattrape systématiquement aux sorties des saillies extrêmes proposées par la section rythmique. La piste introductive "Equus" catalyse l'union de cette incompatibilité supposée : 12 minutes d'une odyssée contemplative déchirée entre les grondements de Xenyor et la caresse mélancolique des cordes. Une personnalité sonore rendue possible par la technicité de l'ensemble de ses protagonistes. Tous plus épatants les uns que les autres par la maîtrise déployée sur leurs instruments. "Suspyre" voit basse et batterie alterner propos furieux et rondeurs gracieuses aux rendus toujours plus charismatiques. L'incroyable "Graal" se traverse captivé par les propensions hallucinantes des guitares à distiller des riffs imparables. Un morceau à l'image de l'album : varié et jouant impeccablement sur l'alternance entre puissance et contemplation. Enfin que dire de l'enchainement en deux parties de "Miséricorde", conclu par une seconde moitié à la mélancolie dépouillée, lue au gré d’un solo joué dans un blues réapproprié et hypnotique absolument majestueux.  


Avec ces six titres proposés sur un peu plus cinquante minutes, Exul est un disque pointu qui demande une première écoute à réaliser avec une dévotion totale pour voir sa magie transparaître. Il faudra également dompter la violence extrême de son propos afin d'être complétement impliqué dans l'environnement généré par la quatrième production des Australiens.
Si l'envoutement opère, c'est un voyage interminable, tant les richesses sont nombreuses, qui vous attend.
Au-delà de son contenu, Ne Obliviscaris est un groupe qui échappe complètement à la notion de conformisme lui préférant un réel propre joué aux nuances d'une personnalité singulière. Une matérialité unique pour façonner d'autres aspirations. Des chimères romanesques. Une nouvelle rêverie.  


A écouter : "Equus" ; "Misericorde II - Anatomy Of Quiescence" ; "Graal"

Commentaires
DanielAR, le 01/05/2024 à 16:33
"Ainsi des naissances ont été éludées au détriment des anniversaires glorifiés." Magnifique phrase. Qui s'écrit et se réécrit au gré des années, des courants artistiques et du renouveau des pensées. Le vieux conflit "anciens" et "modernes". J'ai écrit la même chose (mais avec un langage beaucoup moins fleuri) quand le metal est né mais que le courant mainstream restait "Beatles / baba cool". La même chose quand le punk a débarqué en Angleterre et que les media mainstream évoquaient Ten CC, Queen ou les cendres d'Emerson Lake & Palmer. La même chose encore et toujours quand la NWOBHM a débarqué et que les radios diffusaient des daubes discoïdes. Célébrer les anniversaires d'un art défunt est un caprice de vieux qui n'accepte pas de voir le temps passer. Je sais vraiment de quoi je parle. Mais, à chaque fois, toutes les vagues nouvelles ont fini par rouler sur les plages. Quand elles étaient assez puissantes. Quand elles en valaient la peine. Raison de plus pour taper sur le clou. Pour casser les pieds des septiques. Pour diffuser sa "bonne parole". C'est important. En rock, comme en peinture, en littérature, au cinéma, ... Soyons prosélytes, que Diable ! Et merci de m'apprendre toutes ces choses ! Bon anniversaire au Présent !
FrancoisAR, le 01/05/2024 à 13:28
L'album est très intéressant et malgré deux traits esthétiques qui rendent habituellement l'accès difficile (Metal extrême + prog), je le trouve justement ... assez accessible. Du reste, je me pose une vraie question par rapport à ton introduction que je partage en ce qui concerne le rock plus classique (quand bien même je trouve toujours mon compte parmi les nouvelles formations, même les moins aventureuses) : est-ce que cette impression d'innovation de la scène Metal extrême ne viendrait pas, en partie au moins, du fait que nous la découvrions sur le tard ? Je n'ai pas de réponse étant donné que j'en suis au même point que toi. On en reparle lors de la chronique des derniers In Vain ou Dvne.