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Critique d'album

No Terror in the Bang


Heal


(12/01/2024 - Klonosphere - Metal progressif / cinématique - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- Hostile / 2- Retch / 3- Insolent / 4- Monster / 5- Lulled by the waves / 6- Palindrome / 7- OD / 8- Heal / 9- King with no crown / 10- Warrior
Note de 4.5/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Plongée viscérale dans les abîmes du 7ème art"
Franck, le 04/03/2024
( mots)

Si bon nombre de productions horrifiques actuelles usent sans vergogne de "jump scare" et autres artifices ultra prévisibles (la fameuse apparition dans le miroir de la salle de bain), il est bon de rappeler que les modèles du genre cinématographique se sont tous illustrés en privilégiant une peur psychologique tenace plutôt qu’une approche directe et explicite : une créature qui ne se dévoile que dans les derniers instants (Alien – R. Scott), une menace invisible mais omniprésente (The Thing – J. Carpenter), les couloirs malaisants d’un hôtel inoccupé (The Shining – S. Kubbrick), ou encore un thème musical annonciateur d’un danger imminent (Jaws – S. Spielberg). Alfred Hitchcock disait lui-même à juste titre : "There is no terror in the bang, only in the anticipation of it". Plus qu’un hommage à un des plus grands maîtres du cinéma, cette citation s’avère être un véritable leitmotiv pour les Français No Terror in the Bang.


Doté d’une forte connotation cinématographique, l’univers musical érigé par ce combo originaire de Rouen, se révèle particulièrement dense, éclectique et évocateur. Dès l’introduction intimidante d’"Hostile", l’auditeur doit arpenter une atmosphère pesante qui semble peu à peu combler l’espace jusqu’à laisser échapper quelques riffs d’une densité écrasante. Une certaine folie habite les compositions, le groupe parvenant à se jouer de nos sens par l’intermédiaire d’une musique imprévisible et sans concession, s’embarquant régulièrement dans de brusques changements de tonalités et autres rythmiques alambiquées.


Le groove parfois dissonant qui en émane génère une tension de chaque instant, renforçant ainsi la sensation d’être face à un objet musical étrange, aussi dérangeant que captivant. Avec ses structures syncopées couplées à des décharges électroniques saccadées (évoquant par moment le dysfonctionnement d’une bobine - "Retch"), la musique de NTITB prend des allures de véritable anomalie dans la matrice, une connexion illégitime - mais totalement jouissive - entre jazz, djent et metalcore. L’album évoque dans sa thématique le combat contre ses propres démons. Cette bataille de l’esprit semble se matérialiser à nous grâce à la performance vocale épatante – mais aussi très déstabilisante – de la chanteuse Sofia Bortoluzzi. Expérimentant par le passé des genres comme le jazz ou encore le hip-hop, la chanteuse incarne littéralement toute la démesure et l’ambivalence prônée par le groupe. Aussi à l’aise dans le chant clair que guttural (assez démoniaque par moment), la vocaliste est en mesure de suivre la section instrumentale dans toutes ses expérimentations les plus farfelues tout en laissant transparaître une personnalité aux multiples facettes.


Tout au long de l’album, le groupe semble prendre un malin plaisir à brouiller les pistes sur ses intentions. La première partie du titre "Monster", aussi délicate et mélancolique soit-elle, se voit continuellement embrumée d’une présence menaçante qui finit bel et bien par se révéler à l’occasion d’un final massif et sans retenue. Le combo se livre ainsi à un saisissant jeu de contraste à la manière d’un clair-obscur musical, prodiguant à l’oeuvre une résonance unique à chaque nouveau tour de platine.


Difficile donc d’associer NTITB à un style en particulier, le combo rouannais évoquant tour à tour la délicatesse symphonique de Meer, la mélancolie émanent des terres désolées de Oceans of Slumber, la furie de Zeal and Ardor ou encore le groove carnassier de Jinjer. Ce patchwork d’influences se voit finalement plutôt bien illustré à travers l’éponyme "Heal", qui se munit même d’une étonnante touche heavy fédératrice.


Si la générosité créative dont fait preuve le groupe a parfois de quoi donner le tournis et que certaines associations s’avèrent pour le moins discordantes à la première approche, on ne peut que souligner l’étonnante cohésion d’ensemble et le conséquent travail réalisé sur les détails atmosphériques et sur les textures sonores. 


Heal n’est en définitive pas un album facile à appréhender. Celui-ci est finalement à l’image de ces grands classiques du cinéma d’horreur : la terreur qu’il procure nous pousse dans nos retranchements, nous oblige à surmonter nos peurs et à voir au delà de l’aspect purement graphique pour entrevoir la part la plus viscérale de l’œuvre en question. Si les amateurs de sensations fortes auront tendance à profiter d'un bon film d’épouvante plongé dans le noir, nous ne saurions que vous recommander d’écouter la musique de No Terror in the Bang à plein volume ! Et si jamais vous vous sentez bridés pour des questions de voisinage, vous pourrez toujours vous rabattre sur un concert prévu à la Boule Noire de Paris le 26 mars prochain !


 


A écouter : "Retch", "Monster", "Heal"

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