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Critique d'album

Opeth


Heritage


(14/09/2011 - Roadrunner - Death metal progressif - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- Heritage / 2- The Devil's Orchard / 3- I Feel the Dark / 4- Slither / 5- Nepenthe / 6- Häxprocess / 7- Famine / 8- The Lines in My Hand / 9- Folklore / 10- Marrow of the Earth / 11- Pyre / 12- Face in the Snow
Note de 4/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"Opeth abandonne le death metal pour un album d'une beauté 70's souveraine"
Nicolas, le 08/12/2011
( mots)

Un album comme celui-là devait bien finir par arriver. D'abord parce qu'Opeth a amplement fait le tour de la question "death metal prog" tout au long de neuf albums studios aussi riches que percutants, Watershed s'érigeant sans trop de problèmes comme le manifeste le plus évident de cette mouvance. Ensuite parce que récemment, Mikael Åkerfeldt n'a cessé de ressasser à longueurs d'interviews l'ennui qu'il éprouvait à se retrouver parqué dans un sous-genre cryptique de musique extrême. Ceci étant, et même si les envies d'émancipation d'Åkerfeldt apparaissaient évidentes, il n'était pas acquis à l'avance qu'il parvienne à rallier ses coéquipiers à sa cause. Heritage nous prouve pourtant le contraire, et avec quelle manière.

Ainsi donc, Opeth a tourné le dos au death metal. Soit. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que le suédois chevelu et sa clique de vikings renoncent aux grawls terrifiants et aux décharges de guitares sur-distordues. Damnation, paru en 2003, délaissait déjà la bestialité du death pour se concentrer sur une ambiance plus acoustique, et cependant la démarche d'Heritage se révèle complètement différente. Damnation se plaçait en effet au sein d'un diptyque enregistré sous la houlette de Steven Wilson (Porcupine Tree) et en constituait la face lumineuse et apaisée, tandis que Deliverance s'y posait comme son pendant destructeur et ténébreux. Cette dichotomie appliquée à un quasi double album n'allait pourtant pas à l'encontre des habitudes des bateliers nordiques, dont chaque album (si l'on excepte ce duo un peu particulier) a toujours su trouver un parfait équilibre entre grawls lugubres et chant clair émouvant tout en restant dans une tonalité sombre et glacée typiquement en accord avec les canons du metal scandinave. Heritage, à l'inverse, opère une rupture radicale avec ce style. Il n'est ici plus question de death, et même plus question de metal : il n'est plus question que de rock, de rock progressif, certes, mais de rock relativement soft et accessible, d'un rock complètement imprégné par les vieux disques nés au début des années 70, d'un rock riche, nuancé, mâtiné de folk et de jazz. Pas étonnant que les tenants de la communauté metal se soient retrouvés désemparés face à un tel disque : Åkerfeldt les a complètement pris au dépourvu. Cette chronique ne leur est d'ailleurs pas entièrement dédiée, car il est désormais plus que temps que les amateurs de rock en général se pressent de découvrir l'album le plus grand public de l'un des meilleurs groupes de la planète, toutes tendances confondues.

On ne va pas se mentir : à l'aune d'une vision essentiellement progressive, cet Heritage fait très, très fort, plus fort même que le Grace For Drowning du copain Steven Wilson. Opeth nous transporte ici en plein trip revival par le biais d'instruments aujourd'hui anachroniques (guitares folk et classique, flûte traversière, mellotron, orgue Hammond) mais aussi d'un jeu qu'on ne retrouve que très peu dans la musique contemporaine, et encore moins dans le metal. Les partitions de batterie de Martin Axenrot sont en effet très influencées par les batteurs des 60's, tout en roulements, complexité et subtilité à la manière des rythmeurs de jazz, alors que Martin Mendez donne à sa basse des lignes opulentes et véloces. Foncièrement, ce changement de cap opéré par Opeth rapproche fortement le groupe des derniers émoluments de Porcupine Tree, et ce n'est pas franchement une surprise quand on connaît l'amitié solide et les goûts musicaux qui lient Steven Wilson et Mikael Åkerfeldt. Néanmoins Heritage bénéficie des qualités techniques impressionnantes de la bande suédoise (la plus value d'Åkerfeldt, tant sur le plan vocal que guitaristique, se révèle on ne peut plus évidente) et surpasse assez facilement ce que Wilson a commis depuis quatre ans, que ce soit en terme d'inspiration ou d'intention.

On navigue ici de rock musclé et mélodique ("The Devil's Orchard", percuttant malgré ses nuances) en développements jazzy et ambient ("Nepenthe", sacré tour de force musical), en passant par une digression classique emporté par ses tourbillons de guitares sèches et ses intermèdes de mellotron ("Häxprocess"), un progressif bondé de percussions et de nappes de piano désespérées ("Famine", difficile d'accès mais d'une richesse énorme) ou encore une dichotomie douceur / colère ("I Feel The Dark"). La richesse de sonorités impressionne vraiment, on peut passer du simple piano dépouillé (fantastique "Heritage" introductif) aux arpèges de guitare classique presque flamenco ("The Lines In My Hand"), et il est difficile de recenser toutes les trouvailles d'un quintet au sommet de son art. Toujours est-il que c'est encore lorsque les artifices tombent que le groupe dévoile ses plus beaux atours, en témoigne le sublime instrumental "Marrow Of The Earth", triste et délicat, ou la bouleversante balade finale, "Face In The Snow", toute empreinte de fragance émotive. N'oublions pas "Pyre", classique exercice progressif tranquille qui lorgne vers les penchants mélodiques de Steven Wilson.

Les citations répétées du binoclard maître de l'arbre ne sont pas le fruit du hasard : le ténor de Porcupine Tree a co-produit et mixé l'album, mais il a également exercé une très forte influence sur l'évolution actuelle d' Opeth, un groupe qui en a eu marre de n'être réduit qu'à un sous-genre étriqué, et cela n'a rien à voir avec la taille du public qui assiste à ses concerts. Les suédois voulaient voir plus grand, plus loin, d'un strict point de vue musical, et ce parti pris de décontenancer leurs fans est tout à leur honneur. Heritage est par ailleurs le premier jet d'une trilogie poursuivie avec une belle réussite par le Grace For Drowning de Wilson (un bon cran en dessous de cet album-ci, tout de même) et qui sera conclue l'an prochain par le premier album de Storm Corrosion , soit le fruit de la collaboration artistique de... Mikael Åkerfeldt et Steven Wilson. La boucle est bouclée, pour notre plus grand plaisir.

Adeptes de death metal, Heritage vous a probablement déçu. Cela n'a rien d'étonnant même s'il n'est pas interdit de persévérer dans votre écoute : vous ne devriez pas avoir à le regretter. Allergiques au death metal, Opeth vous effraie sans l'ombre d'un doute. Dans ce cas soyez rassurés et foncez découvrir cet album : vous nous en direz des nouvelles.

 

 

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