Paperback Freud
Hard Rock City
Produit par
1- Hard Rock City / 2- Shakin' / 3- Soul Eater / 4- The Boy Is Bleeding Out / 5- Writings On The Wall / 6- This Ain't No Discotheque / 7- To Drunk (To Tell) / 8- The Street / 9- The Wild Ones / 10- Bully Killer / 11- Rock And Roll Star
Paperback Freud est un groupe de hard rock. Un vrai. Pas une bande de gamins gâtés ayant décidé de monter un énième groupe en slims et converses, sponsorisé Vivelle Dop fixation béton. Non. Le combo suédois incarne une certaine vision du rock’n’roll, joué fort, plein pot, et qui GROOVE. Nul ukulélé ici, pas même une petite guitare folk… Un vrai groupe à guitares. Il est ici question de la sainte trinité sex, drugs & R&R mais, contrairement aux nombreux imposteurs qui s’en revendiquent, Paperback Freud ne joue pas la comédie, et bombarde son hard rock AOC States millésime 78 avec fougue et conviction. Ils n'inventent rien direz-vous. Peut-être ; mais ça, les Suédois s’en contrefoutent : ils jouent ce qu’ils aiment, à fond les gamelles, un peu à la manière de leurs contemporains d’Airbourne.
Après un deuxième album remarqué, ainsi qu’un passage survolté lors de l’édition 2009 de Rock en Stock, les gars remettent le couvert de plus belle avec ce troisième album nommé Hard Rock City et nous proposent une recette bien au point. Tout d’abord, on retrouve la voix claire et puissante de Snake, fusionnant la classe d’un Steven Tyler avec la puissance mélodique d’un Brad Delp (Boston). Un chanteur qui en a, pourrait-on dire. La section rythmique, sans être transcendante, fait particulièrement bien son job, à savoir servir de base aux voix et aux guitares. Celles-ci sont tranchantes dans les riffs, millimétrées, et savent aussi se faire mélodieuses et nuancées lorsque le besoin s’en fait sentir, surtout sur les solos qui, bien souvent, sont joués à deux guitares.
Un bon nombre de chansons restent dans la tête et donnent furieusement envie de taper du pied ; c’est le cas des 2 premiers morceaux de l’album : le morceau-titre marque d’entrée les esprits, avec, en fondu sonore, l'écho lointain du groupe en train de jouer dans le bar où l’auditeur s’apprête à entrer. Des riffs qui tuent, un chant accrocheur, un super solo : c’est dans la boîte. Vient "Shakin’", avec ses breaks couillus bien placés laissant libre cours au frontman de faire étalage de toute sa puissance vocale. Dans le rayon "morceaux qui dépotent", "The Street" se démarque aussi avec sa rythmique qui n’est pas sans rappeler les incontournables boogies à la sauce Status Quo : ça groove sévère et on pousse volontiers le volume de la chaîne. Les solos exécutés à deux guitares (et que l’on retrouve ici et là tout au long de la galette) font bien entendu appel aux twin guitars chères aux sudistes de Lynyrd Skynyrd. Paperback Freud a décidément bon goût. Le morceau final, "Rock And Roll Star", fait partie des grands moments du disque, en tête de gondole : son hard rock speedé et technique, couplé à des chœurs efficaces et son refrain en forme de déclaration d’intention ("i’m gonna be a rock’n’roll star", ni plus ni moins) laissent une bonne impression en clôturant l’album en beauté, où chaque membre du groupe a droit à son moment de gloire le temps d’un petit solo chacun !
Le groupe sait aussi calmer le jeu, et le fait avec finesse et un goût certain : "Soul Eater" nous emmène quelque part sur une highway californienne ensoleillée, à grands coups d’harmonies vocales travaillées nous rappelant un Aerosmith au meilleur de sa forme. "The Wild Ones" est certainement la meilleure sur ce plan : multiples changements de tonalités, arpèges reluisantes, chœurs véritablement somptueux et guitares élégantes ; les influences country-rock sudistes sont bien présentes, on est ici du côté des power-ballades FM à la Boston, avec un refrain tout simplement génial à vous faire chanter un stade ! Le coup de cœur du disque, à écouter dans sa Dodge Charger 1969 de préférence ; pour ceux qui n’en ont pas, ça marche aussi dans le Blaupunkt de la Clio.
La musique de Paperback Freud est à l’image de la pochette ; une certaine image du rêve américain en quelque sorte. Le son est travaillé, et rend bien justice aux harmonies vocales ; le rendu est à la fois clair et puissant, donnant la nette impression que le groupe joue "live", d’où une énergie décuplée. Vous l’aurez compris, Paperback Freud ne révolutionne rien, mais joue un hard-rock sincère estampillé US de la fin des 70’s, à la fois puissant et mélodique. Certes, il manque encore un soupçon d’originalité pour permettre au groupe de passer un cap, mais les gars n’en sont pas loin. Reste que ce Hard Rock City est un album qui fait plaisir à entendre en 2012, et c’est bien ce qui compte.