Saxon
Hell, Fire And Damnation
Produit par
1- The Prophecy / 2- Hell, Fire And Damnation / 3- Madame Guillotine / 4- Fire And Steel / 5- There's Something In Roswell / 6- Kubla Khan And The Merchant Of Venice / 7- Pirates Of The Airwaves / 8- 1066 / 9- Witches Of Salem / 10- Super Charger
Début 2023, alors que le combo est en pleine phase stakhanoviste marquée par des tournées incessantes et des albums annuels (certes, parfois seulement composés de reprises), Saxon annonce que Paul Quinn, son guitariste depuis la fin des années 1970, ne donnera plus de concert tout en demeurant dans le groupe. Or, à lire le livret d’Hell, Fire and Damnation, celui qui devait seulement arrêter la scène n’apparaît que comme musicien additionnel - et sur deux titres seulement. En effet, on apprend que Brian Tatler a finalement enregistré l’intégralité de l’album, lui-même étant issu d’un autre grand nom de la New Wave of British Heavy Metal, Diamond Head, désormais mis en repos au profit de Saxon. Soyons honnête, Biff Byford étant l’âme du groupe et Tatler une figure historique du Heavy britannique, il ne semble pas que ce changement ne bouleverse qui que ce soit.
D’autant plus que l’album se montre fidèle à l’esthétique saxonienne du XXIème siècle. Comme sur les dernières productions, une introduction cinématographique ("The Prophecy") annonce un premier titre qui donne son nom à l’album ("Hell, Fire and Damnation") et dont la composition est similaire à celle de ses homologues choisis comme entrées en matière (il est même plus réussi que "Carpe Diem", principalement grâce à son pont et au changement de riff sur le solo). En outre, on notera quelques titres calibrés aux thématiques sommes toutes classiques : "Supercharger", "Fire and Steel", un nouvel hommage à l’industrie britannique et à ses ouvriers (ici à la sidérurgie de Sheffield), ou "Pirates of the Airwaves", chanson à la gloire des radios pirates ayant forgé leur culture musicale ("Radio Luxembourg, Radio Caroline"). C’est absolument saxonien mais tellement jouissif, jusque dans ses paroles qui résument le phénomène rock dans son historicité - "the rebellion coming from the youth".
Saxon explore aussi des thèmes plus profonds, et s’inscrit dans la dynamique mise en place par Byford depuis les années 2000 - en l’accentuant quelque peu. On navigue dans les références historiques aux côtés de Marco Polo sur "Kubla Khan and The Merchant of Venice" dont les paroles font écho à Coleridge et dont le refrain épique n’aurait pas dépareillé sur Sacrifice – sans parler du très beau solo mélodique. Sur "1066", c’est la bataille d’Hastings qui devient une conquête instrumentale, Heavy comme une charge de Normands, au pont langoureux dont le calme tranche avec la violence du combat figurée par le solo. La Révolution française est évoquée par une touche moderne, un "Madame Guillotine" qui rappelle étrangement "Queen of Heart" avec lequel il partage la même thématique de la tête coupée (il s’agissait d’Alice au Pays des Merveilles sur Battering Ram). Enfin, le très bon "Witches of Salem" rend hommage aux hurlements des victimes de l’Inquisition par un midtempo épique (certes déjà entendu), lointain écho à "Witchfinder General" (Lionheart, 2004), alors que le plutôt efficace "There’s Something in Roswell" frôle le conspirationnisme.
De plus en plus nombreuses, ces thématiques historiques et littéraires sont le témoignage d’un groupe vétéran en quête de respectabilité. Sur le plan musical, Saxon renoue avec le meilleur de ce qu’il a proposé durant les 2010’s, conservant une efficacité parée de petites subtilités (ponts, changement de riff …) qui avaient un peu été laissées de côté sur Carpe Diem. Un vrai plaisir qui ne fait que s’accroître après de nombreuses écoutes.
À écouter : "Madame Guillotine", "Pirates of the Airwaves", "1066", "Witches of Salem"