School is Cool

Qu'on arrête de nous parler de la mauvaise santé de la musique rock en ces années 2000 et 2010. Pour peu que l'on daigne regarder au-delà des capitales historiques de cette musique (New York, Los Angeles, Londres) on se rend compte que le monde est en pleine ébullition. En Géorgie avec Mastodon, Baroness, Torche ou Kylesa. En France avec Mustang et The Bewitched Hands. En Belgique avec Triggerfinger ou encore School is Cool. Pas de raz-de-marée mondial mais une émulation constante qui apporte son lot de disques bons, géniaux, immenses, si tant est que l'on cherche un peu (l'outil Internet permet cela à une échelle inédite).

School is Cool (quel nom à la con décidément) arrive d'Anvers avec dans son bagage musical une prédilection (obsession?) pour Arcade Fire. La voix fébrile et un peu plaintive, les orchestrations tentant d'éviter soigneusement le schéma guitare/basse/batterie, jusqu'à la formation comportant un chanteur guitariste, une multi-instrumentiste, deux percussionnistes/batteurs et un bassiste/guitariste, bien des points rapprochent les Belges des Canadiens. Pour un peu School is Cool passerait pour une version pour enfants d'Arcade Fire, plus accessible et moins aventureuse, se retranchant derrière des mélodies parfois un peu banales. Mais ce serait sans compter le processus de composition particulier des Anversois. Là où la plupart des groupes utilisent comme point de départ une bribe mélodique, School is Cool part généralement d'une cellule rythmique et construit ses chansons sur cette base. Le single "Warpaint" est tout entier tourné vers son introduction synthétique autour de laquelle se greffent les circonvolutions des tambours de guerre mêlées aux glockenspiels, percussions mécaniques et cris de ralliement. En fondant la composition sur des rythmes, School is Cool évite l'écueil de l'uniformité alors même que les compositions faiblissent parfois ("On The Beach Of Hanalei").

On touche ici au principal reproche qui puisse être fait à Entropology, à savoir sa qualité inégale. Ouvrir sur "The World Is Gonna End Tonight" est courageux car il s'agit de l'un des meilleurs titres du groupe. Violons dramatiques et percussions tribales précipités dans un déluge de mélancolie joyeuse. Très bien, mais après ça il faut tenir la distance et c'est que le bât blesse. "Car, Backseat, Parking Lot" et "In Want Of Something" sont tout aussi parfaites que le titre introductif, bien que moins immédiates, sublimées par l'urgence que porte la voix du chanteur Johannes Genard. Ensuite Entropology s'installe dans une routine assez flottante, plombé par des "Interludes" inutiles et des morceaux où les mélodies sont à peine esquissées ("O ! Delusions", "The Underside"). Heureusement School is Cool sait composer des chansons surprenantes, notamment le single "New Kids In Town", hymne à une joie juvénile qui ne devrait jamais cesser. Le disque s'achève sur le morceau-titre, conclusion grandiloquente qui se déploie à partir d'une composition assez passe-partout pour finir en douceur sur les claquements des tambours électroniques, soulignant une dernière fois la place prépondérante des rythmes chez School is Cool.

On retient finalement de l'album ses singles géniaux, et une bonne poignée de titres. C'est largement assez pour un premier album.