Shearwater
The Golden Archipelago
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1- Meridian / 2- Black Eyes / 3- Landscape at Speed / 4- Hidden Lakes / 5- Corridors / 6- God Made Me / 7- Runners of the Sun / 8- Castaways / 9- An Insular Life / 10- Uniforms / 11- Missing Islands
Après Palo Santo et Rook, The Golden Archipelago clôt le triptyque de Shearwater sur les inconséquences de l’homme sur la nature. Ornithologue de formation, son leader, Jonathan Meiburg, s’est illuminé de ses nombreux périples pour nous éclairer sur les conditions précaires de la vie insulaire. Sur fond de dérèglements climatiques, il nous esquisse ses doléances et ses espérances pour sauvegarder un chapelet d'îles et tous les êtres qui y vivent. En contant la pluie et beaucoup d'eau, des couchers et des levers de soleil, il nous livre son dernier carnet de voyages.
La pochette est un appel à rêver et le chant de Jonathan est toujours aussi majestueux et proche de Mark Hollis (Talk Talk). Pourtant, les célèbres envolées de Shearwater sont ici de courtes durées. Les mélodies déploient à peine leurs ailes car le constat semble cruel. La rigueur est de mise, on ne rigole pas avec cet avenir. Du haut de son poste, le commandant Meiburg scrute avec concision le rythme de cette possible fin de vie. Plus mélancolique et moins épique que Rook, The Golden Archipelago ne recèle pas de coups de grâce. Les emphases chimériques se font rares et le côté martial de "Corridors" et de "Castaways" nous ramène à la réalité. De cette éphémère beauté, nous pourrions tous devenir des naufragés. La plage ("Runners of the Sun"), les montagnes brumeuses ("God Made Me") ou les vagues de l'océan ("Uniforms") nous transportent à perte d'horizon. Nous laissant échoué, mais toujours vivant. Alors qu'un chant du pacifique ("Meridian"), un canot à moteur ("An Insular Life") et un dernier titre révélateur ("Missing Islands") nous rappellent à notre devoir. Celui de la mémoire pour ne pas laisser disparaître nos plus beaux morceaux de terres.
Ceux qui composent The golden Archipelago sont toujours emplis d'hypersensibilité mais les grandes émotions restent à quai. La grandiloquence de Shearwater ne s'est pas fondue dans les paysages idylliques qu'il décrit. Toutefois, cette limite non franchie est peut-être un sauf-conduit pour ce groupe atypique afin de conquérir de nouveaux fidèles. Car cette découverte d'un autre monde est malgré tout animée d'une rare et authentique atmosphère. Embarquement immédiat ?