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Critique d'album

The Pretty Reckless


Who You Selling For


(21/10/2016 - Razor & Tie - Grungy Singing Actress - Genre : Rock)
Produit par Kato Khandwala

1- The Walls Are Closing In / Hangman / 2- Oh My God / 3- Take Me Down / 4- Prisoner / 5- Wild City / 6- Back to the River / 7- Who You Selling For / 8- Bedroom Window / 9- Living In The Storm / 10- Already Dead / 11- The Devil's Back / 12- Mad Love
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Un vrai bon disque de hard-blues rock. Hail to Taylor Momsen!"
Nicolas, le 12/01/2021
( mots)

Marrant comme la vie est faite, quand même. Noël arrive, et quand vient le moment de mater un Christmas movie sur Netflix en famille, on se retrouve face à un navet intergalactique - le Grinch, pour ne pas le citer - en se rendant compte, sidéré, que la petite fille qui tient le naïf rôle principal de cette pantalonnade n’est autre que Taylor Momsen, et je vous jure que ce ne sont pas des conneries. Dès lors, au hasard d’un clip relayé par tonton Zegut (“25”, prélude d’un album qui arrive très bientôt), on en arrive à se demander ce que sont devenus les Pretty Reckless depuis qu’on s’était permis de gentiment les écorner avec un Going To Hell aussi réjouissant que putassier, lire ici pour les curieux. Tiens donc, un disque intermédiaire est paru en 2016, répondant au nom de Who You Selling For. Bah, appuyons sur play, qu’est-ce qu’on risque ? Eh bien on risquait surtout de passer à côté d’un sacré bon disque de rock n’ roll !


Autant Going To Hell se permettait un rentre-dedans efficace mais un peu trop racoleur pour être totalement honnête, autant la tournure prise par ce troisième disque de la Jolie Inconsciente se montre séduisante et fine. Se recentrant sur des fondamentaux hard-blues rock que l’on avait déjà bien perçus sur les œuvres précédentes, Who You Selling For sait se montrer beaucoup plus subtil et roots que ses grands frères, et surtout on sent ici que le Momsen Band respire et s’épanouit désormais en tant que groupe à part entière dont sa turbulente chanteuse ne constituerait plus l’unique point d’ancrage tant musical que médiatique, même si on ne pourra nier à Taylor un organe - vocal, bande de délurés - des plus aguicheurs. Il était temps.


Il y a beaucoup d’influences southern rock et west coast chez les Pretty Reckless, mais pas que. On pense pêle-mêle au grunge (Alice In Chains, Soundgarden) et aux Guns N’ Roses, et on pense en particulier beaucoup à Kim Tahil dans les couleurs qui s’épanouissent sur un “Living In The Storm” énervé, servi par une vocaliste remontée comme une lionne. Mais avant cela, “Hangman” réunit la fusion parfaite entre L.A. et Seattle après une courte intro piano-voix digne d’un lounge-bar enfumé : lente montée en puissance (avec un Mark Hamon impérial derrière ses fûts), secondes voix à la Jerry Cantrell, morgue et nonchalance, puissance et pertinence mélodique, l’introduction de Who You Selling For nous cloue sur place tellement elle se montre réussie, de manière aussi inattendue - pour l’auteur de ces lignes, s’entend - que réjouissante. Pour l’anecdote, assez macabre au demeurant, Taylor Momsen a été la dernière personne connue à s’être entretenue avec Chris Cornell en 2017 avant son suicide alors que The Pretty Reckless assurait la première partie de Soundgarden.


Surtout on retrouve avec “Hangman” l’une des caractéristiques des chansons de l’album : elles respirent, prennent le temps de s’exposer, n’hésitent pas à faire durer le plaisir au gré de codas et autres digressions instrumentales. Plus encore, et pour ne pas nous déplaire, cet opus n°3 laisse presque complètement tomber le heavy metal pour aller plus allègrement titiller le blues, et bon Dieu c’est fou ce que cette couleur se montre adaptée à la voix de Momsen. Au point même que l’on pense parfois aux excellentissimes Rival Sons dans cette aptitude à pondre un rock moderne fortement enraciné dans les 70’s, avec subtilité, intelligence, talent et brio dans la délivrance. Si on m’avait dit qu’un jour je serais prêt à hisser Taylor Momsen sur le même piédestal que celui de Jay Buchanan, je ne l’aurais pas cru. Et pourtant…


Et pourtant Who You Selling For dépote, mais vraiment. On passera sur un “Oh My God” pour le coup un peu trop facile et excité au regard du reste du disque - même si Taylor, ouch, elle exploite fort bien sa voix, la bougresse - pour s’attarder d’emblée sur un “Take Me Down” qui constituerait un beau prolongement au “Paradise City” des Gunners, belle ode hard avec secondes voix féminines gospell friendly et guitares clinquantes et catchy. Ça swingue, ça pétille, ça envoie du lourd et c’est juste parfait. Dès lors, on se réjouit de voir le groupe prendre réellement ses aises et interpréter la partition du plaisir : le blues cogné de “Prisoner” se laisse emporter par ses claquements de main fédérateurs - Rival Sons n’est pas loin du tout, qu’on vous dit -, et quant à “Wild River”, il épate par ses riffs hachés entrecoupés de giclettes de wah-wah qui jouent avec le rythme et la mélodie. Roots, le rock de The Pretty Reckless sait aussi s’épanouir dans des thèmes de l’Amérique profonde, mention spéciale à “Back To The River” avec la participation soliste de Warren Haynes - l’un des contributeurs tardifs du Allman Brothers Band - qui lorgne sur un Creedence Clearwater Revival infusé aux hormones féminines.


Mais la miss Momsen a plus d’une corde à son arc et nous a ici peaufiné de belles ballades interprétées avec beaucoup d’émotion et de maestria, on pensera à “Who You Selling For” ou, plus intimiste encore, “Bedroom Window”, preuve que le registre de la retenue lui sied bien. On la sait capable de tenir la dragée haute à nombre de divas pop, au rang desquelles Miley Cyrus qui, ne riez pas, a squatté tout récemment la première place du classement “rock” (avec tout plein de guillemets) du Billboard américain. Si Miley est rock, moi je suis un alien vegan adepte de philosophie tantrique. Bref, Taylor Momsen avait auparavant beaucoup de mal à placer le curseur sur ce que doit être la bonne attitude dans un groupe de rock, mais ce n’est plus du tout le cas : dès lors, elle peut justement se permettre d’entraîner ses compagnons de jeu dans des pérégrinations pop rigolotes, petit clin d’œil terminal prenant la forme d’un “Mad Love” balancé qui ferait de l’ombre à une Britney Spears convertie à la cause du hard rock.


Parlons-en, pour finir, des instrumentistes, car Ben Philips s’est réservé de belles plages solistes en fin d’album, on pensera notamment au rocailleux “Already Dead” qui suinte le blues par tous ses pores mais qui, dans sa longue conclusion instrumentale plus relevée, lorgne vers un David Gilmour pugnace. Plus posé et mélancolique, “The Devil’s Back” réserve aussi de belles échappées de six cordes dans ses ultimes retranchements, preuve que The Pretty Reckless ne se résume pas (plus ?) qu’à la blondinette goguenarde qui les mène. Si on était totalement passé à côté de Who You Selling For à sa sortie, il n’y a qu’une chose à dire : mea maxima culpa. Jetez-vous dessus, nom de nom, il n’est jamais trop tard, et promis, dès la sortie de Death By Rock N’ Roll le mois prochain, on sera sur les rangs.

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