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Critique d'album

The Raveonettes


Raven In The Grave


(04/04/2011 - Vice Records - pop rock - Genre : Rock)
Produit par

1- Recharge & Revolt / 2- War In Heaven / 3- Forget That You're Young / 4- Apparitions / 5- Summer Moon / 6- Let Me On Out / 7- Ignite / 8- Evil Seeds / 9- My Time's Up
Note de 4/5
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Note de 2.5/5 pour cet album
"Tentatives et échecs pour écrire la parfaite chanson pop."
Pierre D, le 16/06/2011
( mots)

La musique pop est là pour nous sauver la vie. Elle permet, en 3 minutes, de sauver le monde ou de trouver une fille. De se dire qu'on n'est pas seul. Pour cela, divers procédés peuvent être mis en place par l'artiste, le but étant d'atteindre une certaine forme d'universel afin de parler à chacun ou en tous cas au plus grand nombre. “Will You Love Me Tomorrow” par The Shirelles, “Boots Of Spanish Leather” de Bob Dylan, “Hurt” de Nine Inch Nails, tout est affaire de sensibilité, de circonstances et de chance mais tout le monde peut y trouver son compte.

Les Raveonettes viennent de cette tradition, celle d'une pop visant à définir une situation, un sentiment, un ressenti, une émotion et de l'amener à un dénouement en moins de 3 minutes. Durant tout ce disque, Raven In The Grave, ils semblent chercher à toucher l'auditeur de manière à créer chez ce dernier une impression de déjà-vu. Il s'agit de cet instant où en écoutant une nouvelle chanson il a l'impression de déjà la connaître, comme si elle était enfouie en lui depuis toujours. En clair, une mélodie, des paroles, un rythme qui lui parle. Pour adoucir ainsi la confrontation de l'auditeur avec la nouveauté plusieurs procédés peuvent être utilisés, l'un d'eux est le thème exploré par les chansons. Comme les précédents disques des Raveonettes, Raven In The Grave ne parle que d'amour, des amours contrariés ou déçus. Dans le genre sujet éculé, vu et revu, on ne fait pas mieux. Le champ lexical utilisé dans les paroles est d'ailleurs édifiant: “love”, “desire”, “kiss”, “hurt”, “miss” ; tout l'attirail de l'amant éconduit. Le premier morceau “Recharge & Revolt” peut être vu comme une tentative de rééditer l'exploit de “Love Will Tear Us Apart”, la chanson ultime sur la fin du désir et du sentiment amoureux. Des vers tels que “When all broken dreams are glued back together/And there's nothing to talk about, not even the weather” vont dans ce sens. Si la mélodie est moins géniale que celle du titre de Joy Division, “Recharge & Revolt” ne faillit pas à réactualiser (sans le renouveler) le thème de la relation amoureuse où l'autre n'est pas un partenaire mais un adversaire.

Outre les thématiques, l'instrumentation joue aussi un rôle dans le processus d'identification de l'auditeur qui en vient à croire que la chanson a été écrite pour lui, qu'elle lui “parle” (au sens premier du terme). Après avoir donné dans l'hommage appuyé aux Jesus And Mary Chain et aux girl-groups des années 60, les Raveonettes semblent avoir jeté leur dévolu sur la new wave des années 80. Autant dire que Raven In The Grave est gorgé de synthétiseurs et de boîtes-à-rythmes sans que cela paraisse racoleur ou (trop) daté. On peut trouver à “Forget That You're Young” de désagréables accents d'Indochine période eighties comme on peut y entendre une des meilleures chansons de l'album. Avec là encore des paroles narrant des déboires relationnels, la situation allant en se complexifiant: “And I choose you and I know that you're so young (…) And I n*e*r*d you (…) And I hurt you (…) And I miss you and I know that you're so young”. Le passéisme appuyé des Raveonettes depuis leurs débuts prend ici tout son sens. L'impression de déjà-vu induite par les paroles est renforcée par la musique et l'instrumentation très référencées. Ces références non dissimulées font que la musique et l'ambiance qu'elle instaure ont réellement déjà été entendues. Le groupe a évidemment assez de talent pour prendre cela comme une matière première d'où il extrait ses propres chansons mais l'ancrage dans une époque donnée et donc dans le cerveau de l'auditeur est bien présent (pour le meilleur ou pour le pire, on parle de new wave tout de même!).

Malheureusement tout ceci ne vaut que pour les moments où les Raveonettes atteignent leur but (4 titres sur 9). Sur le reste de l'album le groupe paraît avoir perdu sa faculté à composer de réelles chansons. Ce sont parfois trois notes qui tournent en rond autour d'un texte convenu (“Summer Moon”). Ailleurs c'est le manque de distance ou d'ironie des paroles qui en devient risible et fait passer le tout pour un poème lycéen (“War In Heaven”). Sur “Let Me On Out” les Raveonettes répètent “You feel that I have gone too far”. Trop loin effectivement, trop loin dans la fuite vers l'abstraction au détriment des mélodies. Le groupe souffre peut-être du même mal que les Warlocks  pointé dans la chronique de Heavy Deavy Skull Lover. S'ils sont auréolés d'un succès d'estime (notamment pour leur Chain Gang Of Love), les Raveonettes ne sont assurément pas de gros vendeurs et ne bénéficient pas d'une audience planétaire, surtout lorsqu'ils se cantonnent eux-mêmes dans leur niche passéiste. Puisque personne ne les écoute, ils fonctionnent en duo autarcique depuis  leur album Lust Lust Lust en 2007. Cette solitude (voulue?) et ce manque de succès public les a apparemment conduit à faire comme bon leur semble au détriment de leurs propres qualités, à savoir une capacité à écrire des chansons originales bien que sciemment inscrites dans une filiation musicale (Jesus And Mary Chain, Ronettes, Velvet Underground...). Ce n'est sans doute pas Raven In The Grave qui leur apportera la reconnaissance du plus grand nombre. Le groupe risque même de s'aliéner certains de ses défenseurs sans forcément en gagner de nouveaux. Reste à voir quelle sera la prochaine évolution stylistique des Raveonettes (grind death indus hardcore saoudien?) qui demeurent malgré tout passionnants dans leur cheminement comme dans leur musique.

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