Quatre ans après un premier album fiévreux qui avait propulsé les quatre lads de Leeds parmi les têtes de série de la new-rave, hybride survolté combinant disco-rock et punk dansant,
The Sunshine Underground revient au printemps 2010. Mais les joies du marketing allant aussi vite dans un sens que dans l'autre, le gang du nord de l'Angleterre s'est vu en quelques années d'inactivité relégué dans les placards à balais poussiéreux des groupes à succès unique. Est-ce pour cela que la recette, sans se bouleverser plus qu'il n'en faut, s'en ressort plus lourde, plus dense, comme s'il fallait en faire plus à l'heure du second album ?
Car les intentions sont toujours les mêmes. Jouer un rock abrasif, faire onduler les jupes des filles dans les caves illégales et tremper les polos de sueur à force de danser. Pour cela,
The Sunshine Underground possède un argument de poids, un chanteur comme seule la Perfide Albion en enfante à tour de bras. Craig Wellington est en effet capable de s'écorcher les cordes vocales tout en harmonie, capable de retenir son souffle des heures tout en hurlant ses paroles niaises et terriblement accrocheuses. Sa voix a légèrement vieilli en quatre ans, si bien que les aigus ne raisonnent plus aussi clairs, mais son nouveau grain sied parfaitement à la feuille de route de ce
Nobody's Coming To Save You. Tout comme la basse, devenue une brute sans remord, l'esthétique générale se veut, tout en restant groovy à souhait, un pur exutoire rock pour clubbers en mal d'amour.
Dès les premiers morceaux et l'intro monolithique de "Coming To Save You", on retrouve les forces du groupe en tir groupé. Une simplicité mélodique toute entière dévouée à délivrer des flux d'énergie, des envolées vocales courageuses comme locomotive et une basse sautillante pour faire frétiller les corps. "Spell It Out" ou "One By One" sont fondus dans le même moule, des couplets à cent à l'heure et des refrains libérateurs. Le single "We've Always Been Your Friends" attaque quand à lui dans une veine plus groove, la basse se fait plus souple, la guitare discrète et la batterie prend une dimension nouvelle.
Mais en plein cœur de la tempête, alors que les malaises s'empilent et les chevilles se tordent, le groupe cherche à ralentir, à reculer comme pour mieux sauter. Nobody's Coming To Save You se voile alors de pop pendant quelques minutes. Avec talent et énergie sur "In Your Arms", emphase et candeur sur "A Warning Sign" ou avec caricature sur "Change Your Mind", titre perdu entre rage et charge émotionnelle, qui dénote un brin sur le chemin de l'extase, simplement sauvé par un jeu de batterie juste et omniprésent. L'extase on y revient bien vite, car l'album s'achève aussi bien – et fort – qu'il avait débuté. L'hypnotique "Here It Comes" et le frénétique "One By One" sont taillés pour les scènes les plus aguerries, puis "The Messiah" conclut le tout dans un cocktail de cordes – vocales comme de guitares – déchirées.
Tantôt jouissive, parfois parfaitement ordinaire, la musique de
The Sunshine Underground s'adresse aux comportements primaires de l'auditeur, aux corps davantage qu'aux cerveaux. Mais cela ne les empêche pas de composer des mélodies bien ficelées, bien au contraire, ils prouvent encore que les musiques dansantes, à défaut d'être complexes, ne sont pas nécessairement irritantes en dehors des dancefloors.