↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.
Critique d'album

The Ting Tings


We Started Nothing


(16/06/2008 - Columbia / Sony / BMG - Indie-Pop - Genre : Pop Rock)
Produit par

1- Great DJ / 2- That's Not My Name / 3- Fruit Machine / 4- Traffic Light / 5- Shut Up And Let Me Go / 6- Keep Your Head / 7- Be The One / 8- We Walk / 9- Impacilla Carpisung / 10- We Started Nothing
Note de 4/5
Vous aussi, notez cet album ! (18 votes)
Consultez le barème de la colonne de droite et donnez votre note à cet album
Note de 2.5/5 pour cet album
"Après nous avoir fait danser l'été, Jules et Katie résisteront-ils à l'automne ?"
Maxime, le 01/10/2008
( mots)

Petit coup de pression du chroniqueur venant de s’apercevoir, à l’heure où le festival des Inrocks se profile, qu’il n’a pas encore parlé de ceux qui partageront la scène avec MGMT, alors qu’il avait dûment reçu le disque par le label et qu’il l’avait docilement écouté au début de l’été avant de complètement oublier l’affaire. Omission prémonitoire ? Quoiqu’il en soit, le chroniqueur reprend ses esprits, sort la galette de la pile de copies promos dont il faudra s’occuper oui bordel ça urge mais voyez-vous écrire pour albumrock ne paye pas le loyer qui vient encore d’augmenter eh oui ma bonne dame les temps sont durs et il faut bien gagner sa croûte même si évidemment il faut rester réceptif pour décemment traiter de l’actualité rock et la présenter avec la passion qui nous anime à nos chers petits internautes en même temps on ne va pas se plaindre non plus il y a plus malheureux que nous dans le monde rien qu’en voyant le journal tout à l’heure avec ce qu’il se passe en Afghanistan on se dit c’est quand même un autre type de souffrance que nos problèmes de riches et futiles occidentaux et d’ailleurs y’en a marre de cette intro gonzo lamentable sans signes de ponctuation parce que ça fait chic et que ça montre les poussées d’adrénaline auxquelles nous sommes parfois confrontés dans notre tâche bénévole.

"Bon, voilà déjà un paragraphe de torché" se dit le chroniqueur. Il va bien falloir rentrer dans le cœur du sujet maintenant. "Quel angle choisir ?" se demande-t-il en regardant sa plante verte crever devant sa fenêtre. Pourquoi pas étaler tout le buzz dont ont bénéficié ces deux anglais et trousser un sempiternel couplet sur les méfaits de la hype ? Avec un effort de mémoire intense, le chroniqueur se rappelle qu’il en avait fait de même, soit pour le déplorer (Love Is All, Enter Shikari), soit pour conclure qu’elle n’avait pas entièrement tort (Arctic Monkeys, LCD Soundsystem, Black Mountain, MGMT, Kasabian, fichtre, ça fait beaucoup quand même !). Ne pétant pas plus haut que leur cul moulé dans un jean slim, les Ting Tings ont d’ailleurs opté pour un titre préventif (We Started Nothing) qui jette un écho malin à celui du premier album des Arctic Monkeys. "Believe or not believe the hype ?" s’interroge le chroniqueur avec un accent horrible en contemplant son cendrier plein. "La réponse doit se situer entre les deux", conclue-t-il mollement. Lors d’une nouvelle écoute destinée à rafraîchir sa mémoire défaillante, il se rappelle qu’il n’avait pas passé un moment désagréable en compagnie de ces 10 plages festives, mais que passé une poignée de passages, la rondelle de plastique avait bien vite quitté sa chaîne hi-fi pour lui préférer des enregistrements autrement plus consistants. De son point de vue, bien évidemment.

"Présentons donc le groupe et creusons", se décide le chroniqueur en admirant sa lampe lava. The Ting Tings est un duo originaire de Salford composé de Katie White (chant, guitare, basse) et de Jules De Martino (batterie, guitare, chœurs), deux jeunes activistes de la cause rock qui se sont rencontrés sur les bancs de l’école. La bio, que le chroniqueur lit toujours avec assiduité, indique que cette paire concentre "la brusquerie nordique de Katie et le charme latin de Jules". Elle explique également que les deux musiciens forment une alchimie parfaite, Jules étant un mélomane pointu converti aux Talking Heads, Tom Tom Club, Smith et incontournables Velvet Underground, Katie insufflant une indéniable fraîcheur à ces références distinguées. Au garçon la tête, à la fille les gambettes, duo maintes fois resservi, de Eurythmics à Niagara, pour aller chercher moins loin.

Concrètement, The Ting Tings verse dans une indie-pop toute contemporaine à base de tempos métronomiques et guitares frétillantes sur lesquels sont généreusement déversées des mélodies pop délurées et des structures un peu excentriques mais pas trop, juste ce qu’il faut pour mériter l’étiquette indie. On pense donc tantôt à des CSS plus trendy qu’arty bitchy ("Impacilla Carpisung"), une Yelle qu’on n’aurait pas envie de baffer ("Shut Up And Let Me Go"), des correspondants rosbifs des suédois Love Is All entamant un improbable échange linguistique ("Fruit Machine") ou une version plus inoffensive de Blood Red Shoes ("Keep Your Head"). Sexy et flashy, l’album débute sur les deux singles leur ayant ouvert les colonnes des médias soucieux de suivre la dernière mode : "Great DJ" déroule avec une ironie presque palpable le prototype d’une chanson pop avec ses "ha-ha-ha-ha" narquois. Katie White, sorte de Debbie Harry des années 2000, a un charme certain, mais un peu trop distant, sur le mode "regarde-moi mais surtout ne me touche pas". "That’s Not My Name" se révèle aussi frondeur, appuyé sur un rythme tonique devant lequel le corps ne peut que se soumettre. Aussi classe et froid que le logo d’Apple, le groupe n’ayant évidemment pas oublié de prêter la chanson pour une pub I-Pod, ce qui semble être pour eux le signe de réussite ultime. Aguicher l’oreille sans aucune aspérité, tel est le leitmotiv qui fonctionne à merveille le long de "Fruit Machine" et "Shut Up And Let Me Go", avec son entame à la Franz Ferdinand. "Keep Your Head" se paye une sortie habile, conjuguant refrains aliénants scandés à l’infini et maelström terminal.

Le chroniqueur jette un premier coup d’œil à son article et considère qu’il n’a désormais plus qu’à conclure après avoir touché deux mots de la seconde moitié de l’album, incolore au possible. Mais il se souvient alors qu’un collègue lui avait dit un jour sur un ton blasé que presque plus personne n’écoutait les disques en entier. Si on ne le fait pas avec les chefs d’œuvre, il n’y aucune raison de le faire ici. Ajoutons juste qu’après "Keep Your Head", le disque perd rapidement son intérêt. Au final, We Started Nothing n’est absolument pas infamant. Juste une production impersonnelle qui ne prétend certes pas révolutionner son monde mais qui ne parvient pas non plus à accrocher suffisamment pour se placer dans le registre des petites grenades pop, modestes dans leurs ambitions formelles, fatales par l’addiction qu’elle génèrent. Ces morceaux traversent le corps du bec à l’anus sans prendre le contrôle de la moelle épinière, sans faire pulser le cœur un peu plus vite, sans secouer les tripes. Comme ce chroniqueur, il est fort probable que quelques unes de ces pistes se soient glissées dans la playlist Last.fm de votre été. Mais au vu de la couche de poussière qui commence à recouvrir cette pochette rouge vif, le froid automnal aura sans doute raison des hymnes de poche troussés par Jules et Katie. Et le chroniqueur de piocher dans sa mémoire cinéphilique bien maigre cette maxime tirée d’Irréversible en guise de conclusion : "le temps détruit tout". Peu enthousiasmé par ces derniers mots, le chroniqueur lâche un juron en retirant les miettes de chips de son pavé tactile.

Commentaires
Soyez le premier à réagir à cette publication !