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Critique d'album

Titanic


Eagle Rock


(00/12/1973 - - Rock progressif / hard-rock - Genre : Rock)
Produit par

1- One Night in Eagle Rock / 2- All Around You / 3- One of Your Kind / 4- Heia Valenga / 5- Dying Sun / 6- And It's Music / 7- Richmond Express / 8- Maureen / 9- The Skeleton / 10- Rain 2000 / 11- Blond / 12- Macumba / 13- Midnight Sadness
Note de 3/5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Uriah Heep on the Rocks, Santana on Ice"
François, le 04/11/2023
( mots)

Il faudrait ajouter un chapitre "histoire du  rock" dans le récit sur la "France - terre d’accueil", au moins pour revenir sur les années 1970 et les circulations d’artistes qui passèrent par l’Hexagone. On pourrait ainsi battre en brèche les idées reçues sur les Français qui auraient été, dans leur majorité, hermétiques au rock : elles oublient non seulement les nombreuses formations qui ont émergé dans le pays, mais aussi l’asile qu’ont trouvé de nombreux groupes étrangers. Alors que Soft Machine circulait triomphalement de Paris à la Côte d’Azur, l’Australien Daevid Allen se voit refuser son retour au Royaume-Uni et s’installe en France : il participera aux événements de 68 et fondera Gong avec des musiciens locaux. Bachdenkel, qui s’est auto-décerné le titre du meilleur groupe underground anglais, a passé les années 1970 de ce côté-ci de la Manche, et les Norvégiens de Titanic se sont installés en Provence après avoir collaboré avec William Sheller et joué au festival de Cannes.


La dimension internationale du groupe ne se limite pas aux choix de la France comme nouvelle base, puisque le chanteur, Roy Robinson, est britannique, d’où découle une maîtrise linguistique qui explique en partie le succès européen obtenu au début de la décennie par ce groupe formé à Oslo en 1969 qui, en 1973, en est déjà à son troisième album avec Eagle Rock. Grand millésime pour le rock progressif en général, 1973 l’est également pour la scène norvégienne en particulier alors que Ruphus arrive dans les bacs et qu’Aunt Mary sort son meilleur album. Dans une veine Heavy prog’, Titanic participe à ce bel effort scandinave.


Le chant habité, seulement accompagné de claviers, suggère la montée en puissance qui attend l’auditeur à l’écoute "One Night in Eagle Rock". En effet, les grosses guitares arrivent progressivement pour entrer en éruption et mener jusqu’au solo final dans une composition digne du meilleur Uriah Heep. Ce dernier groupe vient également à l’esprit à l’écoute de "Dying Sun", autre composition qui inscrit sa partition dans les sentiers Heavy-progressifs, titre qui glisse vers le latin-rock à la Santana dans une deuxième partie,  registre qui avait fait le succès du groupe en 1970 (avec "Sultana"). Sur "Maureen", les claviers et la structure rappellent Uriah Heep mais la basse et la guitare semblent tout droit sorties du Yes Album.


Titanic mène également sa barque vers le soft-rock "All Around You" (avec des arpèges et des chœurs excessifs), qui a le mérite de mettre en relief le brio jeu de basse, comme "One of Your Kind" illustre une belle prestation vocale et un solo puissant, sans sortir des flots du hard-rock calibrés. En outre, on préférera le hard-rock énergique de "Richmond Express", qui sonne un peu comme UFO avant l’heure (même dans le chant) tout en rejouant la carte latin-jazz, à la pop un peu dérisoire d’ "And It’s Music". Du reste, Titanic parvient à nous surprendre lors du sursaut tribal d’"Heia Valenga" et par son swing manouche sur "The Skeleton". Eagle Rock est indéniablement varié à défaut d’être toujours remarquable.


Avec sa petite réputation obtenue à l’époque, Titanic pourrait bien être l’iceberg (il fallait la faire) qui cache la scène progressive norvégienne des 1970’s, suffisamment riche pour susciter l’intérêt des mélomanes auxquels on suggérera d’aller jeter une oreille aux autre formations présentes dans le pays durant la décennie. Une première strate archéologique qui constitue le substrat d’une scène norvégienne actuelle ô combien merveilleuse.


À écouter : "One Night in Eagle Rock", "Maureen"

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