Transplants
Transplants
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1- Romper Stomper / 2- Tall Cans In The Air / 3- D.J. D.J. / 4- Diamonds And Guns / 5- Quick Death / 6- Sad But True / 7- Weigh On My Mind / 8- One Seventeen / 9- California Babylon / 10- We Trusted You / 11- D.R.E.A.M. / 12- Down In Oakland
Un disque comme ça, au fond, on l'a toujours attendu, le rêvant secrètement, espérant qu'un jour les beats massifs du hip-hop et leurs basses pneumatiques rencontrent les guitares en furie dans une orgie sonique. Bien entendu les mariages rock/rap remontent au moins au duo Aerosmith/Run DMC mais aucun jusqu'ici ne s'était montré d'une telle puissance dans le son, d'une telle haine dans le phrasé et d'une telle pertinence dans les arrangements que ce super groupe venu du punk. Et qu'on ne vienne pas me parler de ces hordes de néo-métalleux qui savent autant rapper qu'une savate et qui ont ruiné la fusion rap/rock dans la seconde partie des années 90. Depuis RATM, jamais ce mélange n'avait autant sonné comme un monumental coup de boule dans la tronche.
Mais comment pouvait-t-il en être autrement à la vue de la composition du combo, lequel réunit Tim Armstrong, chanteur de Rancid et, faut-il le rappeler, l'un des meilleurs songwriter de la scène rock actuelle (toutes tendances confondues), le génialissime Travis Barker, batteur de Blink 182, qui réitère à chaque album l'exploit de rendre son groupe écoutable et enfin Rob Aston (à ne pas confondre avec Ron Asheton, le guitariste des Stooges) roadie chez Rancid et véritable armoire à glace. Réalisé sur un simple Pro-Tools disponible dans le commerce, le résultat est tout simplement énorme. Entre les guitares acérées d'Armstrong, la rythmique débridée de Barker et les vociférations d'Aston, c'est le bonheur à l'état brut. Car ce type ne rappe pas, il gueule. Rivalisant avec Zack De la Rocha dans le vomissage de tripes phrasé, ses hurlements sont un véritable hymne à la colère, à la frustration et à la douleur. On devrait fournir des béquilles avec le CD, car nombreux sont ceux qui ne se relèveront pas de "Tall Cans in the air" ou de "Quick Death", véritable duel à mort pour experts en destruction de cordes vocales. Flirtant également avec l'électro (le rythme un peu Drum'n'Bass de "Romper Stomper"), la galette transforme n'importe quel pacifiste en tueur sanguinaire. Le plus coincé se surprendra à piaffer du jarret autour de sa chaîne hi-fi, le plus mou se verra mettre des coups dans les meubles alentours. L'effet Transplants.
On peut distinguer deux parties dans cet album. La première reste très clairement la plus dure, avec ces hymnes que sont "Tall Cans in the air" et "Diamonds and guns" (repris dans une pub pour le shampoing, sic). Les cris d'Aston se marient très bien avec le timbre plus fluet d'Armstrong qui revisite des thèmes qu'il traite déjà chez Rancid : amitiés trahies, dépit, innocence perdue, rage de vivre malgré tout... Mais le groupe n'excelle pas que dans le martelage sonore, preuve en est, en face B, ce poignant "Sad but True" (rien à voir avec Metallica) ou encore "We Trusted you". D'autres titres chassent plus sur les terres du hip-hop : "California Babylon" et surtout "D.R.E.A.M." en duo avec Danny Diablo raviront les amateurs. Le tout se termine sur un "Down in Oakland" revisitant un riff à la mode années 60, véritable démonstration de force tranquille.
On obtient ainsi un album hétéroclite et assez unique en son genre, inclassable, réussissant sur tous les tableaux. Les Franz Ferdinand veulent faire danser les filles. Les Transplants font bouger les paumés des tous bords à coups de chaîne de vélo. Chacun son truc.