Wishbone Ash
Wishbone Four
Produit par Wishbone Ash
1- So Many Things To Say / 2- Ballad Of The Beacon / 3- No Easy Road / 4- Everybody Needs a Friend / 5- Doctor / 6- Sorrel / 7- Sing Out the Song / 8- Rock 'n Roll Widow
Comme un soupçon de modestie … C’est ce qu’évoque Wishbone Four dès la pochette, sobre, qui présente un groupe à l’image de ceux de son époque, en noir et blanc, entouré d’un cadre vert tel un passe-partout sur lequel s’affiche un cartel annonçant le titre dans une police banale. C’est vrai qu’après le chef-d’œuvre intemporel qu’est Argus, le risque était grand. Peut-on atteindre des sommets artistiques plusieurs fois, et en si peu de temps ? Faut-il composer un petit frère dans la même veine, qui serait inévitablement comparé à son prédécesseur, au risque de décevoir ? Il était judicieux de prendre une autre voie, de faire baisser la pression, et de présenter un nouvel album moins ambitieux mais très abouti.
Les titres sont plus classiques mais la patte Wishbone Ash est bien présente : guitares jumelles dès l’introduction du très bon "So Many Things to Say", entre blues et hard-rock, long titre langoureux ("Everybody Needs a Friend") avec de beaux passages solistes (mais manquant de relief au regard des huit minutes), "Doctor" qui reprend les recettes de "Time Was" sur son refrain et à l’intro entraînante … Les structures sont plus simples, mais diablement efficaces. "Rock’n’Roll Widow", en fin d’album, transpire de modernité (pour l’époque) et envisage déjà le style du groupe à la fin des seventies, avec un pont évocateur en termes de composition (cf. "The King Will Come").
En parlant d’Argus, le côté médiéval se retrouve dans un angle plus pastoral avec la belle "Ballad of the Beacon" et sa basse ronde et puissante, ses traits de guitares toujours pertinents. C'est un des titres les plus réussis de l’album, aux côtés de "Sorrel", avec sa ligne de basse sautillante, sa mélodie de guitare, son solo épique : l’inspiration issue de l’opus précédent est bien présente.
L’album est évidemment plus faible lorsqu’il propose des titres convenus, aux inspirations américaines, qui restent néanmoins sympathiques et agréables : un southern rock avec son clavier boogie ("No Easy Road"), et le country folk-rock à la Neil Young un peu ennuyant ("Sing Out a Song").
Wishbone Four ne peut que vivre dans l’ombre de son imposant prédécesseur. Pourtant, sa modestie, son intimisme, plutôt que de l’affaiblir, lui permettent finalement d’en sortir grandi et d'échapper à un destin de farce caricaturale d'Argus. Il est évident que son écoute doit se réaliser en prenant l’album comme tel, afin de l’apprécier à sa juste valeur.
A écouter : "Ballad of the Beacon", "Sorrel", "Rock’n’Roll Widow"