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Critique d'album

Wolf Alice


My Love Is Cool


(22/06/2015 - Dirty Hit Records - Alternative / Indie - Genre : Pop Rock)
Produit par Mike Crossey

1- Turn To Dust / 2- Bros / 3- Your Loves Whore / 4- Moaning Lisa Smile (US Release Only) / 5- You're A Germ / 6- Lison / 7- Silk / 8- Freezy / 9- Giant Peach / 10- Swallow Tail / 11- Soapy Water / 12- Fluffy / 13- The Wonderwhy
Note de 4/5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"L'amour fantasmé vaut bien mieux que l'amour vécu... (Andy Warhol)"
Etienne, le 16/10/2015
( mots)

Ceci est une histoire banale qui, comme toutes les histoires banales, a dans un premier temps esquissé les contours d'une magique rencontre, magnétique attraction étrangère à toute rationnalité pragmatique. Puis la route radieuse s'est scindée en chemins désenchantés et les amants perdus, contraints à l'évidence d'une déception soudaine, s'en sont allés, amers. Gâchis des plus frustrants tant les premiers émois avait laissé présager le meilleur.


Tout avait commencé par des présentations en bonne et due forme: Stéphane Saunier programme dans son émission, "L'Album de la Semaine", une jeune formation anglaise du nom de Wolf Alice. On vous épargnera l'éternelle complainte du célibataire épleuré, se liquéfiant à la vue de la superbe Ellie Rowsell, énigmatique, timide, l'oxygène au milieu du rock suffocant de Wolf Alice. Pourtant, il faut bien admettre que cette jeune chanteuse possède un charme incroyable: de cette frêle blonde aux yeux olives émane une voix cristalline, pure, jamais forcée, aimantant la moindre parcelle d'attention de l'auditeur aventureux. "Giant Peach" est pourtant loin de faire la part belle aux émotions planantes et à la douce magie musicale à l'écoute de ses relans grunge tout en distorsion, ses larsens crispants et son riff Airbournien. Mais que vient-elle faire dans cette pagaille sonore, au demeurant jouissive au possible, mais ô combien décalée en comparaison de sa douceur vocale ? Et bien c'est justement cet habile contre-pied, cette musicale contradiction qui donne à Wolf Alice tout son charme. L'envoutêment prend racine.


Le ton donné, les anglais lâchent les chevaux avec le tripolaire "You're A Germ", son couplet sussuré, son refrain criard et ses guitares extirpées des entrailles du Détroit cher à Jack White, ou encore le spatial "Your Loves Whore" auquel on pardonnera la poésie de son titre pour mieux s'attarder sur ses silences rythmiques troublants, sa mélodie langoureuse et ses guitares dans la pure tradition de la britpop mancunienne. Ellie Rowsell, toujours aussi pudique, capte l'attention sans partage, ne laissant à ces collègues que de petites miettes éparses de sympathie, malgré un guitariste au touché subtil et au son travaillé avec soin ("Bros.", à coup sûr l'une des pierres angulaires du son de Wolf Alice). "Lisbon" laisse imploser la rage de la chanteuse ("I'm smashing windows"), déflagration sonore étouffée sous le dôme d'une retenue scénique et lyrique, amenant frustration et discernement à coexister dans une tête tourmentée et un coeur agité. On se plait à croire au coup de génie au vu de cette osmose totale, cette addiction perverse qui ne laisse aucune place à la nuance, abandon total d'une objectivité critique emportée sous les flots d'un torrent sentimental pour ce groupe révélation.


Le feu des émotions brûle au point d'entamer une recherche imminente sur cette formation, il y a peu encore, injustement ignorée. Et Wolf Alice, aussi jeune soit-il, semble déjà posséder un bagage certain avec deux EP, Blush EP et Creature Songs et trois simples dont les sorties seront ponctuées de deux passages au mythique Glastonbury (2014 et 2015). Le groupe entretient un lien particulier avec NME qui, après avoir plébiscité le groupe dans sa section "Radar", a attribué un 9/10 à l'album lors de sa sortie en juin de cette année. En bref, tous les voyants sont au vert, l'humeur au beau fixe, on se laisse aller à imaginer la suite de cette belle histoire aux lendemains radieux. Une espérance élévatrice trop innocente.


L'écoute de l'album rend justice à la performance de Wolf Alice dans le locaux de la chaine cryptée et s'affranchit aisément de l'attractivité scénique de la bande: la batterie, énergique, porte les effluves grunge du groupe avec brio, cymbales cinglantes et caisse claire claquante à l'appui. Les guitares sont toujours très habilement travaillées, alternant passages bruts à forte distorsion et phrasés coulants tout en phasing et chorus, dualité singulière du groupe. Les arrangements sont globalement plus présents (claviers, couches de guitares superposés avec une pointe d'exagération notamment sur "Lisbon") et la tendance plus suave du groupe se confirme, même si la chaleur de l'interprétation live transparait aisément sur le disque studio. Wolf Alice est donc un excellent groupe de scène puisque tous les éléments entraperçus en live se retrouvent sur My Love Is Cool, album réussi dans sa globalité mais qui laisse place à une amertume grandissante au fur et à mesure des écoutes et tempère les palpitations initiales du mélomane ensorcellé.


La structure de l'album ne joue pas en faveur du passage du groupe dans l'émission musicale hebdomadaire tant les titres joués composent quasi exclusivement la première moitié de l'album. Autant dire pas ou peu de surprises pendant une bonne quizaine de minutes puisque s'enchaînent "Bros.", "Your Loves Whore", "You're A Germ" et "Lisbon", qui sont d'ailleurs plus ou moins extraites du même moule grassouillet musicalement et fondant lyriquement. Puis le calme, des ambiances épurées, presques décharnées ("Silk") où la voix d'Ellie Rowsell prend toute son ampleur et se laisse aller à des variations mélodiques ondulées des plus plaisantes. Loin de s'attribuer toute le mérite, elle laisse le micro libre lors d'un "Swallowtail" lancinant, à l'acoustique fragile bien loin des troubles d'un "Fluffy" déchainé, bordélique et loin d'être réussi, concluant l'album. Et c'est là que le bas blesse. Car My Love Is Cool est profondément inégal, s'affranchissant de toute ligne directrice claire et lorgnant trop d'un côté grunge anarchique ("Giant Peach") une fois, puis trop d'un côté pop anglaise aux arrangements vaporeux qui rappelle les récents London Grammar une autre fois. Les expérimentations de "Freazy" manque clairement de justesse, d'entrain alors que le rythme semblant s'accélérer tombe à contre-temps à mesure que l'écoute perd en intérêt. L'ouverture de l'album par le néanmoins sublime "Turn To Dust" avait déjà dérouté et il est indéniable que la magie s'estompe peu à peu, perdant le fil si scintillant qu'on avait pris tant plaisir à contempler.


Le constat est sans appel, My Love Is Cool est trop incomplet, trop dispersé pour prétendre au titre de réelle réussite. C'est d'autant plus décevant qu'on décelait d'entrée chez Wolf Alice tout ce condensé du rock anglais si jouissif, de PJ Harvey à London Grammar en passant par Oasis et encore tout un tas de références indie, new wave, pop, punk etc. Déjà entendu mais pas comme ça, le son de Wolf Alice peut se targuer de détonner et d'offrir une pléiade d'émotions diverses, de l'émerveillement à l'ennui. On pardonnera au groupe ces quelques fougueuses erreurs de jeunesse et cette dispersion qui dans le fond n'est pas vraiment déplaisante. Reste que les promesses du live restent vaines, offrant un bon album de début de carrière, sans plus. On surveillera quand même de loin la trajectoire de cet amour aussi éphémère qu'intense.


Chansons conseillées: "Giant Peach", "Bros", "Turn To Dust"

 

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