Yes
Yessongs
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1- Opening (excerpt from / 2- Siberian Khatru / 3- Heart of the Sunrise / 4- Perpetual Change / 5- And You And I: A. Cord Of Life / B. Eclipse / C. The Preacher The Teacher / / 6- Mood for a Day / 7- Excerpts From / 8- Roundabout / 9- I've Seen All Good People / 10- Long Distance Runaround / The Fish (Schindleria Praematurus) / 11- Close To The Edge: A. The Solid Time Of Change / B. Total Mass Retain / C. / 12- Yours Is No Disgrace / 13- Starship Trooper: a. Life Seeker / b. Disillusion / c. Würm
En 1972, Yes est au sommet de sa gloire. Grâce à la combinaison The Yes Album / Fragile qui avait défini son identité musicale, puis Close to the Edge, tout en sa démesure, le groupe était devenu paradigmatique de la scène progressive. On pourrait dire en usant de la métonymie qu’il en était devenu l’incarnation.
C’est ce qui justifiait un album live sous forme d’état des lieux, de best-of, faisant fi des normes d’enregistrements – Yessongs est un triple de plus de deux heures, comme le groupe se moquait des limites imposées jusqu’alors aux musiques populaires.
Enregistré lors des tournées célébrant Fragile et Close to the Edge, c’est-à-dire en février pour la première et novembre/décembre 1972 pour la seconde, les morceaux présentent le groupe dans sa formation classique, c’est-à-dire Anderson/Wakeman/Squire/Howe, avec un seul changement à la batterie perceptible sur ces enregistrements. En effet, entre les deux tournées, Bruford avait été remplacé par White, c’est pourquoi les deux sont crédités.
Puisque leur grand œuvre de Yes était au cœur de la deuxième tournée, il n’est pas surprenant de le retrouver en intégralité sur Yessongs où les trois pièces de Close to the Edge sont interprétées. "Close to the Edge" aura bien sûr le droit à une face et à une version globalement fidèle, dont on soulignera tout de même les divagations guitaristiques virtuoses, seul changement notable et appréciable. Peu de chose à dire de "And You and I", alors que "Siberian Khatru" est sublimé, plus dynamique, entre How et Rick Wakeman qui se lâchent totalement. Ce dernier d’ailleurs réserve une petite surprise au public en jouant extrait de son album à venir The Six Wives of Henry VIII.
Le reste est de l’ordre du best-of : l’énergique "Roundabout" reste très fidèle au studio comme "I’ve Seen All Good People" et "Starship Trooper" (sauf sur les claviers au final) alors qu’"Heart of the Sunrise" est plus original avec des claviers plus expérimentaux, des arpèges plus élaborés et une basse libérée. Yes sort par contre des clous quand il allonge les titres comme "Perpetual Change" qui dure ici un quart d’heure, de même que "Long Distance Runaround/The Fish" et "Yours Is No Disgrace". Les deux derniers morceaux connaissent des prolongements principalement fondés sur les improvisations de Steve Howe, tandis que l’ensemble des musiciens se montre incroyablement habile et virtuose sur "Perpetual Change", Bruford en tête (à noter que la captation des deux titres de la tournée Fragile semble être meilleure). Néanmoins, qui voudra utiliser Yessongs comme une bonne compilation devra passer au-delà des limites de l’enregistrement, un son à la qualité variable qui manque parfois de relief et peut s’avérer étouffé.
Yessongs est plutôt un bon témoignage de Yes au moment où le groupe domine la scène progressive. Il semble par contre légèrement surestimé par les amateurs, puisqu’il est selon nous un peu trop long, d’autant plus que les titres restent la plupart du temps assez fidèles aux versions studios, et d’une qualité sonore décevante. Il n’en reste pas moins la première photographie d’une formation mythique sur scène dans sa composition la plus culte, ce qui est loin d’être anecdotique.
À écouter : "Heart of the Sunrise", "Siberian Khatru", "Perpetual Change"