Grunge, jeunesse éternelle

Le Grunge est il le dernier mouvement musical d’importance aux Etats-Unis ?

Si ça n’est pas la thématique principale du livre, c’est une des questions que pose Charlotte Blum, dans son magnifique “Grunge, jeune éternelle”, sorti aux éditions E/P/A en Octobre 2021.

Un livre générationnel, qui s’intéresse davantage aux valeurs et motivations du grunge qu’à l’histoire de ses plus illustres représentants. Et c’est le premier point fort du livre, ne pas s’attarder plus que nécessaire sur les "Nevermind", "BadMotorFinger", "Ten" dont on a déjà tout lu, vu ou entendu. Charlotte Blum s’attaque à l’âme du grunge, sa genèse bien sûr, ses limites aussi, mais dresse un portrait passionnant de ce “bouillonnement” créatif, qui va bien au delà des chemises à carreaux et du DIY.

“Grunge, jeunesse éternelle” dépeint tout un pan de cette contre-culture américaine, via le prisme de la ville de Seattle évidemment, mais aussi en mettant en avant l’une des composantes du Grunge : l’inclusivité voulue et revendiquée par les groupes de l’époque, conférant au grunge une conscience féministe assumée, et qui peut nous avoir échappé au fil des ans. Avec tout au long du livre, des témoignages passionnants de celles qui ont contribué à l'essor du Grunge : de Dejha à Megan Jasper (actuelle boss De Sup Pop entrée en tant que réceptionniste) en passant par des extraits de témoignages des L7, Bikini Kill ou 7 Year Bitch.

Le livre est à ranger dans la catégorie des “Beaux-livres”, avec une maquette parfaite, de sublimes photos d’époque qui ont su capter l’énergie du moment (et dont beaucoup sont en noir et blanc, à l’image de la “charte” du mythique label Sub Pop, autre fil rouge du livre). Et pour qui a vécu et aimé, et aime toujours passionnément cette musique, on termine l’ouvrage avec un vrai pincement au coeur, “Grunge” ne faisant évidemment pas l’impasse sur ses héros, sur nos héros des nineties disparus trop tôt.