The Maccabees
Salle : Cardiff University (Cardiff, Royaume-Uni)
Première partie : Mumford & Sons
En délaissant les petits clubs indie et autres caves undergrounds pour assister à un concert à l’université, force est de constater que la moyenne d’âge chute violemment, tendance acné, appareils dentaires, mecs taillés comme des allumettes, malgré tout étrangement redoutables lors des pogos. La personne devant moi ressemble à une fillette et écrit I LUV U sur les mains de sa copine pour qu’elle puisse les montrer au chanteur beau comme un dieu (avant que leurs corps maigrelets ne se disloquent contre les barrières sous la force de la masse enragée). Car les compères des petites gonzesses passionnées version Mon Petit Poney tapent plus dans la sauvagerie adolescente aidée par trois litres de bières avalés cul sec.
Le déchaînement hormonal viril attendra, car arrive la première partie, Mumford And Sons. Les chansons studios ennuyeuses laissent place à un live de première qualité. Le groupe est quelque peu surnaturel : Le leader est au micro, à la guitare et à la batterie, jouant des trois à la fois, le pianiste cache ses mains dans les manches de son gilet qu’on croirait volé à Kurt Cobain... Les chansons deviennent plus amples sur scènes, et fonctionnent agréablement. Ce qui leur permet d’éviter la punition classique de la salve de gobelets de bières tailles pintes.
Puis, en un seul émoi sexuel, la salle accueille The Maccabees après une attente interminable. Le guitariste Hugo White, avec ses grands cercles violets autour des yeux et ses attitudes titubantes et épuisées ressemble bizarrement à un Pete Doherty grande époque défoncé jusqu’à la racine des cheveux, mais sans que sa partie ne s’en ressente. Felix White est le mec funky par excellence, il interagit avec le public, fait des sourires et des clins d’œil. Et Orlando Weeks le chanteur, acteur des rêves humides de toutes les adolescentes présentes, observe crânement la foule en poussant sa voix hallucinante. Ils sont tous très différents, ne se regardent pas souvent, mais sont en totale symbiose musicale.
D’où un spectacle puissant et résolument punk malgré le tournant moins sautillant du second album. Les chansons de Wall Of Arms s’inscrivent en totale continuité de ceux du premier effort. Alors qu’ils débutent par le tubesque "No Kind Words" de façon parfaite, la salle ronge son frein et attend la deuxième chanson pour se presser contre les barrières, hurler, bondir, et faire voler les gobelets de bières en une pluie odorante. Le groupe fait la part belle aux morceaux phares de Colour It In ("Latchmere", "X-Ray", "First Love", "Toothpaste Kisses") beaucoup plus qu’à ceux du second opus. L’ambiance est à la transe du public et à la marée de corps suants sous les coups des hymnes pétaradants.
The Maccabees est l’expérience ultime du live de jeune groupe post-punk. Une mitraille de chansons toutes plus excellentes les unes que les autres, une ambiance du feu de Dieu, une puissance impressionnante qui fait sortir un titre comme "Love You Better" de son carcan quelque peu léthargique et mélancolique pour en faire un bouquet final d’une rare efficacité. Le set est fulgurant, la salle se rallume au bout de 45 minutes avant qu’on n'ait réellement compris ce qu’il se passait. Le public sort en ayant l’impression d’avoir pris la claque de l’année.
Note que The Maccabees passent en France pour une date unique le 10 juin. Pour les Parisiens, les rater serait alors très ballot.