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Compte-rendu de concert

Mastodon


Date : 22/06/2015
Salle : Z7 Konzertfabrik (Pratteln)
Première partie : Phased

Mastodon a profité de la nouvelle décennie et de deux albums gigantesques pour exploser et se voir sacrer nouveau pape du metal stoner, genre plébiscité par toute une vague de jeunes formations (Kylesa, Red Fang, TorcheThe Sword) qui se révendiquent allégrement du groupe d'Atlanta. Leur passage au Z7 de Pratteln était donc l'ocassion pour Albumrock de vérifier l'étendue de leur talent et de constater que l'exercice live est plutôt délicat pour la bande à Troy Sanders. Le résultat est sans appel : un concert particulièrement contrasté.

Etienne, le 25/06/2015
( mots)

C'est sous un immense drap multicolore aux couleurs du dernier opus du groupe, que se présente Mastodon dans un Z7 au public étonnamment clairsemé. Il faut dire que le groupe s'est déjà produit dans cette même salle voilà à peine six mois et, n'ayant opéré aucune sortie discographique majeure entre temps (on fera exception du vinyle live spécial pour le Record Store Day), tout laissait à penser que le concert serait plus ou moins équivalent à celui délivré cet hiver. Cela n'a pas manqué, à l'exception de "The Czar" se substituant à "Divinations", Mastodon délivre un show mécanique, bien huilé, sans surprises.

Avant toute chose, la bande d'Atlanta propose en guise d'ouverture une groupe local (des suisses donc), Phased. Les helvètes peinent à rameuter du monde devant la scène: en cause, leur stoner rock très lent, limite sludge, ne séduit guère l'auditoire. Le chant mi-growlé, mi-clair, particulièrement abrasif, nuit à une ambiance sonore plutôt agréable, mais quand même très classique. Les morceaux longs et peu variés, ajoutés à une balance approximative où chaque coup de caisse claire résonne à en faire palir un albinos, auront raison d'un parterre de fans se dispersant rapidement, préférant la douce compagnie du comptoir du bar au gentil et molasson métal proposé sur scène. Le temps d'interpréter cinq morceaux en un peu moins d'une trentaine de minutes et les suisses repartent comme ils sont venus, accompagnés de maigres applaudissements. Difficile d'ouvrir pour les maitres du genre, qui ne tarderont pas à lancer les hostilités, au son de l'introduction acoustique du désormais classique "Tread Lightly".

Avec une setlist axée principalement sur Once More 'Round The Sun (7 morceaux sur 16, et à peine 1h30 de concert), Mastodon prend le risque de perdre ses fans de la première heure. Clairement, les deux derniers albums sont marqués par une accessibilité grandissante à un groupe qui ne l'a pas toujours été. Au milieu des "Halloween", "Ember City" ou "Chimes At Midnight", on redécouvre pourtant avec un plaisir non feint, les bijoux de Levianthan ("Aqua Dementia" et son intro toute en malicieuses subtilités) ou Blood Mountain ("Bladecatcher"). Le groupe, oscillant entre ses aspirations nouvelles et ses relicats brutaux, peine malgré tout à trouver le juste équilibre dans son interprétation, tantôt explosive, tantôt indolente, l'amplitude de la voix de Brent Hinds étant très variable et le guitariste beaucoup plus en retrait que ses camarades. Le supplice hurlé du couplet de "Blasteroid", troisième chanson du set, voyait le guitariste serrer les dents et chercher l'aide de Troy Sanders d'un oeil moribond.

Ces interprétations inégales dans leurs intentions, ne souffrent toutefois pas d'un manque de soutien. Car s'il y a bien une constante chez Mastodon, c'est sa technicité et la qualité de sa section rythmique, qui propose bien plus qu'une simple logistique de luxe, mais une vraie signature musicale, ce qui est particulièrement rare pour deux instruments (à savoir basse et batterie) souvent réduits à suivre une identité sonore insufflée par le reste du groupe. En concert, aucun doute, Brann Dailor maintient le cap et explose ses toms avec une précision chirurgicale. C'est à se demander comment un homme fait de deux bras et de deux jambes peut taper autant et si vite sur une batterie (les breaks d'"Oblivion" donneront quelques heures de travail aux apprentis Bonham). Et comme pour en rajouter à la performance, Mastobrann, comme indiqué sur ses baguettes, se permet des vocalises haut perchées sur l'excellent "The Motherload" et s'adonne à une belle passe d'armes avec Troy Sanders, qui est loin d'être en reste ce soir là. C'est toujours la grande inconnue avant un concert de Mastodon: l'état des cordes vocales de chacun. Par chance, le bassiste et charismatique leader comblera les lacunes de Brent Hinds en délectant les spectateurs de ces chants gutturaux uniques et d'un jeu de scène décontracté, allant et venant à la rencontre d'un premier rang chanceux. A n'en pas douter, Mastodon doit beaucoup à son batteur et son bassiste qui fournissent des efforts exemplaires pour magnifier un show qui souffre de son manque d'interaction global avec un public, certes épars, mais qui méritait un peu plus que la froide pudeur affichée.

L'ambiance est loin d'être celle que le groupe a pu connaître au Hellfest trois jours plus tôt, et dans cette salle qui a vu Mastodon fouler sa scène trois fois en un an, les américains se contentent du strict minimum. A part quelques timides sourires, un ou deux jetés de médiators de Billy Kelliher, une seule intervention sera à mettre au compte de Troy Sanders qui, même s'il ne semble pas bouder son plaisir, est peu enclin à l'expression orale ce soir là. Le groupe enchaine les titres les uns derrière les autres, s'abrogeant même des remerciements usuels. Parallèlement, la fosse, statique, se veut aussi sage que polie : la sobriété des applaudissements ponctuant chaque chanson ne peut réchauffer une ambiance ternie par un manque d'entrain général. L'impavide "Halloween" peine à convaincre, au même titre que "The Czar" qui conclue ce concert sur une dizaine de minutes d'un stoner décomposé inégalement, alternant riffs percutants et phrasés agaçants. Même si Brent Hinds réveille son touché ravageur au contact de sa double manche signature, cette reviviscence tardive échoue dans l'exécution d'un achèvement scénique magistral tant espéré.

La magie psychédélique de Mastodon est pourtant bien là épisodiquement. Le groupe peut même se tarer d'être un des seuls à pouvoir à la fois déclencher un déchainement d'énergie furiesque allié à une jouissive torpeur magnétique. Les riffs chantants de "Black Tongue", "High Road" ou "Oblivion" sont la porte d'entrée dans le monde majestueux de Mastodon, mêlant habillement de brillantes compositions aux vagues sensuelles d'un son lourd et profond. Les notes du groupe emplissent les têtes tournoyantes, obsédant rituel symptomatique d'une libération corporelle au profit d'une écoute absolue. Les cultes "Megalodon" et "Crystal Skull" détonnent et offrent en point d'orgue de ce concert, des moments de communion intenses avec un public timide mais fédéré qui n'hésitera à manifester énergiquement son contentement après ses deux interprétations de haute voltige.

Il est frustrant de constaster que Mastodon, par sa prestation ambigue au Z7, n'affirme pas son statut de monstre sacré du métal. Alors que les productions studio transportent, les interprétations live sont dignes d'une transcedance chère à Kant. Pour autant, isolées, elles n'auront eu qu'un effet soufflet, réhaussant temporairement l'intensité d'un concert bien trop court, où quelques perles ("Dry Bone Valley", "Iron Tusk") manquent indéniablement à la palette sonore du combo. L'excellent "Asleep in the Deep" n'aura pas droit non plus à son moment de gloire scénique et un éventuel lâché de chats sous LSD dans la fosse (cf le génial clip sorti récemment). Introvertis, les quatre musiciens d'Atlanta sont apparus trop sérieux pour enflammer une salle, il est vrai, bien vide. Et dire que Devin Townsend a joué à guichets fermés dans cette même salle voilà trois mois. Mystère quand tu nous tiens.

Setlist : 01. Tread Lightly - 02. Once More 'Round The Sun - 03. Blasteroid - 04. Oblivion - 05. The Motherload - 06. Chimes At Midnight - 07. High Road - 08. Aqua Dementia - 09. O'le Nessie - 10. Halloween - 11. Bladecatcher - 12. Black Tongue - 13. Ember City - 14. Megalodon - 15. Crystal Skull

Rappel : 16. The Czar

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