Wolf Alice

Si notre présence au concert de Wolf Alice à Paris le 5 novembre était incertaine jusque dans les derniers instants (il aura fallu guetter la moindre opportunité sur les sites de reventes pour mettre la main sur les précieuses places de concert), nous ne pouvions décidément pas nous résigner à manquer le rendez-vous avec une des formations rock les plus exaltantes du moment ; une étoile montante qui a su se hisser à la toute première place de notre classement des Albumrock Awards 2021 avec son album Blue Week-end ! Tout juste revenu d’une imposante tournée nord-américaine, le groupe mené par l’éblouissante Ellie Rowsell rempile pour une nouvelle série de concerts à guichet fermés à travers l’Europe (signe encore une fois de la nouvelle dimension prise par la petite bande originaire de Londres).

Nous étions donc tout sourire devant le Trianon, mythique salle de spectacle située au pied de la butte Montmartre, impatients de découvrir les nouvelles compositions du combo avec la magie du live. La soirée fut plus que satisfaisante, avec un show à l’image du groupe : éclectique, beau et raffiné (sans oublier une certaine touche de folie).

Avant de vous retranscrire cette magnifique soirée, nous féliciterons l’artiste français SiAu qui a su assurer, seul, la première partie. Heureux et ému de se produire sur une si belle scène (ce dernier ayant appris la nouvelle deux jours avant le concert), le jeune homme a dévoilé une personnalité attachante et sensible, enchantant le public avec sa pop teintée d’électronique et chantée en français.

Entrant sous les acclamations du public, les cinq membres de Wolf Alice (dont un claviériste embauché pour la tournée) débutent leur show sur les chapeaux de roues avec le tonitruant "Smile", puis avec le sautillant "You’re a Germ", véritable ode punk-rock fédératrice et insouciante issue du tout premier album du groupe (My Love is Cool). En plus de mettre la foule dans de bonnes dispositions, ce petit retour dans le passé est l’occasion d’admirer le chemin parcouru et la réelle progression des Anglais (tant en termes de style que de song-writting). Une évolution qui saute aux yeux au moment d’appréhender les bijoux de sensibilité que sont "Delicious Things" et surtout "Lipstick on the Glass", deux grands moments d’émotion qui nous transportent hors du temps. Force est de constater que ces nouvelles compositions sont tout aussi poignantes en live que dans leur version studio, et se voient même renforcées par les chants synchronisés d’un public conquis et connaissant les paroles sur le bout des doigts ! (à noter qu’un certain nombre de Britanniques avait effectué le déplacement pour l’occasion).

Indissociable de cette réussite, Ellie Rowsell illumine de sa prestance tout en livrant une prestation vocale de haut niveau. Si le charme et le charisme de la chanteuse britannique ont tendance à attirer les feux des projecteurs, les autres membres du groupe - le guitariste Joff Oddie et le bassiste Theo Ellis en tête - ne déméritent pas. Ces derniers ont de l’énergie à revendre, et assurent le spectacle entre lancé de guitare dans les airs et instants de communion avec le public. Fidèle à lui-même, le batteur Joel Amey propose une interprétation précise et nuancée et apporte une profondeur d’écoute supplémentaire en gérant les différents chœurs.

Tout s’enchaîne de manière fluide et maitrisée, avec une répartition plutôt équilibrée entre les trois opus du groupe. Cela permet notamment de varier les styles et les intensités à travers un spectacle qui nous fait passer par toutes les émotions : en étant envouté par la mélodie délicate de "Planet Hunter", en dansant sur le rythme de "Space & Time", ou encore en se laissant aller à un petit pogo sur l’explosif "Play the Greatest Hits".

Le groupe marque également les esprits à travers ses morceaux les plus singuliers : la montée en intensité du formidable "How Can I Make It OK ?", la dimension presque cosmique et hallucinée de "Feeling Myself" ou encore les élans noise-rock/stoner de l’imposant "Visions of a Life". Une attention particulière est également donnée à l’aspect esthétique du spectacle avec un beau jeu de lumière (rappelant le mélange de couleurs rose et turquoise de la pochette de Blue Week-end), ou avec quelques passages plus chorégraphiés voyant l’ombre de Ellie Rowsell projetée sur l’arrière-plan.

Alors que le concert approche de son terme, le groupe lance le magnifique "The Last Man on Earth", dont la mélodie délicate et rêveuse a vite fait d’installer une atmosphère intimiste dans la salle. Si le traditionnel rappel en fin de concert n’a plus grand-chose de spontané (ou d’improvisé), quelle fut notre surprise lorsque Ellie Rowsell réapparut - quelques minutes plus tard - dans les gradins pour reprendre quasi a cappella le morceau "No Hard Feelings".

Wolf Alice aura clairement marqué les esprits durant ce très beau concert. Nous avons là un groupe particulièrement complet qui affiche une progression d’album en album et qui ne semble pas encore avoir dévoilé toute l’étendue de son potentiel. Un grand groupe en devenir à qui l’on souhaite de profiter des dernières semaines d’une tournée triomphante.



Setlist:
Smile
You're a Germ
Formidable Cool
Delicious Things
Lipstick on the Glass
Planet Hunter
Space & Time
Bros
Safe From Heartbreak (If You Never Fall in Love)
How Can I Make It OK?
Play the Greatest Hits
Silk
Feeling Myself
Lisbon
Visions of a Life
The Last Man on Earth
Giant Peach

Rappel :
No Hard Feelings
Don't Delete the Kisses