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Discorama 2000's : les incontournables garage


Maxime, le 07/04/2010

2000-2002


The Strokes : Is This It
août 2001

Is This It a marqué les esprits à bien des égards. Premier choc, la pochette, provoc mais classe. Les américains ne la virent jamais, trop "obscène". Et c'est dommage, car l'air de rien, cette image définissait clairement ce qui attendait l'auditeur une fois le disque sur la platine. C'est le deuxième choc. Avec son premier album, The Strokes a fait réaliser au monde de la musique qu'un tel son, à la fois ancien et plein de renouveau, lui avait manqué. Is This It est un disque des années 2000 par ses thèmes et sa nervosité, mais ses modèles sont dans les entrailles du rock, Velvet Underground en tête.

Voix étouffée, son faussement posé, guitare en mode distorsion, swing à l'embuscade, Is This It surprit par sa maturité. D'autant que les cinq garçons qui produisent ce son ont alors la vingtaine, et une assurance très rock'n roll. Leur son est âpre mais vibrant, faussement simple mais véritablement inspiré. Cela donne des morceaux aux rythmes stroboscopiques propres à donner une attaque sur la piste de danse des caves new-yorkaises ("The Modern Age", "Someday", "Hard To Explain", "When It Started") mais aussi de vrais moments de rock à l'ancienne ("Barely Legal", "Alone Together", "Last Night", "Take It Or Leave It"), encore une superbe balade comme seul le garage peut en livrer, "Trying Your Luck".

En ce début des années 2000, The Strokes débarque juste avant The Libertines, et dans le sillage des premiers White Stripes. Is This It annonce le renouveau du garage version 00. Un son toujours aussi âpre, rouillé et accrocheur, qui bénéficie de nouvelles influences. De nombreux groupes suivront, et la mode des formations en "The" fera son retour. On est loin des précurseurs, Beatles ou Rolling Stones, mais pour certains, ces nouveaux venus sont tout aussi frais dans leur intention. Après Is This It, The Strokes prendra quelques distances pour tenter un son plus électro, mais son premier opus reste l'un des fleurons du genre pour les années 00.
Elise

lire la chronique de l'album


(The John Spencer) Blues Explosion : Plastic Fang
avril 2002

Ce n’est pas un scoop : dans le rock, comme ailleurs, il ne fait pas bon être trop en avance. Ce qui fut le cas de John Spencer et de son Blues Explosion. Il fut l’un des rares, sinon le seul, à secouer l’étendard vacillant d’un rock’n’roll crade, abrasif, fier de ses racines, au beau milieu de nineties tiraillées entre le déclin du grunge et le totalitarisme de l’électro. Alors que Jack White balbutiait ses premiers riffs dans son garage de Detroit, Spencer multipliait déjà les sorties d’EP, collaborations éclair et albums bouclés dans l’urgence, professant un retour au vintage décliné sur tous les formats vinyles possibles, jusqu’à l’acétate inflammable. 10 ans avant que les Black Keys flirtent avec Danger Mouse et montent le projet Blackroc, il avait déjà eu le flair d’acoquiner son binaire primitif avec la science experte des producteurs contemporains issus du hip-hop ou de l'électro, s’adjoignant les services de Dan The Automator et d’Alec Empire sur son révéré Acmé (1999). Et comme ce fut le cas pour les Stooges, ses descendants illégitimes lui marchèrent sur le visage pour grimper sur le podium. Les années 2000 scandèrent les noms de Hives, Vines, Strokes haut et fort, se contentant de murmurer celui du combo new-yorkais.

Est-ce là une cruelle injustice ? A moitié, car John Spencer a ce travers très connu chez les puristes : trop révérencieux face à ses racines pour oser les trahir et ainsi s’affranchir du cercle des initiés. Parvenu au faite de sa popularité à l’orée du nouveau millénaire, il s’est replié sur ses fondamentaux rythm’n’blues, garage et punk blues sur les deux disques qu’il livrera dans la décennie avant de monter le duo Heavy Trash, laissant avec dédain les jeunes pousses récolter les graines de la gloire qu’il avait obstinément semé. Sorti quelques mois après l’entrée fracassante des Strokes et des White Stripes dans le cirque planétaire, Plastic Fang se dresse orgueilleusement sur ses dogmes, ici rock stonien et blues suppurant, en se contrefoutant du mouvement revivaliste ambiant. Album le plus controversé de la discographie du Blues Explosion, les fans lui reprochèrent son côté ampoulé, pantouflard, ronflant. Qu’ils aient tort ou raison n’est pas la question, car cet album reste, même a minima, la démonstration la plus éclatante du talent de son géniteur.

Bouclé en hâte en plein Manhattan caniculaire, Plastic Fang renoue avec le binaire torride, volcanique et saignant tel que professé par Spencer jusqu’à Acmé. Placé sous l’égide des Stones, le pari est ici d’engendrer le disque que la bande à Mick Jagger est désormais incapable de fournir, un défi auquel s’attèleront également Primal Scream (Riot City Blues) et les Black Crowes, dans une veine plus sudiste (Warpaint). Avec le producteur de Keith Richards aux manettes (Steve Jordan), l’Elvis new-yorkais renoue avec la violence obtuse des Pretty Things ("Sweet’n’Sour", "Shaking Rock’n’Roll Tonight"), tandis que Judah Bauer cisaille en zigzaguant de Mick Tailor à Keith Richards ("Point Of Vue", "Midnight Creep"). S’il sait pertinemment d’où son rock vient, le groupe n’en oublie pas de lui donner de la substance, rivalisant de tension sexuelle ("Down In The Beast", "Hold On") et d’imprécations lycanthropes ("Money Rock’n’Roll", "Killer Wolf"), conférant à son catalogue d’hommage un corps, une chair, des tripes et de la sueur. Un potentiel tube pointe même dans ce brillant bazar (l’imparable "She Said"). Piétinant avec jubilation originalité creuse et opportunisme roublard, Plastic Fang est un authentique concentré de rock’n’roll libidinal.
Maxime


The Vines: Highly Evolved
juillet 2002

Alors que Kurt Cobain se fait sauter la carafe en 1994, laissant toute une partie du paysage musical sur le carreau, il faut bien avouer qu'une bonne partie de la décennie écoulée s'est axée sur la recherche de son remplaçant. Aussi bien les maisons de disques, cherchant un nouveau phénomène de cette ampleur, que les adolescents en manque de repères. Et même si aujourd'hui l'affaire est entendue et que Peter Doherty semble être le digne successeur de l'ange blond (on ne parle bien entendu pas de musique, mais plutôt du rayonnement), il y eu tout un tas de prétendant au trône. Et notamment Craigh Nicholls, petit Australien rachitique à la tête de The Vines et qui débarqua en 2002 avec un album détonnant portant le nom de Highly Evolved.

Il faut dire que le petit père avait tout pour lui. Il était jeune (23 ans), portait le mal-être comme personne, ne possédait pas un physique de déménageur mais était doté d'une voix mêlant rage, fureur et mélancolie. Sensation de déjà vu me direz-vous ? Peut-être... Mais mieux que tout, le groupe possédait déjà un hymne fédérateur d'une efficacité redoutable ("Get Free") et leur premier album allait autant piocher chez Nirvana ("Highly Evolved", "Factory") que chez les Beatles ("Autumn Shade", "Homesick") ou les Pixies ("Outtathaway"). La conclusion semblait toute tracée et The Vines était tout désigné pour influencer des générations entières de kids. Sauf que le succès brutal de cet album, plus de 1,5 millions de copies écoulées, associé aux problèmes de santé de Nicholls, allait tout foutre en l'air. Le messie tant attendu n'était toujours pas celui que l'on croyait. Et depuis, le groupe n'est plus que l'ombre de lui-même, incapable de retrouver cette ferveur qui a fait de ce Highly Evolved ce qu'il demeure encore aujourd'hui. Peut être un des disques les plus fédérateurs de ces dix années passées. Peut être, soyons fous, la meilleur réplique des années 2000 au phénomène Nevermind. Dommage que ce coup d'éclat soit resté sans lendemain.
Jérôme

lire la chronique de l'album


The Eighties Matchbox B-Line Disaster : Hörse Of The Dög
septembre 2002

Le long de cette rétrospective garage, il était inévitable que l’on revienne sur les incontournables Strokes, White Stripes, Libertines, Hives, ect… A dire vrai, tous ces sympathiques groupes ne sont qu’une bande des branquignols, de j’en-foutre, de bleu-bites, de baltringues comparés à cette association d’allumés notoires au nom imprononçable issu de Brighton. Les Eighties Matchox B-Line Disaster (c’est la dernière fois qu’on l’écrira en entier), eux, sont les véritables cintrés du lot. Tombé pile poil au moment où, suite au carton du Is This It des Strokes, les majors signaient à tour de bras tout ce qui portait des Converse et des jeans déchirés, le groupe livrait avec son premier opus le prototype même d’un disque de garage parfait, soit 10 morceaux défenestrés en 25 minutes avec cette savoureuse mantra en guise de coup de latte introductif : "Baiser ta mère, c’est un sale boulot, mais il faut bien que quelqu’un le fasse".

Fervents adeptes du bouddhisme, les EMBLD déchargent toute leur violence contenue dans leurs instruments. Le résultat s’avère fatalement brutal : un psychobilly dont on avait perdu la recette, quelque part entre Minor Threat, Wall Of Voodoo, Cramps et MC5. Les hymnes molotov s’accumulent ("Chicken", "Psychosis Safari", "Presidential Wave"), molestés par les riffs au napalm d’Andy Huxley, une section rythmique multipliant les coups de semonce et le chant de Guy McKnight, baguenaudant entre Iggy Pop en descente d’acide et Lux Interior gavé de métamphétamine, annonnant des stances grand-guignolesques ("I said get up you fuck and do what you can/It’s time to get up you've gotta fight like a man", "I'm gonna make you cry like a sadist/And I feel the water like a rapist", "I'm feeling my way through the dark/But I can't get out"). Surfant entre climats plombés par une basse gutturale vomissant Joy Division de sa gerbe de goudron ("Whack Of Shit", "Team Meat") et ruées destroy dévalées avec une violence hystérique aux limites du hardcore ("Giant Bones", "Fishfingers"), Hörse Of The Dög, avec ses trémas orgueilleusement chipés à Motörhead, se faisait fort de propulser ses instigateurs au rang de révélation en puissance.

Mais le public, saturé de groupes en The, sort effrayé de ce disque (de) malade(s), aussi cruellement abrasif que savoureusement neu-neu. Une batterie de clips dantesques et les louanges de la critique n’y feront rien face aux singles calibrés d’une concurrence inoffensive. Les EMBLD n’en ont cure et s’enferment en compagnie de l’illustre Chris Goss (Kyuss, Masters Of Reality, Queens Of The Stone Age, Nebula) pour donner naissance à leur second chef-d’œuvre, The Royal Society, dans un mood plus gothique. Et cette fois-ci, tout le monde les lâche, la critique, qui s’en va batifoler avec The Horrors, pauvre pisse-copie sans talent, et Universal, laquelle laisse définitivement tomber l’affaire. Ce second opus injustement mal-aimé sort en import en France, et le groupe se retrouve pris dans une spirale absconse, sommé de faire la première partie de System Of The Down à Bercy, devant 15 000 amateurs de métal niou arborant fièrement leur bouc constellé de pellicules. Autant donner de la confiture à des cochons. Evoluant désormais en autoproduction, le combo déjanté vivote, sortant un EP de temps en temps. Un troisième album est annoncé pour bientôt. Espérons que le départ du fantasque Huxley en 2005 ne leur aura pas fait perdre leur légendaire mordant.
Maxime


The Libertines : Up The Bracket
octobre 2002

Si les Strokes ont rallumé la flamme d’un rock moribond avec leur Is This It, il fallait que le flambeau traverse l’Atlantique pour incendier la vieille Europe. Les Libertines en seront le véhicule idéal, chipant gaillardement la torche à leurs frères ennemis new-yorkais, au risque de s’y brûler les doigts. Tant a été dit sur le tandem explosif Pete Doherty/Carl Barât, mais il mérite encore à l’heure actuelle tous les éloges et les plus sincères félicitations. Merci les lads pour avoir si brillamment redonné vigueur, foi et confiance à un genre dont on avait trop rapidement diagnostiqué la mort cérébrale.

Chaque nouvelle génération de rockeurs s’accompagne irrémédiablement d’un disque de la trempe d’Up The Bracket. La forme s’inscrit dans l’éternelle tradition britannique : un cœur romantique pulsant au rythme des Smiths, la virulence nasillarde des premiers Kinks, la morgue dandy des Jam, l’insolence anarchique des Buzzcoks poussée au cul par l’ardeur des Clash. Le rôle crucial des Libertines se joue finalement ailleurs. Ce ne sont ni des passeurs, ni des professeurs, mais de formidables désinhibeurs, remettant au goût du jour cette vieille idée d’un rock érigé en mode de vie absolu. La technique de jeu ? Explosée. L’attitude ? Perpétuellement éméchée. La démarche ? Titubante, puis affalé sur le sol, la tête dans le caniveau. Comment pratiquer le rock ? Comme une guérilla, investir le moindre squat, prendre le maquis dans les arrière-salles les plus glauques et sabrer sans fin sur sa guitare délabrée jusqu’à l’épuisement.

Fort de cette philosophie pratiquée pendant des années dans les bas-fonds de l’archipel briton, The Libertines est devenu le groupe le plus magnétique de sa génération. Ces deux personnalités si contraires, Pete Doherty (teint vomiteux, regard perdu dans le vague, âme lunaire et extravertie) et Carl Barât (droiture d’un soldat rock’n’roll, regard bleu profond, beau garçon timide), s'attirent, s'opposent et se confondent pour former une hydre à deux têtes personnifiant le rockeur total. La pochette de l’album (un cliché des émeutes argentines, déjà culte) et de ses singles (Barât pris sur le vif en train de mouliner son instrument pour "Up The Bracket") électrisent. Les concerts, joyeusement anarchiques, et les frasques (drogues, cambriolages, bagarres) fascinent. Et depuis eux, l’Angleterre sera pour toujours synonyme d’Albion, royaume imaginaire où la vie est toujours un peu plus magnifique et haletante que dans le monde réel. Le pouvoir d’attraction du quartet se mesure aux nombres d’ersatz qu’il va vite générer, en Angleterre comme en France (la mouvance baby rockeurs couvée par un Rock & Folk plus guidé par l’ivresse que le contenu du flacon). Mais de même qu’il n’y a rien de plus désagréable que de lire un mauvais clone de Bukowski, la cohorte de sous-Libertines se bousculant au portillon épuise. Parce qu’elle n’a retenu de l’affaire que les fringues et une certaine aristocratie destroy. Alors qu’Up The Bracket transpire le vécu, l’authenticité, la sincérité. Autant de notions qu’il est impossible de reproduire artificiellement.

Voilà bien ce qui distingue ce disque de la masse : cette extraordinaire vitalité, ce mouvement fougueux qui le traverse de part en part et emporte tout. Dans une époque où baiser, prendre du plaisir, appartenir à une culture marginale, bref, vivre un peu plus librement que la moyenne est devenu un délit, la morgue d’Up The Bracket détonne. Fidèles à leurs ancêtres, les Libertines excellent dans cette puissance d’affirmation adolescente qui sublime tant de chef d’œuvres du rock. Ce sont "these two cold fingers, these crooked fingers I show" ("Up The Bracket", un des singles clé de cette décennie, le déclencheur ultime) que l’ont tend quand on nous provoque, ce sont ces filles qui "scream and shout for the boys in the band", cette croyance obstinée dans sa propre vérité ("Just getting along and singing my song, people tell me I’m wrong. Fuck’em"). Dohery et Barât se voient promus au rang d’emblèmes. C’est à travers eux qu’une génération vivra par procuration sa soif d’interdit, son envie d’amitié fougueuse et fratricide, son désir de chaos comme moyen d’exister plus fort. Autant d’élans parfaitement captés sur ces 12 pistes comme autant d’instantanés, regorgeant de punk cloisonné aux portes du pub ("Vertigo", "Begging"), de déboulés sidérants ("Horrorshow", "The Boy Looked At Johnny"), de brit-pop écorchée à la mode molotov ("Time For Heroes"), de comptines cockney ("Death On The Stairs", "Tell The King") et de poésie griffonnée sur le mur des toilettes ("Radio America"). Tout parait joué à la va-comme-je-te-pousse, entre deux virées éthyliques dans les tréfonds urbains (le clash Mick Jones, posté à la production, a la lumineuse idée d’intervenir le moins possible). Doherty s’époumone, dévale les escaliers sans mettre le frein, Barât reste debout, prêt à soutenir son copain. Les morceaux semblent suturés au scotch, mais la section rythmique infaillible de John Hassall (basse) et Gary Powell (batterie) maintient toujours la troupe sur ses rails brinquebalants.

La suite était inévitable et participa à la légende : le groupe se consume rapidement par les deux bouts, Carl débarque Pete, un deuxième album, encensé par ceux dont le goût morbide les porte à préférer ce disque malade d’un groupe déjà mort, sort dans une ambiance de fête avortée. Par la suite, les deux frangins terribles poursuivront leur destinée en solitaire, Barât privé du talent erratique de Doherty avec ses Dirty Pretty Things, Doherty s’enfonçant dans la déchéance toxique et les errements artistiques avec Babyshambles, sans pouvoir s’appuyer sur l’épaule de Barât et recherchant depuis un succédané de son janus (Stephen Street, Graham Coxon). Les Abel et Cain de garage-punk vont enfin se réunir cet été pour quelques festivals estivaux. Cela fait très certainement un joli point final à une histoire d’amitié qu’on n’aurait jamais voulu voir rompre, mais les Libertines n’étaient-ils pas les plus grands quand ils gravaient sur une poignée de sillons des années de vie buissonnière passées à rêver le jour où ils pourraient faire le tour du monde et l’amour aux plus jolies filles ? Car, finalement, Up The Bracket se suffit tellement à lui-même, ouvrant une parenthèse qui n'a pas fini de se fermer. Ce disque ne changera ni votre vie ni vos chaussures, mais certainement la demi-heure que vous lui accorderez.
Maxime

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