La série d'été Albumrock : #21 Incubus
Pour occuper votre été, Albumrock vous offre cette année une série au principe assez simple : un rédacteur vous propose de découvrir ou de réviser un groupe plus ou moins culte en dix titres. Vous aurez droit à une sélection représentative qui vise à mettre en avant des morceaux pour leur place dans le répertoire du groupe, sans toutefois renoncer à la subjectivité avec des choix parfois plus inattendus. Aujourd’hui, les chantres du rock californien, passés par la case fusion à la fin des nineties : Incubus.
10-“Battlestar Scralatchtica”, Make Yourself - 1999. Si Brandon Boyd prend beaucoup de place et presque toute la lumière, Incubus est avant tout un groupe de vrais bons musiciens, injustement sous-estimés (sans doute de par l’évolution de leur musique mais là n’est pas le débat). Ce morceau instrumental, rond, groovy à souhait (quelles lignes de basse tout de même), est une jolie carte de visite, où personne ne tombe dans la démonstration technique, et qui fait office de transition entre le Funk débridé de SCIENCE et le rock californien qui arrive.
9-“Drive”, Make Yourself - 1999. Celles et ceux qui connaissent le groupe l’attendent alors ne tergiversons pas. Oui Drive est une ballade un peu adolescente, qui porte les stigmates musicaux de la fin des années 90 (ces scratches un peu téléphonés), mais ça reste une pop-song d’une rare efficacité, et musicalement moins anodine qu’elle en a l’air. J’en veux pour preuve les innombrables versions différentes et à la fois très réussies par le groupe en live.
8-“The Warmth”, Make Yourself - 1999. Incubus partage pas mal de points communs avec Deftones. Ils sont Californiens, affiliés à la scène néo-métal, vont très rapidement faire évoluer leur musique (dans des styles certes très différents) et comptent un DJ comme membre officiel dans le groupe. Si Dj Kilmore n’a pas la même subtilité que Frank Delgado, ni le même impact, ce sont ses platines et ses samples qui construisent l’ambiance aquatique de The Warmth.
7-“Are You In ?”, Morning View - 2001. Un choix sans doute curieux pour le seul titre de Morning View de ce Top (album néanmoins excellent). De la pop-funk et du groove par containers, voilà ce que nous propose Incubus sur “Are You in ?”. Rien de plus, rien de moins. C’est raisonnablement naïf, le duo scratches-guitares sonne « so 2001 », mais on ne boude pas notre plaisir à remuer la tête, notre planche de surf sous le bras.
6-"Sick Sad Little World", A Crow Left Of The Murder - 2004. Issu du meilleur album du groupe (à mon seul et humble avis), ce morceau de plus de 6 minutes permet de mettre en avant le talent incroyable des musiciens que sont Mike Einziger (guitare), Jose Pasillas (batterie) et Ben Kenney (basse). Un titre à tiroir, avec des variations rythmiques et des expérimentations sur sa partie centrale, qui sonne comme une jam live. Ce qui est un compliment compte-tenu de la réputation du groupe sur scène.
5-“New Skin”, S.C.I.E.N.C.E - 1997. 1998. Le néo-métal est à son firmament, porté par Korn, qui s’auto-proclame chef de file et organise des tournées avec les pointures, outsiders et sympathisants du mouvement : Limp Bizkit, Orgy, Ice Cube, Rammstein (!) et bien sûr Incubus, dont le premier album vient de marquer les esprits. Et c’est New Skin qui apparaitra sur la compilation live “Family Values”. Un titre d’une puissance inouïe (pour qui connait la suite d’Incubus), ourlé par des percussions afro (jouées par Boyd), des riffs résolument métal, et un chant qui alterne entre rap et refrains plus mélodiques voire hurlés. Le tout sans déroger à l’une des composantes essentielles du groupe : un groove massif et affirmé.
4-“Anna Molly”, Light Grenades - 2006. 2006, c’est un peu la fin de l’âge d’or pour Incubus, et Light Grenades constitue sans doute le dernier bon album du groupe. Sans être à la hauteur de ses prédécesseurs, l’album offre quelques réjouissances, comme ce Anna Molly, à l’énergie très communicative et à la patte Redhotchilipepperienne. Avec un bien meilleur chanteur évidemment.
3-“Deep Inside”, S.C.I.E.N.C.E - 1997. Fut un temps où Brandon Boyd avait des dreadlocks, une petite moustache, et n’était finalement pas plus beau que la moyenne. Mais ça, c’était avant. Une époque où le groupe se révélait au monde avec un fantastique album de fusion funk-rock-métal, qui piochait autant chez Living Colour que chez Faith No More, via notamment cette bombe qu’est Deep Inside. Gros riffs, break jazzy, chant hurlé-scandé-syncopé, parties instrumentales de très haute-volée, un morceau qui n’a rien à envier aux meilleures compos de la bande à Patton.
2-“Talk shows on Mute”, A Crow Left Of The Murder - 2004. Une des innombrables perles de “A Crow Left Of The Murder”, album de 14 titres pour près d’une heure, sans un seul raté. Bien sûr, nombreux sont ceux qui avaient déjà abandonné le groupe en 2004, regrettant l’évolution pop-rock un peu mainstream d’Incubus. Et pourtant, quand cela est fait avec goût, subtilité et armé d’une production parfaite (merci Brendan O'Brien), on y prend beaucoup de plaisir. "Talk Shows On Mute", mid-tempo chaloupé, bâti sur un gros motif de basse (il faudra qu’on parle un jour de Ben Kenney), est un nouvel écrin idéal pour la voix parfaite de Boyd. Le tout sur un texte bien troussé, et un jeu de mots sur Lights-Camera-Transaction. Ça n’est pas Rage Against The Machine, mais ça a le mérite d’aller au delà de la simple pop-song.
1-“Summer Romance (Anti-Gravity Love Song)”, S.C.I.E.N.C.E - 1997. Plaisir complètement subjectif et personnel, mais Anti-Gravity me fascine par son groove cuivré, ses percussions, sa prod « cheveux sous le ventilateur », et par l’incroyable charisme qui se dégage de la voix de Boyd (et ces refrains doublés à l’octave, du miel). Et une fois encore, le titre laisse de la place aux autres musiciens, et notamment à un excellent solo de saxophone. Le morceau feel-good californien par excellence.
Vous pouvez également écouter la playlist sur votre application préférée (Deezer, You Tube Music, Qobuz et autres) via ce lien : https://www.tunemymusic.com/?share=2hct1qv7lnpj