↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.

Rock en Seine 2015


Collectif, le 15/09/2015

Samedi 29 août vu par Raphaëlle

Pour moi, cette année sera particulière, puisque je vais expérimenter Rock en Seine en version PMR. Ne pouvant me déplacer qu’à béquilles, je vais devoir limiter mes déplacements et faire des impasses. D’ailleurs ça commence dès le vendredi : trop de boue, je risque de glisser. Je me réserve pour la suite des aventures.


Les choses sérieuses commencent pour moi samedi, à 17h. Hésitant à me presser pour Balthazar, je suis cueillie par les accords de guitare de Ben Howard, sur la grande scène. L’anglais primé de deux Brit awards distille des mélodies folk habitées. Trop peut-être, sa musique reste très hermétique. Non seulement elle ne se prête pas très bien à un festival sous un grand soleil, mais Ben Howard ne nous aide pas à y pénétrer. Il est souvent plié sur sa guitare et ne se préoccupe pas beaucoup d’interactions avec le public. L’avis de la rédaction est unanime : c’est un concert raté !


J’avance vers DBFC mais avec les béquilles, je suis plus lente que prévu et je rate de peu leur passage. Dommage, car leur cold wave a l’air de faire mouche ! J’ai donc le choix entre retour vers la grande scène pour les Stereophonics dans une heure, ou aller tout de suite jeter une oreille à Marine and the Diamonds. Bien que le premier choix soit plus tentant, mes mains douloureuses me pressent de trouver la plateforme PMR la plus proche et je vais m’asseoir devant Marina.


L’anglaise déambule sur scène dans un costume improbable, comme seules les anglaises peuvent inventer. On pense à un mélange de Lily Allen (pour les fringues) et Florence and the Machine (pour la voix). Pour la musique, malheureusement, les mélodies pop s’enchaînent sans qu’aucune n’accroche vraiment mon oreille. Je regrette mon choix, même s’il faut reconnaître à la chanteuse une voix superbe, qu’elle maîtrise à la perfection.


Pendant l’heure qui suit, j’entends les Stereophonics depuis l’autre bout du festival, sans pouvoir aller les voir. Je n’ai pas le temps d’y aller et d’être de retour à temps pour Daho ! Quelle tristesse… Heureusement que Matthew a réussi à en être pour pouvoir vous en parler.


A 19h45, monsieur Daho entre en scène. Hélas, pour lui j’ai aussi dû faire une croix sur Glass Animals. D’après Matthew, ce n’est pas un grand mal. J’avais pourtant bien aimé leur concert à la Gaité Lyrique il y a quelques mois… Mais revenons au concert de Daho sur la scène de la cascade ! Entré sur scène sous les hurlements de la foule, il délivre un show étonnamment rock. C’est le dernier concert du Diskönoir tour et le chanteur est tout essoufflé entre les chansons. Mais pendant les titres, il chante et se déhanche avec un charisme un poil ringard qui me rappelle Dave Gahan, le chanteur de Depeche Mode. Il a pris soin de revisiter ses titres les plus anciens, comme Soleil de Minuit dont la ligne de basse n’a pas pris une ride, ou bien Satori Pop Century et surtout Week-end à Rome, que la foule reprend en chœur. Je crie de joie pendant le très rock Réévolution que le public scande, comme dans la chanson, debout et le poing levé. L’invitation, titre Bowien qui attend les dernières secondes pour s’exprimer pleinement, est aussi tellement retravaillée que je ne la reconnais que sur les cris finaux, yeah yeah yeah. Du dernier disque, il se contente des deux singles : les chansons de l’innocence et La Peau Dure. Et c’est sur un réjouissant Bleu comme toi que finalement le chanteur s’éclipse, acclamé par le public parisien. Etienne saluait en juillet la classe de monsieur Daho et déplorait que le public des Eurockéennes de Belfort ne lui ait pas fait l’accueil qu’il méritait. Rock en Seine s’est visiblement rattrapé, offrant au père de la pop française moderne l’ovation qui lui est due.


Après ces émotions, direction la grande scène pour la fin du concert d’Editors. Honnêtement, j’ai du mal à me faire à la musique froide d’Editors. Les voir parachutés sur la grande scène comme dans un costume trop grand pour eux n’améliore pas mon ressenti. Avis homogène de la rédaction là aussi ! Décidément on est plutôt raccords à Albumrock.


Je reste à ma place et tant pis pour Gramatik : au moins, je serai encore à peu près en forme pour les Libertines ! Alors, les Libertines, parlons-en. En l’espace de deux albums et de quatre petites années, Carl Barât et Pete Doherty ont littéralement réinventé le concept des petites frappes balançant leur riffs avec toute la désinvolture dont peuvent être capables les petits prodiges outre-Manche. A mon humble avis, écouter un album des Libertines c’est embarquer pour des montages russes : à des accords d’une fulgurante simplicité succèdent des parties chantées incompréhensibles voire fausses. N’oublions pas non plus qu’entre 2004 et 2014, on a vu Pete Doherty totalement drogué, puis en rehab, puis en rechute, puis en Thaïlande, tout en quittant les Libertines pour les Babyshambles tandis que Barât sortait des disques de son côté et tentait aussi de mettre de l’ordre dans sa vie. L’affiche de rock en seine ce samedi-là aurait encore été de la pure science-fiction un an auparavant. Un peu comme si U2 décidait de refaire de bons albums, pour vous donner une idée d’où on était sur l’échelle de l’hallucination. Personnellement, jusqu’à ce que je voie les quatre Libertines entrer sur scène, je pensais encore qu’ils allaient tout annuler.


Parlons maintenant un peu de ce concert, justement. On ne va pas se mentir : on ne va pas voir les Libertines pour voir un show cadré au millimètre près. On s’attend à des fausses notes, à des moments de flottement traversés par des éclairs de génie… Matthew et moi avions les mêmes attentes (relativement faibles, donc) et nous avons visiblement le même avis sur le concert !  


Ils ne sont pas venus se faire pardonner de leur longue absence en prouvant qu’ils sont toujours dans le coup. Pas du tout ! Ils sont cultes et ils le savent, alors pourquoi se fatiguer ? Mieux vaut donc commencer par deux titres qui affichent 13 ans au compteur, Horror Show et Vertigo. D’ailleurs, quand Pete ouvre la bouche pour sa première chanson, je vois bien à l’écran géant qu’il chante, mais impossible d’entendre sa voix ! Heureusement, Carl Barât est plus investi et Pete rentre progressivement dans son concert. Dommage, Can’t stand me now arrive un peu trop tôt, Pete n’est pas encore bien réveillé, donc elle claque moins qu’elle ne le devrait. Ou peut-être est-ce parce qu’elle a maintenant 10 ans et qu’on a du mal à croire que les deux lads sur scène ont moins de 40 ans.


Leur attitude désinvolte ne les empêche pas d’aligner tubes sur tubes : Music when the lights go out, Don’t look back into the sun, What Katie did, Last post on the bugle (dont l’intro résume à elle seule l’insolente facilité du groupe). La foule hurle de joie à chacun des titres, d’ailleurs le grand gaillard britannique à côté de moi scande toutes les chansons par cœur (ce qui tombe plutôt bien, vu que les chanteurs sont parfois un peu absents).


Musicalement, comment qualifier ça… Le rythme et les mélodies sont en permanence malmenés par leur accent nonchalant et les intuitions du moment. Les deux guitaristes jouent au chat et à la souris. Ils se livrent en permanence à un numéro d’équilibriste à deux, où l’un rattrape la note que l’autre vient de négligemment lâcher pour élaborer sa propre mélodie. Les entendre se mesurer l’un à l’autre en permanence est tout simplement fascinant, un spectacle plein de suspens. Les titres tiennent toujours sur le fil de cette lutte d’égo et on tremble que l’un finisse par lâcher sans que l’autre n’arrive à le rattraper. La fusion va même jusqu’à chanter sur le même micro en se regardant dans les yeux, moitié pour la blague moitié pour défier l’autre de tenir la chanson jusqu’au bout.


Epuisée par la chaleur, les béquilles et la musique, je rends les armes avant la fin du concert et entame ma lente progression dans les allées pour rentrer chez moi. Il faut garder des forces pour le lendemain !


(Crédits photos : Rock en Seine. http://www.rockenseine.com/souvenirs-de-rock-en-seine-2015/)

Commentaires
Soyez le premier à réagir à cette publication !