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Rockomotives 2011


Emilie, le 14/11/2011

Vendredi 28 octobre


Les festivités débutent plus tôt en ce vendredi à la Chapelle St Jacques. Parties en avance pour être à l'heure cette fois, nous arrivons un peu avant 15h aux portes où peu de gens sont présents. Nous comprendrons plus tard (le lendemain pour tout avouer), que l'heure indiquée sur les dépliants était l'heure d'ouverture des portes, et non le début du concert. Des chaises sont installées ce qui maintient l'aspect intimiste d'une chapelle, la jauge est parfaitement contrôlée et surtout pas poussée à l'extrême. C'est d'ailleurs un des aspects importants des Rockos, offrir un festival pour le plaisir de la musique et du partage, et non pas pour exploser les ventes; penser au public et à son confort, et non pas à la rentabilité à défaut de l'agréabilité. Bref, face au grand nombre de chaises vides, nous n'avons que l'embarras du choix et allons nous poser au premier rang sur le côté.



Une fois la salle remplie, à l'heure donc, Thomas Belhom et son comparse arrivent sur la pointe des pieds, chacun se sied face à sa palette de petits instruments, à bien 1km l'un de l'autre tant physiquement que psychiquement. Le concert s'ouvre sur un morceau très délicat et minutieux, pas d'envolées et pas trop de suite d'accords. Le problème est que ce style n'est pas spécifique au titre d'ouverture, mais au concert entier, ce qui va vite rendre le temps long. Deux hommes au premier rang vont alors attirer mon attention lors de mes moments de perte : Tic, qui fait des vidéos avec sa grosse caméra, et Tac qui fait des photos avec son gros objectif et qui n'oublie pas de piquer du nez pendant le concert. Tac un peu de tenu bon sang de bonsoir, tu es au premier rang! Oh et ne fais pas genre de t'être concentré pendant ces minutes de paupières lourdes juste en relevant la tête en rythme, j'ai bien vu ta mâchoire décrocher et se butter contre ton col de chemise. Revenons à nos moutons. Le musicien accompagnant Thomas Belhom semble d'emblée mal à l'aise, plus haut que ses instruments il se ratatine sur lui même pour soit les atteindre, soit se cacher. Les sons qu'il émet sont parfois si subtils et bas que je n'arrive à les percevoir qu'avec beaucoup de concentration, ce qui est dérangeant quand il y a déjà très peu d'instruments en route. Instruments utilisés que partiellement par ailleurs, j'aimerais que ça explose un peu plus -sans pour autant faire du hard rock bien sur, mais dégourdir ses cymbales un peu, ou faire sonner davantage ce xylophone qui ne doit même pas se rendre compte qu'on le frappe. On perçoit pourtant des idées sympathiques, comme le fait de balancer une bande son et jouer dessus, mais là encore ce n'est pas assez exploité, car la bande est courte, et l'accompagnement est fade. Heureusement que Tic et Tac étaient là pour me divertir.


Maintenant pause café pour ranimer les troupes.

Mon œil scintille en apercevant une vraie batterie, une guitare électrique, une basse, toutes ces choses fabuleuses qui font du son résonnant et qui devraient titiller un cœur un peu plus rockeur. Xavier Plumas vient installer ses derniers accessoires, règle son micro tout comme madame à la longue chevelure, le rideau est donc levé sur l'identité des successeurs. A peine les premiers accords joués, l'osmose se fait, la chaleur que l'on attendait arrive enfin, les lumières s'animent, on a un peu l'impression de revoir les couleurs de nouveau. Bien qu'armé d'amplis, caisses, claviers, Xavier Plumas ne fait pas décrocher les lustres par la puissance de sa musique mais la sensibilité est là, les morceaux sont habillés et habités. Marlène Etienne vient superposer sa voix à plusieurs reprises, bien que la différence ne soit pas toujours flagrante car dans les graves elle est à peine audible, elle donne du relief. Malheureusement elle ne camoufle pas l'accent anglais à couper au couteau du rockeur s'inspirant des 60's 70's. Le spectacle file bien, alternant instants calmes et plus électrisés, toujours dans une poésie certaine et une aisance dans leur costume, bien que les deux chanteurs peinent à affronter du regard leur public. Soit ils ferment les yeux, soit ils portent un intérêt certain pour les lustres. On ne leur en tiendra pas rigueur, surtout après le morceau instrumental de fermeture juste époustouflant.



Inter-plateau, le café de tout à l'heure me fait coucou, quelle idée aussi d'en boire quand on est une fille. Je vais donc passer le début du concert de Poney Club dans la file des toilettes, et quand les premiers coups de batterie retentissent, autant vous dire que je n'ai qu'une envie, anesthésier quelques jambes pour passer plus vite et retourner devant la scène. Depuis quelques temps, un certain réseau social développe une passion pour les poneys, en le décrédibilisant un peu (''Faire ronronner son poney au feu rouge'', ''Tout plaquer et partir faire le tour du monde en poney'', ''Pénurie d'essence, je m'en fiche j'ai mon poney'', ..), bref des dizaines et des dizaines de pages, attirant par conséquent le sourire plutôt qu'une non réaction à la vue de ce nom. Seulement quand le trio commence à jouer, l'esquisse de sourire qui pouvait poindre sur mon visage est automatiquement balayée, pour faire place à ma surprise. Dom, la banane du groupe, est soit armé de muscles sur-développés, soit d'un son parfait, mais dans tous les cas il fait vivre sa batterie comme enfin je l'attendais en ce début d'après midi, en plus de jouer avec sa basse et son micro. De profil et dans un look ado mal dans sa peau, la casquette vissée sur la tête et le regard fuyant, Jérôme gratte des guitares et va à ma plus grande surprise, se mettre à chanter lui aussi. En face de lui Cécile, debout derrière ses trois étages de claviers son tourne disque et son trombone, féminise le groupe et l'anime par ses mouvements en rythme. Le groupe semble en réelle symbiose, et la magie de leurs compositions prend immédiatement aux tripes, avec des instrumentaux vertigineux post rock. Alors que le petit caméraman se mange la poignet de sa caméra dans le nez, Cécile lance un enregistrement sur sa platine, que le groupe s'empresse d'habiller. Effet garanti. Ce n'est pas pour la densité ou la profondeur de leurs paroles qu'on se rappellera de Poney Club, mais bien pour leurs envolées et leurs lâchés prises instrumentaux, qui ne peuvent que vous couper les pattes.


Hier comme aujourd'hui, la programmation a suivi un fil musical allant crescendo, je reste donc dans cette optique pour la soirée et ses six groupes à venir.
Notre homme aux spartiates est toujours là, il ère dans tout le bâtiment et entre les gens jusqu'au premier concert.
19h, un jeune brun haut comme trois pommes, yeux bleus, petite chemise sous petit pull air gentillet compris, règle quelques derniers détails sur la toute petite scène du palier, qui accueille donc le premier et le dernier concert des soirs. Je m'attends à écouter du rock calme et sympa, mais quelle est pas ma surprise quand il -le chanteur The Finkielkrauts- se met à sauter partout frénétiquement, et à hurler comme un dingue dans son micro. Visiblement fans de larsens à répétition, les garçons balancent un son un peu crado et totalement confus, qui devrait m'agacer rapidement. Rentre-dedans, le vingtenaire passe son concert à percuter le public, leur postillonner dans les yeux, et leur faire une tête de méchant garçon énervé par la vie. Quand mon exaspération commence à se tasser, je commence à percevoir un semblant de construction dans les morceaux du groupe, et surtout le leader s'essouffle un peu et devient à peu près supportable. Peut être qu'au bout de deux heures de concert, leur musique deviendrait agréable, en attendant, je vais essayer d'aller retrouver un semblant d'audition dans la salle un peu plus loin.


Mes acouphènes m'enguirlandent (oui, je ne sais pourquoi, mais je n'ai pas sorti mes bouchons lors du concert précédent) et mon estomac crie famine, c'est peut être pour ça que je ne supporte pas vraiment Dels, qui sont en train de jouer dans la branche plutôt hip hop. Je préfère donc aller me délecter à l'étage en dessous, où deux trois stands sont mis en place, dont un où l'on peut faire floquer le T shirt de son choix, avec le motif de son choix.
Une fois mon sandwich ''vintage'' (roquette, tomates séchées, chèvre frais, et jenesaisplusquoi, j'en rêve encore) dans le bidou et le concert terminé, nous remontons vers le palier.


C'est au tour de Chokebore de nous séduire, le groupe venu d'Hawaii. Alors oui, Chokebore ont fait un carton avec notamment It's a miracle, puis ils se sont séparés, mais ils se sont retrouvés, et heureusement !! En peu de temps on cerne ce qu'ils sont : une grosse orchestration travaillée lourde et fine à la fois, des riffs, des coups de grosse caisse et de cymbales, le tout équilibré par le visage doux de Troy Von Balthazar, la formule parfaite d'un rock de messieurs adapté aux cœurs tendres. La foule s'amasse sans se marcher dessus, Tic et Tac s'y immergent avec leurs instruments de capture brandis dans les airs, et tout le monde suit d'un regard passionné le point rouge à col V gesticulant sur scène. Comme si de rien n'était, le quatuor glisse des balades romantiques dans sa set list, et sans transition il fait fuser de nouveau ses morceaux déracinant. La rupture n'en est que plus charmante. En contemplant les énormes gouttes (seaux ?) de sueur projetées par le guitariste blond un peu partout, je remarque que Chokebore me font un peu penser aux Arctic Monkeys, non pas par la sueur malheureux, mais par ce brun fluet et visiblement sympathique menant un groupe ô combien rock et électrique. Les lumières sont pour eux aussi un point fort incontournable, et c'est d'ailleurs trois fois plus joli lorsque celles ci sont réfléchies sur les trois crânes chauves des trois messieurs en file indienne à ma droite. Le sourire en coin suite à ma découverte qui n'aura fait rire que moi, je continue de profiter pleinement de ce concert vraiment captivant. Les morceaux sont joués et s'enchainent comme si ça devait être comme ça et pas autrement, les transitions sont rapides et maitrisées, on n'a donc pas le temps de perdre le fil de leur aventure et surtout on sent leur vécu et leur talent, que le public ne cherche plus à prouver. Répétons le, merci pour la reformation.



Que vois-je sur la grosse caisse de la batterie montée sur scène … Tadaaaam joie dans les cœurs, feux d'artifice dans ma tête, trompettes, explosion de paillettes et étoiles dans les yeux, c'est l'autocollant de dEUS. Je trépigne et espère qu'ils seront à la hauteur de mes attentes, car le problème dans ces cas là est que si le groupe en question n'est pas au niveau attendu, on ressort déçu. C'est visiblement ce qu'il s'est passé pour quelques uns, mais nous en reparlerons plus tard. Le premier morceau nous renvoie à Vantage Point, et les cinq belges en profitent pour poser les basent en envoyant un son sûr et travaillé, ce qui n'est pas pour déplaire à la foule qui sait pourquoi elle est là. Les morceaux explosent et saisissent, tant par leur énergie que par leur côté planant, et cet écart est notamment marqué par le mélange de nouveaux et anciens morceaux. Quasi la moitié des titres joués sont piqués de Keep you close, et le reste de Vantage Point, Pocket Revolution ou encore The Ideal Crash, tout le monde est donc censé être content. En tout cas moi je le suis, et reçois violemment dans la face leur talent, coloré à coup de violon, clavier, guitare, batterie, la panoplie de la séduction au complet, quoi. On perd un peu pied lors d'envolées comme avec ''Keep you close'', on est robotisé sur '' The architect'', violentés par ''If you don't get what you want'', séduit avec ''Instant Street''. On penche la tête pour capter la douceur, mais on frappe du pied pour suivre le rythme marqué des morceaux, le double tranchant de dEUS se fait encore plus sentir sur scène, on découvre ou on redécouvre leur habilité. Tom Barman mène bien sa troupe, Mauro Pawlowski me fait toujours penser à Adrian Brody de loin, et avec les trois autres magiciens ils font grimper notre état de tension, en poussant les morceau dans leur puissance, si bien qu'on se demande si notre cœur tiendra jusqu'à la fin avant d'exploser. C'est beau, c'est planant, c'est rock un peu pop, c'est dEUS, et moi je suis loin au dessus du niveau de mes bottes, notamment pendant le morceau final, où les lumières titillent les épileptiques en plus d'un lâché prise instrumental déroutant. 1H c'est quand même pas beaucoup monsieur Rockomotives. Notre homme aux spartiates ressort lui aussi de la salle, visiblement conquis.



On rebranche ses neurones, on se demande où on est pendant deux secondes, et on regarde tout le monde sortir tout en étant écrasée au sol et ne comptant pas se lever de suite. Deux groupes restent à passer, DJ Q-Bert/DJ Muggs et Mars Red Sky . Un dj ça passe en fin de soirée non ? On va donc sûrement voir Mars Red Sky dans peu de temps, restons là en attendant. Les grosses platines sur la scène et le son insupportable en émanant nous font comprendre que ce n'est pas Mars Red Sky, nous fuyons avant d'avoir les oreilles qui saignent, tout en constatant avec étonnement que beaucoup semblent être jouasses d'être là. Hum. La boite de nuit semble être interminable, on ne doit pas être loin des 1h30-2h de boum boum, et les seules choses que ça m'aura apporté, sont le constat probant de mon endurance et l'observation de cas humains étranges mais distrayants.

Une fois la torture auditive et visuelle (''Family First'' écrit en police 870 sur le T Shirt) terminée, la force et l'attention nous manquent pour apprécier ces pauvres Mars Red Sky, qui pourtant ont l'air de promettre, notamment par leurs envolées.





Crédit photos : Gaëlle Evellin / C. BARDEY (hors festival)
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