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Rockomotives 2011


Emilie, le 14/11/2011

Samedi 29 octobre


Gaie comme un pinson, bien que sous un temps gris et froid, je déboule devant le Minotaure impatiente de voir ce qui nous attends pour ce troisième jour. Un peu en avance (on s'est pas perdues!), un homme enjoué nous distribue ''Le p'tit motivé'', le journal des Rockomotives. Avec dEUS en photo de une, je m'empresse de l'ouvrir pour voir tout ce qu'ils disent de bien sur la soirée magnifique d'hier, mais au fil des pages mon engouement s'efface. Je lis, me frotte les yeux, puis relis, mais non je ne rêve pas : ''Puis on écoute Jean-Claude dUS, l'aurait mieux fait de rester barman … […] Un comparse belge que l'on ne nommera pas, a déclamé son deuil hier sur les réseaux sociaux. 'RIP dEUS' pouvait on lire en statut. Si aucune fleur n'a été prévue, la commémoration aura lieu dans le silence le plus complet''. Ils poussent même le vice, en rayant leur nom sur une liste affichée nommant les meilleurs groupes belges, les virant de la place 2 à 4, où Ghinzu trônait. Ils doivent être contents les dEUS d'avoir un si bon retour du festival… Au fil de la soirée je prends différents avis quant au concert d'hier -ça me froisse quand même un peu- et les cœurs ont été enivré selon mon échantillon de qualité. Ouf.


Le festival n'est pas ''en deuil'' pour autant, et on se laisse emporter par le talentueux Olivier Mellano, ou plutôt Mellanoisescape. A des kilomètres musicaux du showcase d'ouverture de la veille, Mellano est seul avec sa guitare, des pédales, et d'autres bouibouis dont lui seul a le secret. Trois électrodes qui ne sont pas des électrodes sont scotchées et camouflées sur sa guitare électrique, électrodes qu'il ira taper allègrement à de nombreuses reprises, puisqu'elles sont en quelque sorte ses boites à rythme. L'espace et la finesse de ce qu'il fait dessine d'emblée une atmosphère intime et chaleureuse, ambiance que Tic ne se gêne pas de briser en se promenant de droite à gauche avec sa grosse caméra. Tic un peu de discrétion s'il te plait, tout le monde est pendu aux doigts du musicien et bouche bée. Mellano est très concentré, grand corps devant petit micro, grand talent sur petit scène, on a le sentiment qu'il essaie ses morceaux au fur et à mesure qu'il les joue, mais sans accroc, sans hésitation, et sans faux pas. Il est bluffant et attrayant, on participe presque autant que lui à ce qui se passe tellement on est concentré à essayer de comprendre comment il fait pour s'en sortir, et faire tous ces sons avec si peu autour de lui. Chapeau Mellano.



Quand nous arrivons dans la grande salle pour le concert suivant, nous sommes un peu confuses et intriguées, à juste titre. Presque tout le public est assis, en rond autour d'un clavier, d'un micro d'une chaise, et surtout d'un jeune homme portant un bonnet à oreilles de nounours. La configuration sort de l'ordinaire, il est bien normal que le ton et l'humeur aussi. On se faufile dans la ronde, s'assoit discrètement au sol, et se laisse happer par cet intrigant personnage semblant tombé de nulle part, Mein Sohn William. Déjà, pourquoi ce bonnet ? Certainement pas pour le côté pratique puisqu'il ne cesse de se défaire, pas non plus pour chercher la chaleur car il va vite se transformer en éponge, tout le bonhomme également, mais peut être simplement pour prouver qu'avec un bonnet ridicule en poils synthétiques, on peut être et être pris au sérieux. Complètement dans sa bulle, visiblement pas tout seul dans sa tête (et on aime), Mein Sohn William frôle la frénésie, on pourrait même se croire dans un cauchemar 'Alice au pays des merveilles', mais la folie a vraiment du bon. Seul maître d'orchestre, il ne se cantonne pas au simple appareil, magie des boucles, des enregistrements, et des chœurs fictifs, il est plus nombreux qu'une troupe bien que ses deux bras soient parfois trop peu. Je l'imagine alors très bien dans sa chambre d'ado, à découvrir des tas de sons et de possibilités émanant de la machinerie musicale, et tout tenter, additionner, superposer etc. Il nous sort même une suite de syllabes incompréhensibles, qui nous font dire à l'unanimité ''mais qu'est ce qu'il fait, il est vraiment déjanté'', jusqu'au moment où il nous balance la phrase en version inversée, clin d'œil à nos artistes à vinyles. Gosse talentueux tout de même. Bien qu'il occupe l'espace, son choix d'immersion dans le public et au sol est vraiment une bonne chose, car grimpé sur la scène le spectacle aurait certainement sonné plus creux, et ce qui là était bluffant aurait peut être été agaçant ou moins appréciable.


C'est au moment de Yann Tiersen que l'on se rend compte que la soirée est complète, car même si on ne se marche pas dessus, on sent bien que ça se pousse à l'entrée pour faire partie de l'aventure. En peu de temps, Yann Tiersen, Lionel Laquerrière (le vendômois pas peu fier de jouer chez lui), Robin Allende, Neil Turpin et Stephane Bouvier font monter le niveau d'un sacré cran, clouant la foule dans le sol du Minotaure. Pas experte du tout de Tiersen, je vais me prendre ma claque du festival, je me suis faite happer -comme beaucoup de monde- totalement par la troupe sans me laisser le temps de réfléchir. Fascinant et envoûtant, on se projette facilement dans un film de Tim Burton, atmosphère fantasmagorique dirigée par une main d'or. Leur puissance scénique sur-élève tout le monde de dix centimètres du sol au moins, même lorsqu'il annonce qu'ils vont ''jouer une chanson d'amour qui s'appelle 'Fuck Me' '', ce qui engendre comme pour toutes les amorces de morceaux, des cris passionnels du public. Chaque titre est une démonstration de talent en toute humilité, et un moment de déconnexion pour nous, sauf quand on a deux petits malins profitent d'un instrumental pour se raconter leur week end, dans l'oreille pour gêner avec leurs têtes, mais à voix haute et grave pour ennuyer tout le monde. Lionel Laquerrière nous fait bien rire en se ''pétant le nez'' dans son clavier, Tiersen nous rappelle qu'il excelle au violon, Laquerrière revient avec son nez en vrac, et ils nous explose un morceau au visage, fort en instruments, en tension et en lumières. Qu'il est bon d'entendre et d'écouter des instrumentaux, on a la liberté de se créer des histoires dessus, et on se penche sur les instruments pleinement qui semblent être mis chacun leur tour à l'honneur sur les morceaux. Pour casser le côté parfait du concert, on n'oublie pas le lourd qui crie 'Diabologuuuum' en plein set, ou encore les deux quarantenaires intelligents qui imitent les lycéennes se dandinant sur du Tiersen. Malgré la beauté de ce qu'on a sur scène, on reste toujours à un concert, avec ces clichés qui nous manqueraient s'ils n'étaient pas là.



Et les fameux Diabologum tant attendus par les trentenaires présents, autrement dit une grande majorité du public, font leur arrivée dans l'opposé parfait de la discrétion. Il faut dire que le groupe toulousain se reforme pour l'occasion des Rockos après 13 ans d'absence, alors autant prévenir que les nostalgiques vont être remués. Les acclamations massives assurent au groupe mené par Michel Cloup que leur présence ici n'est pas rien, et qu'elle n'est pas passée inaperçue dans le coin. Voire beaucoup plus loin que le coin. Je dois bien avouer que Diabologum ne me disaient pas grand chose il y a encore peu, mais l'engouement formé autour m'a fait aller écouter leurs morceaux sur la toile, dont l'incontournable ''La maman et la putain''. A les voir sur scène, je pense immédiatement à Noir Désir, un rock parlant et en acier, lourd et noir, avec au micro une voix et une carrure. Le concert est émouvant, ponctué de cris mélancoliques et admiratifs, le groupe apparaît sûr et ému lui aussi, mais bien sur je ne pourrai pas en parler aussi bien qu'un trentenaire qui a vécu le bain Diabologum dans les années 90. C'est évident. Peut être que Tic, qui est totalement immergé dans la foule des premiers rangs pourraient m'en raconter d'avantage. Cela dit je ne m'en délecte pas moins, je me laisse prendre au jeu de leur rock ciselant, j'ai presque envie de porter un anneau au nez et un perfecto tout assumant mes idées réfléchies. A ma plus grande surprise, je recroise notre homme aux spartiates, qui fait son fidèle tour de dix secondes aux premier rang, puis repart imbibé de ce qui se passe sur scène. En fin de set, le groupe lance le fameux monologue tiré de Jean Eustache, ''La Maman et la Putain'', l'accompagne d'une divine orchestration, et le finit avec la venue exceptionnelle de Françoise Lebrun, l'actrice du monologue dans le film original, qui le re-prononce devant nous aux Rockomotives, en direct et en authentique, 38 ans plus tard. Pluie d'applaudissements, retrouvailles émouvantes entre le groupe et son public, sincérité des émotions, les âmes rockeuses pleurent leurs joies. D'ailleurs, 2 hommes sur 2 interrogés ont avoué avoir versé leur petite larme à la fin du concert. On a enfin trouvé comment faire pleurer les hommes !



Après les deux puissants concerts que l'on vient de vivre, il va être difficile de rejoindre le niveau, surtout que le groupe qui va suivre, Envy a des allures de hardcore. Moins facile d'accès, en plus de leur langue, le japonais. J'ai donc un peu peur de ce que je vais écouter, mais je tends quand même l'oreille (pas le choix vu le niveau sonore), et aux premiers accords je me dis que ça peut ne pas être si mal. Les guitares sont plaignantes, et le rythme plutôt pas mal, mais quand le chanteur se met à hurler dans son micro, je perds tout espoir d'apprécier. Ce n'est donc pas aujourd'hui que mon âme de hard rockeuse va se révéler, nous préférons donc quitter la salle au bout de quelques morceaux, pour aller récompenser notre corps via les papilles.
Nous retrouvons le batteur de Poney Club à la buvette mais du côté serveur, tout comme ma grande copine l'a retrouvé plus tôt dans l'après midi à la billetterie de la Chapelle. Polyvalent en plus d'être joyeux tout le temps.


Ne possédant pas de casques anti bruit sur nous, nous décidons de rester au rez de chaussée -ils ont du gâteau au chocolat- le temps du concert de Pneu sur le palier. Même un niveau en dessous, mes oreilles sont au bord du saignement, Tic et Tac prennent eux aussi la tangente, et l'homme aux spartiates décide d'aller faire un tour dehors.
Nous remonterons quelques temps après, pour la fin de soirée animée par Magnetic & Friends qui poussera la soirée loin dans la nuit. Les bénévoles relâchent la pression, les têtes que l'on a croisées pendant ces trois jours également, Tic et Tac desserrent enfin leur col de chemise et leurs cheveux explosent, les artistes de la journée se mêlent à la partie, l'ambiance est comme le festival : chaleureuse, conviviale, familiale. Vous allez nous manquer les copains imaginaires, c'est fou ce qu'on peut s'attacher en trois jours.






Crédit photos : Gaëlle Evellin / Cédric Chort (hors festival)


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