Trial

Il semble que peu importe le genre, l’amateur de musiques saturées soit obligé de faire un détour par la Suède pour trouver son compte, que ce soit dans le rock (et metal) progressif, la scène revival (mais nous vous en parlons tellement qu’il est inutile d’en ajouter), le Metal extrême, ou en l’occurrence, le Power-Metal.

Mais attention, avec Trial, nous n’avons pas à faire à un groupe de Power-Metal nouvelle génération, dans l’esprit de leurs compatriotes de Sabaton qui se sentent obligés d’en faire des tonnes avec ce qu’il faut de claviers et d’orchestrations bombastiques franchement caricaturales. Au contraire, c’est au Power-metal des origines qu’ils font appel quand ils assènent un "Sulphery", tant les mélodies et les envolées au chant (remarquables) évoquent Helloween ou Gamma Ray, tant les soli de guitare souhaitent en mettre plein la vue ; on notera dans le même registre "Thrice Great Path" dont, avouons-le, le refrain martelé n’est pas forcément de plus pertinents. L’épique "Feed the Fire" est parmi les plus réussis de ces titres inscrits dans le Power-canal historique, qui tisse des liens avec Iron Maiden, une inspiration loin d’être honteuse.

Heureusement, Trial ce n’est pas que cela. On appréciera l’obscurité qui se dégage de cet opus, en contraste avec les envolées à la Helloween. La très sombre introduction "Tria Prima" couvre les cieux, avant que des ambiances mélancoliques et ténébreuses ne s’imposent sur l’excellent "In the Highest", dont le pont nous invite à les ranger aux côtés des brillants Spell, The Night Eternal et Unto Others. Le lancinant "The Faustus Hood" n’apporte aucune éclaircie dans ce paysage sonore volontiers menaçant.

En outre, Trial sait complexifier ses approches, quitte à être à la limite du progressif, comme on peut l’entendre sur les jeux rythmiques en introduction de "Snare of the Flower", qui possède également une structure pleine de rebondissements (et un passage au chant plus violent, avec une tentative de growl). Enfin, les dix minutes de "The Crystal Sea" n’en font pas à proprement parler un titre prog’, mais une fresque de Power-Metal comme les Allemands des 1980’s savaient en faire, prétexte à de beaux développement à la guitare.

En bonus, on ne boudera pas les deux reprises issues d’un EP de 2021, dont un "Die Young" (Black Sabbath) revisité au tempo accéléré (Power-Metal oblige) et surtout un "Sisters of the Moon" à la fois très respectueux de la version de Fleetwood Mac et complétement surprenante par son registre metallique. C’est le genre de cover qu’on aimerait entendre plus souvent, tant la démarche est réellement intéressante.

Si la critique est un jugement par le feu pour un groupe de Metal, alors l’ordalie mélomane s’est prononcée et a reconnu toutes les vertus de Trial qui a réussi ici à composer une belle œuvre pour laquelle on espère un heureux destin.

A écouter : "In the Highest", "Feed the Fire", "The Faustus Hood", "Sisters of the Moon"