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Elvis Presley : genèse d'un mythe


Etienne, le 07/04/2016

Sun Studios, façonnage d'un chanteur

Bon chanteur de ballades. A retenir


Malgré une étonnante facilité pour se produire avec ses amis ou en comité restreint, Elvis n'a jamais vraiment songé à tenter une aventure professionnelle. Déjà car c'est un homme consciencieux qui enchaîne les petits boulots et reverse 80% de son salaire à ses parents. Il n'éprouve aucune gêne à cela, ni aucune contrainte, il aime simplement prendre soin d'eux. Et c'est cette gentillesse qui frappe Marion Keisker, l'assistante des studios Sun situés au 706 Union Avenue de Memphis. Si l'adresse est devenue mythique, c'est parce qu'en septembre 1953, un jeune bachelier à peine diplômé pousse la porte de l'antre de Sam Phillips. Sam Phillips est un personnage clé dans l'histoire d'Elvis Presley mais également pour la ville de Memphis d'un point de vue plus général. Installé depuis plusieurs années dans le Tennessee, Phillips est d'abord programatteur pour les radios locales et ingénieur du son. Son goût immodéré pour la nouveauté le pousse assez vite à concrétiser l'achat des Sun Studios où il s'adonne à sa passion de l'enregistrement. Phillips produit un nombre incalculables de jeunes talents de la scène locale, dans plusieurs styles comme la country, le blues ou encore le hillybilly. Il est un homme droit et profondément honnête qui ne rechigne pas - bien au contraire - à enregistrer des artistes noirs à une époque où la vomitive ségrégation est à son comble. Il subit à ce titre de nombreuses remarques horripilantes de la sphère musicale de l'époque, le qualifiant allègrement de négrophile. Phillips ne vit que pour la musique, rien d'autre. Lui et Elvis Presley étaient faits pour se rencontrer.


Pourtant c'est loin d'être gagné pour le chanteur novice. A peine entré dans les studios, Marion Keisker demande au jeune Elvis de décrire quel type de musique il pratique et à qui ressemble-t-il:


- Je ne ressemble à personne.
- Ah, et vous chantez du hillybilly ?, renchérit Marion
- Oui je chante du hillybilly.
- Très bien et vous vous rapprochez de qui dans le hillybilly ?
- Je ne ressemble à personne, répète un Elvis aussi stressé que maladroit.


De cette discussion un peu surréaliste about une session calamiteuse où Phillips observera d'un oeil moribond le jeune natif de Tupelo interpréter  "My Hapiness", un tube pop de 1948 de Jon et Sandra Teele, ainsi qu'une version très moyenne de la langoureuse ballade des Ink Spots "That's When My Heartache Begins". Phillips, interpellé et ayant bien noté la singularité du jeune chanteur, ne se contente que d'un modeste "Intéressant" en guise de commentaire. Une fois le disque gravé, Elvis quitte les studios en jetant un dernier coup d'oeil vers Marion. Elle est en train d'inscrire son nom à côté du disque, annoté de la simple phrase suivante: "Bon chanteur de ballades. A retenir".

That's All Right Mama


Et dire qu'il faut patienter presqu'une année à Elvis avant de retourner aux Studios Sun pour une véritable audition. Car il y passe très régulièrement au cours de l'année 1954 pour savoir si son profil peut intéresser un groupe passé par hasard enregistrer quelque chose avec Sam Phillips. Mais rien, jamais une autre présentation de ses talents à Phillips, à l'exception d'une fois en janvier 1954 où il massacre la seule chanson qu'il a la mauvaise idée de reprendre ce jour-là. Marion aime bien Elvis. Elle le trouve intelligent et toujours très courtois. Il se débrouille toujours pour ne pas être trop envahissant, ou du moins ne pas le paraître, même s'il peut rester des heures avec elle à discuter de tout et de rien.


Un jour de juillet 1954, un certain Scotty Moore, jeune guitariste de 22 ans, vient aux studios Sun pour se renseigner sur les ventes de son disque. Embarqué dans une formation qui tourne en rond (les Starlite Wranglers), Moore, grand fan de Chet Atkins, avoue à Sam Phillips chercher quelque chose de différent aujourd'hui. Quelqu'un qui pourrait porter ses nouvelles aspirations musicales aux confins d'un genre peu ou pas entrevu jusqu'alors. La discussion suit son cours jusqu'à ce que Marion, passant par là, s'incruste dans la conversation pour proposer instinctivement au duo le nom d'Elvis Presley. Sam en parlait souvent au studio et l'évocation du simple nom du jeune homme interpelle Moore qui souhaite rapidement obtenir un rendez-vous. Bill Black, fidèle acolyte bassiste de Moore, se joint aux deux hommes et voilà le trio enfermé au Sun Studios deux jours plus tard pour une rencontre forcée mal embarquée. Elvis est dans un état second, stressé, anxieux comme jamais, se sentant dans l'obligation d'épater la galerie. Il a attendu ce moment depuis si longtemps. Moore quant à lui est méfiant, tout comme Bill Black, à la vue de ce garçon à la dégaine étrange mais au grain de voix particulier. Pourtant, le groupe balbutie en tentant en vain de reprendre le peu de morceaux communs à leurs répertoires respectifs. Phillips s'exaspère derrière sa console et la séance s'éternise. Le groupe semble bel et bien dans l'impasse.


Le miracle intervient lors d'une pause où Phillips et Moore discute derrière la console pendant que Bill et Elvis restent dans le studio, s'ignorant tant bien que mal. Elvis fredonne alors le titre "That's All Right (Mama)" d'Arthur Crudup. Il retrouve enfin sa liberté, oubliant le décor boisé et l'ambiance délétère du studio pour se laisser porté par ce titre qu'il affectionne particulièrement. Bill est sidéré par l'aisance du jeune homme. Il suit Elvis et entame une partie de basse rugissante de groove et d'entrain. Phillips assiste médusé à la naissance du premier titre rockabilly de l'Histoire de la musique. Moore fonce rejoindre ses compères. Sa guitare incisive répond avec justesse aux falsetto de Presley et la force magnétique qui émane du titre, ce plaisir primal, réjouit les trois hommes qui semblent enfin avoir trouvé leur terrain de jeu. Nous sommes le 5 juillet 1954 et le rock vient de pousser son premier cri.

Un parcours du combattant


L'instinct. C'est ça que Phillips traque tant chez Elvis. C'est ça qu'il sentit chez lui dès qu'il eut franchi la porte du 706 Union Avenue. Mais Elvis, enfermé dans le carcan de sa timidité, n'eut jamais l'opportunité de révéler ce talent. Lors de l'enregistrement de "That's All Right", Phillips eut tout de suite le sentiment de tenir quelque chose de grand et de fort. Il ressentait toute la puissance spirituelle du rythm 'n blues noir provenant cette fois d'un grand gaillard blanc aux cheveux gominés. Il faut pourtant rapidement trouver quoi presser sur la face B du 45 tours. Car ne l'oublions pas, pour Phillips comme pour les autres, la musique reste aussi un job.


Le choix de la chanson se porte sur "Blue Moon Of Kentucky", titre estampillé bluesgrass de Bill Monroe. Phillips rappelle tout le monde aux Sun Studios deux jours après l'harrasant enregistrement de "That's All Right". L'alchimie entre Presley, Moore et Black semble avoir complètement disparu au point que Phillips se demande s'il n'a pas capté un simple moment de grâce éphémère deux jours plus tôt. Moore veut en faire des caisses pour rapprocher son jeu de Chet Atkins, son idole, ce qui agace Phillips. "Moins compliqué par pitié, fais plus simple !", hurle-t-il derrière sa console au jeune guitariste. Phillips a alors l'idée de transformer le titre initialement composé en 3/4 par un 4/4. Une fulgurance qui fait ressurgir la cohésion entrevue au cours de l'enregistrement de "That's All Right". Phillips s'exclame même: "Vous m'avez fait une chanson pop !". Le succès semble promis au groupe qui enchaîne alors les apparitions radios et scéniques pour promouvoir son premier disque qui sort des presses le 19 juillet 1954.


 


Etienne

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Commentaires
man042, le 03/07/2016 à 15:34
vous etes la parfaite caricature de toute cette presse nauséabonde qui n'a retenu de lui que son obesité et ses medicaments, malgré ses deux milliards de disques à ce jour. Pas mal pour un chanteur à méméres. Je vous chasse de mon esprit.