Les Top 10 des vacances : #101 The Yardbirds

Nouvelle série d’été durant laquelle un rédacteur vous propose de découvrir ou de réviser un groupe plus ou moins culte en dix titres. Vous aurez droit à une sélection représentative qui vise à mettre en avant des morceaux par rapport à leur place dans le répertoire du groupe, sans toutefois renoncer à la subjectivité avec des choix parfois plus inattendus. Aujourd'hui, les Yardbirds, un groupe bien plus important que le fun fact auquel on a l'habitude de le résumer (avoir compté 3 des meilleurs guitaristes anglais parmi ses membres).

10 - "Think about it", Little Games [réedition 2010 avec titres bonus] – 1968 : L'histoire a tendance à ne retenir des Yardbirds que les débuts rhythm'n'blues avec Eric Clapton et les singles à succès de la période Jeff Beck. Les années finales durant lesquelles Jimmy Page officiait à la six cordes semblent être tombées aux oubliettes. Pourtant, bien que moi constante que les époques précédentes, on y trouve malgré tout quelques pépites, comme ce "Think about it" sorti en face B du 45 tours "Goodnight Sweet Josephine" en 1968 (qu’on peut retrouver sur les rééditions les plus récentes de l’ultime 33 tours des Yardbirds). On y entend le chaînon manquant entre leurs tubes sixties et l’avènement de Led Zeppelin qui s’est appelé The New Yardbirds le temps d’une tournée.

9 - "Over Under Sideways Down", Yardbirds [Roger the Engineer]  – 1966 : Depuis leur virage pop en 1965, les Yardbirds ont multiplié les singles écrits par d’autres dans le top 10 des charts. Pour leur premier véritable album (les deux précédents étaient principalement des compilations de singles destinés au marché américain), ils choisissent pour la première fois d’écrire eux même tous leurs morceaux. Cap (pourtant délicat) franchi avec brio, puisqu'ils arrivent à synthétiser leur style (psyché-blues-grégorien-pop-rock) et à placer ce 45 tours annonciateur de l’album dans le top 10 des charts anglais.

8 - "Smokestack lightning", Five Live Yardbirds – 1964 : La première parution discographique longue durée des Yardbirds est ce live enregistré au Marquee Club en mars 1964. Nos tous jeunes anglais interprètent le blues et le rhythm'n'blues américain avec une maitrise bien supérieure à leurs concurrents (Animals, Rolling Stones, Them et Pretty Things peuvent aller se rhabiller) et le joue à des tempos effrénés. De cet album, on retiendra cette reprise de Howlin’ Wolf, adoubée par son auteur et favorite des fans, même si toutes les chansons qui le constitue auraient mérité une place dans ce top 10, ne serait-ce que pour l’énergie hallucinante qui s’en dégage.

7 - "I ain't done wrong", For your love – 1965 : Encore un exemple (enregistré en studio cette fois) du style Rave up des Yardbirds à leur débuts : du rhythm'n'blues joué avec une énergie et une vélocité sans pareil. On retrouve à la guitare survitaminée un Jeff Beck fraichement recruté en remplacement d'Eric Clapton.

6 - "Happening ten years time ago", Yardbirds [Roger the Engineer réedition 2010 avec titres bonus]  – 1966 : Sorti initialement uniquement en single, "Happening ten years time ago" est le premier enregistrement de la brève période avec Jeff Beck et Jimmy Page à la guitare. La déflagration sonore produite par les deux solistes au milieu du morceau couplée à la brutalité de la face B "Psycho daisies" font des Yardbirds de véritables précurseurs du hard rock. Sur le même album on vous conseille d'écouter aussi "Ever since the world began" qui sonne comme du Black Sabbath avant l'heure !

5 - "I'm a man", Having a rave up with the Yarbirds  – 1965 : Autre exemple du style Rave up des Yarbirds à leurs débuts : le tempo est quasiment doublé par rapport à l'originale de Bo Diddley, et comme si ça ne suffisait pas, le groupe accélère encore plus pour le final instrumental !

4 - "Stroll on", Blow-up [Bande originale du film] – 1967 : Pour son film Blow-up, Michael Antonioni voulait une scène où les Yardbirds joueraient "Train kept a rollin'" (une reprise d'un vieux rock'n'roll que le groupe avait déjà enregistré en 1965). Incertains d'avoir les droits pour le film, Keith Relf écrit de nouvelles paroles et rebaptise le morceau "Stroll on". La nouvelle version avec Jeff Beck et Jimmy Page à la guitare surclasse largement l'enregistrement présent sur Having a rave up with the Yarbirds et a influencé bien des groupes (notamment Aerosmith qui en a fait un incontournable de sa setlist tout au long de sa carrière).

3 - "Shapes of things", Having a rave up with the Yarbirds  [réedition 2007 avec titres bonus]– 1965 : Paru uniquement en single à l'origine, "Shapes of things" compte parmi les 4 plus gros succès du groupe dans les charts. La mélodie pop très sixties est d'une efficacité redoutable et ne laisse pas imaginer la sauvagerie du solo de guitare final de Jeff Beck. Ce dernier en fera d'ailleurs une version hard rock qui ouvrira son premier album solo Truth trois ans plus tard.

2 - "For your love", For your love – 1965 : A la recherche de leur premier succès, les Yardbirds choisissent d'interpréter "For your love", une chanson composée par Graham Gouldman (qui fondera par la suite le groupe 10cc). Opération réussie puisqu'elle grimpera à la troisième place des charts. Avec son clavecin, ses bongos et sa contrebasse à l'archet, "For your love" dénote clairement de l'univers rhythm'n'blues qui était le leur jusqu'à présent. La guitare est absente, à l'exception d'un court pont en mode boogie, et Clapton saisira l'occasion pour quitter le navire, arguant son envie de continuer à faire du blues.

1 - "Heart full of soul", Having a rave up with the Yarbirds  – 1965 : Désireux de renouveler leur essai gagnant, les Yardbirds demandent une nouvelle composition à Graham Gouldman. La guitare de Jeff Beck imite le son d'un sitar indien et mélodies et chœurs évoquent le chant grégorien. Après "For your love", "Heart full of soul" poursuit l'exploration sonore de ce qui deviendra le rock psychédélique. Et le public suit, puisque ce nouveau single atteint lui la deuxième place des charts.