Ange
Souffleurs De Vers
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1- Tous Les Boomerangs Du Monde / 2- Les Ecluses / 3- Dieu Est Un Escroc / 4- Nouvelles Du Ciel / 5- Interlude / 6- Où Vont Les Escargots / 7- Coupée En Deux / 8- Les Beaux Restes / 9- Souffleurs de Vers (Synopsis) / 10- Souffleurs de Vers (le film) / 11- Journal Intime
Bon, malgré la longueur de cet album (et pas seulement en terme de minutes…), la chronique du 19e album studio d’Ange sera plus courte que les autres car… il n’y a pas énormément à en dire.
Il s’agit du 4ème album de l’ère « post Francis Décamps » qui avait pris dès la Voiture à Eau une tournure plus rock, plus tranchée mais sans jamais oublier les racines progressives des débuts. Si les deux premiers albums de cette été étaient remarquables, quasiment sans défaut, ?, le troisième, nous donnait déjà ces impressions de longueurs.
Que les choses soient dites, un groupe vieux de plus de 37 ans, passé par des changements de personnel innombrables et cumulant alors près de 20 albums, ne peut pas fournir un travail dont chaque trace impressionne. Il y n’a eu que peu d’opus faibles, et des franchement mauvais, je n’en compte que deux si l’on se place à l’heure de celui-ci, c’est-à-dire en 2007. Sur 19 albums, le ratio est plutôt bon.
Reste que cet album, Souffleurs de Vers, laisse une impression très particulière : la neutralité émotionnelle. Et c’est peut-être la première fois que cela arrive pour les belfortains. L’album n’est pas mauvais, mais il n’est pas non plus bon. Les chansons ne sont pas mal écrites mais sont en dessous de ce à quoi on peut s’attendre. La musique est loin d’être hors propos mais ne nous fait pas bondir de notre chaise. Ceci dit, Ange attire toujours une forme de curiosité, et c'est pour cela que chaque album doit être écouté, même les moins extraordinaires.
Mis à part qu'il soit nécessaire de passer plusieurs écoutes avant d'appréhender un tant soit peu l'album, la présence quasi omniprésente d'une voix off grésillante parlée par Christian Décamps agace et accentue une désagréable sensation de redondance présente trop longtemps à l'écoute de l'album.
Aussi, l'aspect engagé du groupe est ici bien plus présent que sur les albums précédents, et cela manque parfois de virtuosité ("Tous Les Boomerangs Du Monde", "Dieu Est Un Escroc"). On préfère l'Ange créateur de machines à rêves que l'Ange politique. Cependant, sur "Interlude", si l'aspect politique est sous-jacent, le texte déclamé n'est pas sans rappeler l'introduction parlée du morceau "Caricatures". Un peu de nostalgie est bienvenue.
Mine de rien, il existe de très bons morceaux qui nous transportent et nous rappellent à qui nous avons affaire : à Hassan Hajdi, guitariste virtuose et multi-facettes sur "Les Beaux Restes" (qui porte, de fait, très bien son nom), à Tristan Décamps et sa voix majestueuse ("Nouvelles Du Ciel") et Caroline Crozat qui a décidément trouvé sa place au sein de cette brochette masculine et nous régale sur "Coupée En Deux".
Quelques mots enfin sur la grande pièce qui clôt presque l'album "Souffleurs De Vers (le film)", longue de plus de 16 minutes ! Introduite par un synopsis qui pose les bases - l'espèce humaine est devenue stérile et les systèmes informatiques sont hors-service - cette pièce est évidemment variée et nous plonge réellement dans ce que répète Christian Décamps depuis des années, l'imaginaire. On est en plein dedans. On a droit à des envolées de guitares, des déchaînements de claviers et même un requiem pour clore. C'est ici le sommet de l'album, qui nous réconcilie avec un opus qui aura été long, bien long à décoller....