Blues Pills
Birthday
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1- Birthday / 2- Don't You Love It / 3- Bad Choices / 4- Top of the Sky / 5- Like a Drug / 6- Piggyback Ride / 7- Holding Me Back / 8- Somebody Better / 9- Shadows / 10- I Don't Wanna Get Back On That Horse Again / 11- What Has This Life Done to You
Un nom d’album en forme de célébration. Birthday, soit les dix ans qui séparent ce nouvel opus du premier album de Blues Pills, petit pavé dans la marre de la scène revival porté à l'époque par une tournée intense de tous les festivals européens. Entre temps, l’eau a coulé sous les ponts : changement brutal de line up avec le départ fracassant du guitariste français Dorian Sorriaux (qui mène désormais sa carrière solo), maternité d’Elin Larsson largement mise en scène par la chanteuse charismatique (cf. la promotion de l’album et la pochette), et surtout, tournant stylistique depuis le heavy-psychédélique rappelant leurs racines (Radio Moscow) vers une direction plus soul, plus pop, ou vers le rock plus épuré – soit beaucoup moins lourd et psyché.
Avec le recul, il devient clair que Lady in Gold (2016) était un véritable album de transition vers une mutation accomplie sur Holy Moly (2020) et confirmée cette année avec Birthday. Cette évolution m’a peu convaincu, principalement à cause de mes propres goûts esthétiques, mais aussi parce que si ce choix témoigne des envies propres au combo, il découle peut-être de l’ambition de gagner un public plus large à sa cause.
Pour autant, Blues Pills continue à ravir l’auditeur de bonheur grâce à des titres rock très efficaces comme "Birthday", qui évoque à la fois leurs compatriotes de Spiders (avec lesquels il y avait eu une collaboration en 2022), et Pink au moment du refrain très pop (une artiste qui vient encore à l’esprit sur le très séduisant "Holding Me Back"). Par la suite, l’accrocheur "Bad Choices", aux couplets soul et aux accents revival dans sa seconde partie (écoutez le pont et le solo), l’implacable "Piggyback Ride", aux vrais airs de "Good Girl" (pour le riff repompé) et au final surprenant aux claviers, disposent d’un potentiel tubesque de même que "Like a Drug", où la basse est rugueusement mise en avant et où les multiples traits de guitare rappellent Rival Sons. On retrouve même la légèreté des 60’s avec "Don't You Love It", voire une petite dose de Nederbeat (le chant féminin aidant).
Là où Blues Pills me convainc moins, mais c’est très personnel, c’est quand arrivent les slows aux excès de soul, tant et si bien que le combo se rapproche d’Adèle. C’est certes une preuve s’il en est, des capacités vocales d’Elin Larsson, mais cela peut être déploré en termes d’orientation esthétique. On citera l’emphatique "Top of the Sky" et "I Don't Wanna Get Back On That Horse Again" ainsi que le plus réussi "Shadows" qui rencontre les Black Keys au son d’un vieux blues brumeux. Soyons bon prince en reconnaissant qu’en matière d’exercice de style par contre, la réalisation est parfaitement maîtrisée. Cette orientation un peu trop mainstream emprunte d’autre chemin au détour de "Somebody Better" et sur l’ultime "What Has This Life Done to You", à la limite de la caricature.
En matière de rock retro suédois à chanteuse charismatique, nous préférerons désormais l’approche plus rock de The Riven ou plus raffinée de Children of the Sün (chanteuses au pluriel pour ces seconds). Mais au bilan, l’album se bonifie après plusieurs écoutes grâce à son éclectisme très appréciable, son interprétation irréprochable et son inspiration bien supérieure à celle de son prédécesseur – bref, j’ai aimé. De plus, il y a fort à parier que Blues Pills demeure une référence une fois sur scène – ce dont on reparle bientôt.
À écouter : "Birthday", "Like a Drug", "Piggyback Ride", "Holding Me Back"