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Critique d'album

Bruce Soord


Bruce Soord


(28/11/2015 - Kscope - Progressif - Genre : Rock)
Produit par Bruce Soord

1- Black Smoke / 2- Buried Here / 3- The Odds / 4- A Thousand Daggers / 5- Willow Tree / 6- Born In Dilusion / 7- Field Day Part 1 / 8- Field Day Part 2 / 9- Familiar Patterns / 10- Leaves Leave Me
Note de 3.5/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Le voleur d'ananas en solo. Aussi consensuel que réussi."
Nicolas, le 22/12/2015
( mots)

Rassurez-vous, on ne vous ressortira pas à chaque fois les mêmes tartines sur le zigoto qui a commencé son groupe tout seul comme un grand en composant et en jouant de tous les instruments, puis qui a engagé d’autres zicos pour donner plus d’ampleur à son projet et qui a fini par revenir au solo sous son nom propre. Steven Wilson Porcupine Tree) l’a déjà fait, Benjamin Gibbard (Death Cab For Cutie) aussi, et c’est désormais au tour de Bruce Soord (The Pineapple Thief) de se laisser aller à l’exercice du faux-vrai album solo. Malgré tout, ce dernier cas (de figure) mérite que l’on s’y attarde.


Le cas de conscience de ces trois solitaires dans l’âme est qu’à un moment où à un autre, ils se sont retrouvés pris au piège de leur effectif, contraints de faire des concessions, de laisser leurs partenaires respirer au sein d’un groupe qu’ils maîtrisaient jusqu’alors de A à Z. Wilson a utilisé ce stratagème pour se défaire de l’encombrant poids de Porcupine Tree et des velléités d’émancipation grandissantes de Richard Barbieri, tandis que Ben Gibbard a dû lâcher du lest à Chris Walla avant que ce dernier ne fuie Death Cab. Si le premier ne reviendra probablement jamais en arrière, le second n’a désormais plus besoin de son patronyme pour accoucher de la musique qu’il souhaite. La problématique de Bruce Soord est encore différente. Enfermé de longues années durant dans un label cryptique, le génial anglais a ainsi pu s’épanouir sans se prendre la tête et sans vraiment réfléchir à quelle suite donner à l’oeuvre du Voleur d’Ananas. Sauf que depuis que Soord est sur Kscope, la machine ne tourne plus aussi rond. Conscient de pouvoir franchir un cap et d’emmener son effectif à un tout autre niveau, l’anglais hésite, tergiverse, se frotte à toutes les formules possibles, alt rock versant Radiohead (Tightly Unnwound), metal indie (Someone Here Is Missing), prog syphonique (This Is War) et pop rock à la Biffy Clyro - encore un autre groupe en perte de repère (Magnolia). Quelque part, revenir à une musique délestée de la pression du succès, où il peut s’adonner à ses allants sans soucis d’image de marque ou de résultats, ne semble pas si étonnant de sa part. Question : où tout cela peut-il bien le conduire ?


Réponse : à du Bruce Soord tout craché, soit à un rock doux, mélancolique, prégnant, très imprégné de tendances floydiennes, aux textes limités et éplorés. En clair, à une musique proche de celle à laquelle s’adonnait The Pineapple Thief avant le passage de l’intéressé sur l’écurie Kscope. Avec cependant une différence significative, c’est que Soord ne coupe pas complètement les ponts avec un formatage de bon aloi, réalisant ainsi un disque structuré, académique même. Pas de facéties, de bizarreries ni de prises de risque, uniquement dix morceaux restant bien dans les clous, conformes à ce que l’on est en droit d’attendre du bonhomme. Ni plus, ni moins. Et c’est déjà beaucoup. Détail signifiant : c’est Mr Soord lui-même qui a tout réalisé, composition, chant, instrumentation complète et production (avec l’aide de Darren Charles en seconde guitare). Du beau boulot.


Le seul morceau véritablement surprenant du lot répond au nom de “The Odds”, avec une vibe funky et des choeurs glandeurs qui prouvent que Bruce sait manier la pop avec brio. Les effets sont ailleurs distillés avec plus de finesse et de parcimonie, citons notamment le triste “Black Smoke” et son piano voix très pur, ou le plus lumineux “Buried Here” et sa gratte sèche en mode semi-acoustique marié à une pyrotechnie électro très douce. La six cordes se voit magnifiée dans son caractère le plus pur, avec en point d’orgue l’étincelant “Field Days” en deux (très courtes) parties de toute beauté. On pense à TPT bien sûr, mais aussi beaucoup à Porcupine Tree (tient donc) dans ses premiers émoluments, Stupid Dream et Lightbulb Sun notamment (“Willow Tree”, par ailleurs très agréable), et il est clair que le clou du disque, “Familiar Patterns”, tout en retenue électrique et en pudeur, doit énormément aux oeuvres de jeunesse de Steven Wilson. A part ça, on reste dans de la pop plus classique, moins marquante mais néanmoins agréable, “Born In Delusion” et ses parties vocales flottantes et éthérées très radioheadiennes, “A Thousand Daggers” au refrain probablement un peu trop convenu (et aux couplets wilsoniens en diable), ou le conclusif “Leaves Leave Me” dont le motif de gratte aurait gagné à un peu moins de redondance. Mais c’est du détail.


Bruce Soord reste une valeur forte du post-progressif moderne à affinité alternative, et ce disque voulu comme emblématique le prouve avec la manière. Reste que l’intéressé, fort de son passif, aurait pu, aurait dû, prendre quelques risques et/ou nous offrir un album plus singulier, plus marquant. Il n’en avait certes pas l’obligation vu la carrière bien lancée de The Pineapple Thief, mais cette estampille solo ne restera alors dans les mémoires qu’une passade secondaire en regard du voleur d’ananas. Dommage. A moins que l’avenir nous réserve d’autres oeuvres moins consensuelles ?

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