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Critique d'album

Campo di Marte


Campo di Marte


(00/02/1973 - - Rock progressif italien - Genre : Rock)
Produit par

1- V Tempo / 2- VI Tempo / 3- VII Tempo / 4- Primo Tempo / 5- II Tempo / 6- III Tempo / 7- IV Tempo
Note de 4.5/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Campo di guerra contra la guerra"
François, le 10/09/2023
( mots)

La première originalité de Campo di Marte est d’être un groupe florentin, la Toscane ayant été assez peu généreuse en formations progressives durant les années 1970. Musicien originaire de Livourne bercé par le jazz américain, Enrico Rosa le fonde en 1971, après avoir officié à la guitare dans Senso Unico. Fait important, il avait fait ses premières armes aux alentours d’une base américaine installée dans la région (Camp Darby) : on rappellera ici l’importance des installations militaires de l’Oncle Sam dans la diffusion du rock sur le continent. Le combo a pour seconde originalité d’avoir un bassiste américain, Paul Richard (en réalité italo-américain, son vrai nom est Richard Ursillo), comme Aera, puis PFM, possédaient un bassiste français en la personne de Patrick Djivas.


Une première dimension internationale à laquelle répond l’engagement antimilitariste de Campo di Marte, depuis son nom (Champ de Mars, référence au dieu romain de la guerre et au champ de bataille) jusqu’à la thématique de son unique album sorti en 1973. En effet, dans le sillage des "années 1968", l’implantation des idées de gauche au sein de la jeunesse italienne doit beaucoup au contexte diplomatique marqué par la décolonisation et la guerre du Vietnam contre laquelle se forme une opposition dans tous les pays occidentaux. La même année, Alphataurus signait un album manifeste qui allait dans ce sens et dénonçait la paix armée à travers une pochette qui comportait une colombe larguant des bombes : pour Campo di Marte, le choix s’est porté sur des mercenaires ottomans peu vêtus en pleine séance d’automutilation. Quoi de mieux pour signifier l’absurdité de la guerre : "Campo di Marte / Campo di guerra contra la guerra".


L’ambition s’affiche dans l’organisation de l’album : comme dans une œuvre classique, l’opus est massivement instrumental et comporte sept "tempi", anciennement nommés selon un système de prologue/réflexion/épilogue et rangés dans le mauvais ordre (erreur que la version cd de 2006 a rectifié).


Italie oblige, le registre est bien sûr progressif mais à tendance heavy-prog’. "Primo Tempo" possède un riff musclé, des claviers aux sonorités proches de la scène hard-rock  et de longs soli de guitare, même si, dans sa partie centrale, la flûte, les orgues (très italiens) et les arpèges évoquent Genesis. D’une même longueur, "Settimo Tempo" s’octroie un riff également rugueux après son introduction planante. Néanmoins, on entend là les passions esthétiques de Rosa dans la dimension à la fois funky et jazzy, avec une composition peut-être plus complexe. Pinacle de l’album, "Terzo Tempo" reprend cette veine saturée, en alternance avec des passages plus calme qui permettent de magnifier le morceau au sein duquel on soulignera un solo de guitare virtuose et un très beau passage de basse.


Par moment, Campo di Marte s’éloigne de son registre heavy. "Quarto Tempo" dévoile une inspiration baroque avec ses orgues qui jouent une fugue avant une second partie plus hard-rock, "Quinto Tempo" dispense une pièce de guitare classique toute en légèreté, accompagnée de chœurs et de flûte, puis bascule dans un rythme ternaire qui le rapproche de la basse, et le moins pertinent "Secondo Tempo" s’approche de la musique de film symphonique par le cor et la flûte. Plus expérimental, "Sesto Tempo" est très entreprenant, les claviers et la guitare incisive, presque crimsonienne, s’expriment judicieusement par-dessus un rythme latin et tranchent avec les parties planantes.


Alors que l’album s’apprête à être mis à disposition du public, le groupe est déjà en voie de séparation ; de toute façon, avec un label loin d’être spécialisé dans le rock progressif italien, il obtiendra peu de visibilité au-delà de l’Italie et de l’Amérique latine où il fut également distribué. Il s’agit là d’un nouvel exemple de groupe italien presque mort-né malgré ses qualités, comme la scène en connut tant.


À écouter : "Terzo Tempo", "Sesto Tempo"

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