Cirith Ungol
King of the Dead
Produit par Cirith Ungol
1- Atom Smasher / 2- Black Machine / 3- Master of the Pit / 4- King of the Dead / 5- Death of the Sun / 6- Finger of Scorn / 7- Toccata In D Minor / 8- Cirith Ungol
Sans moyens, avec des soucis de production, se maintenir à flot dans le monde de la musique s’avère compliqué. Cirith Ungol possède pourtant de nombreux talents, mais reste anonyme et underground, ne cédant pas aux trompettes de la gloire … et des compromissions qui en découlent. Cette honnêteté, qui vient d’une attitude passionnée, entraîne une volonté de fer. Il fallut néanmoins quatre ans pour que Frost and Fire connaisse un successeur. Entre temps, le monde du heavy a évolué, Cirith Ungol également. Il propose d'augmenter d’un cran son esthétique : alors que le premier opus était encore très marqué par les années 1970, le hard-rock laisse sa place à un heavy plus affirmé.
"Atom Smasher", vive entrée en matière, est ainsi très lourd, même si de petites allusions rushiennes (période hard-rock) sont présentes : les origines 70’s ne sont pas reniées. Mais à y regarder de près, la richesse et la densité du morceau témoignent d’une composition très soignée : il y a de nombreux plans, des ponts, des recherches dans les effets … Ainsi, à qui sait écouter, se dévoilent les surprises. Mais il est clair que Cirith Ungol monte en décibel sur cet album, et rentre dans le lard de l’auditeur : à cet égard, "Death of the Sun" ne fait preuve d’aucune pitié.
Le groupe veut aussi jouer une musique plus ambitieuse, volonté qui est à son pinacle lors de l’excellent arrangement de Bach, "Toccata in Dm". Cette volonté de complexifier l’approche se retrouve dans la longueur des morceaux, qui atteignent ou dépassent les de six ou sept minutes. Ainsi, "King of the Dead", là aussi entre Rush, Doom et style épique ricain, propose une belle fresque ornée de chorus bien réalisés. "Master of the Pit", de son côté, prouve encore une fois la talent de Vujejia à la basse (ronde, véloce et mélodique) et donne une belle place à la guitare dès l’introduction. D’ailleurs, c’est un morceau qui est taillé pour la six-cordes, superposant les pistes, et s’exprimant dans un chorus de plusieurs minutes, tantôt lancinant, tantôt épique voire diluvien sans entrer dans du shred. Tout l’album ravira les amateurs de beaux soli, interprétés au son si spécifique de Jerry Fogle, aussi strident que l’est le chant de Baker.
Enfin, la plus longue piste reste "Finger of Scorn", qui commence magnifiquement sur des arpèges et une mélodie douce. C’est une lente montée en puissance jusqu’au solo, avant le reflux acoustique de la vague. Tim Baker, à l’aide de quelques effets, y fait une prestation sublime. Très heavy et mid-tempo, le titre incarne une facette de Cirith Ungol.
En effet, King of the Dead est aussi l’album qui intègre Cirith Ungol dans la longue histoire du Doom. Le lourd et ténébreux, presque sabbathien, "Cirith Ungol" (dont une version live est disponible dans le premier opus), s’affiche comme tel. Un titre assez ancien qui se permet de finir comme dans les années 1970, par un gros bordel (le terme est juste descriptif) en compagnie de tous les musiciens, délire instrumental cher à cette époque. Nous avons déjà parlé du titre éponyme, qui entre dans cette catégorie, mais il faut mettre en lumière le très bon "Black Machine" au riff imparable.
Bref, King of the Dead est sûrement l’album le plus représentatif de l’univers du groupe : à la fois audacieux, plus métallique et virtuose que le premier, mais toujours artisanal, il incarne le "son" Cirith Ungol. Est-ce le meilleur ? Selon le groupe oui, selon d’autres, ce sera son successeur (le débat est entre ces deux opus), nous proposons l’entrée de Paradise Lost dans la course, mais c’est une autre affaire. A vous de trancher.