Cirith Ungol
Paradise Lost
Produit par Ron Goudie
1- Join the Legion / 2- The Troll / 3- Fire / 4- Heaven Help Us / 5- Before The Lash / 6- Go It Alone / 7- Chaos Rising / 8- Fallen Idols / 9- Paradise Lost
Avant l’annonce d’un nouvel album pour 2020, Paradise Lost était l’œuvre ultime de Cirith Ungol. La faute revenait à de gros problèmes avec leur label qui avait brillé par son absence dans la promotion, obligeant le groupe à se séparer juste après sa sortie, en 1992. Etant donné la qualité de l’opus, c’est, pour reprendre une expression un peu exagérée, "Mozart qu’on assassine". Pourtant, l’histoire était mal partie, puisque deux musiciens avaient quitté le navire, laissant Baker et Garven seuls aux manettes. De même, l’enregistrement, trop piloté par la production, fut une réelle épreuve. Mais quel résultat !
Si le son garage et la production moyenne faisaient le charme du groupe, Paradise Lost bénéficie enfin d’un enregistrement professionnel, digne de leur musique. De même, les compositions n’ont jamais été aussi abouties, ce qui en fait également une entrée en matière plus facile pour ceux qui voudraient se lancer dans leur œuvre.
Sans parler de "Go It Alone", titre presque hard-FM sans être ridicule, Cirith Ungol essaye de réaménager sa recette en travaillant davantage les riffs et les fioritures, les mélodies et l’harmonie globale. Les fans ne sont ainsi jamais déconcertés, mais l’impact potentiel est largement augmenté. Ainsi, "The Troll" est une petite sucrerie bien heavy pour les amateurs du groupe, entre références fantasy et riff caverneux, avec une petite montée bien pensée entre le couplet et le refrain. Plus encore, le tubesque "Join the Legion" est un hymne parfait pour rassembler les fidèles depuis toujours avec les néophytes. La technique de guitare est assez impressionnante en introduction quand il s’agit de varier la façon de jouer les notes - et le riff est dantesque.
On a même le droit à quelques surprises. "Heaven Help Us", très maidenien sur son riff principal épique, son solo et sa rythmique, est composé et chanté par le nouveau bassiste, Robert Warrenburg. S’il se débrouille plutôt bien, il n’a pas l’originalité de Baker, mais il n’empêche qu’à nouveau, on se retrouve face à un titre assez exceptionnel. Autre plaisir inattendu, une reprise heavy absolument réussie de "Fire", morceau incontournable d’Arthur Brown (1968), pépite hard-psyché à son époque.
Mais le sommet de l’album et de leur carrière est la suite qui clôt l’opus en trois morceaux d’une force incommensurable. Cette pièce épique, presque progressive, commence avec "Chaos Rising", premier mouvement qui s’ouvre sur une cavalcade infernale avant de poursuivre sa course entre arpèges et thème aérien à la guitare. Les chorus sont pléthoriques, les nouveaux riffs également, notamment vers la moitié du titre afin d'accélérer le tempo. Très riche, "Chaos Rising" est sûrement l’un des plus beaux morceaux du groupe. Toujours plus épique, la deuxième partie de cette suite, "Fallen Idols", est un heavy solennel et puissant, au thème accrocheur. Enfin, "Paradise Lost" signe une conclusion en cavalcade, avec des effets bien sentis. Bref, impossible de rester de marbre.
Baker considère ces trois titres comme le sommet de l’œuvre du groupe, mais également comme le nec plus ultra du Metal, à introduire dans le top 10 (et franchement, pourquoi pas ?). Un manque de modestie qui ne doit pas cacher la qualité de cette suite – vraiment fabuleuse – et de l’album en général. Le chef-d’œuvre de Cirith Ungol.
A écouter : "Chaos Rising", "Fallen Idols", "Paradise Lost"