Cirith Ungol
The Dark Parade
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Dans les années 2010, on avait pu être étonné du retour en grâce des très underground Cirith Ungol à la faveur du renouveau du Heavy Metal classique : le combo américain avait enfin obtenu, en quelques années seulement, le statut de groupe culte après avoir erré dans les limbes de l’histoire du rock. Une belle revanche sur l’histoire qui ne laissait pas présager un retour aux affaires à grand renfort de tournées américaines et européennes d'abord (gravées sur sillon en 2019 pour leur premier live – I’m Alive), puis par la voie des studios avec l’excellent Forever Black en 2020 suivi en 2021 par l’EP Half Past Human, tout aussi louable.
Allant de surprise en surprise, Cirith Ungol annonce début 2023 un sixième album pour la fin de l’année : Dark Parade, ou la suite des aventures metalliques d’Elric de Melniboné qui trône toujours sur la pochette. Le plaisir fut d’autant plus fort que l’opus était officialisé par un single impressionnant, le fougueux "Velocity (S.E.P.)", lourd mais mélodique (il pourrait par contre évoquer Joe Dassin aux oreilles françaises). On y entend des musiciens au sommet de leur art, sonnant avec une puissance implacable et sans la moindre faute dans leur interprétation, toujours capables d’atteindre l’excellence après tant d’années, comme si l’histoire s’était interrompue pour reprendre son juste cours.
Le constat est le même à l’écoute des huit minutes de la suite doom épique qu’est "Sailor of the Seas of Fate", fondée sur une citation masquée de Peer Gynt et de longues notes triomphantes ; un intermède instrumental rappelle même les meilleurs moments de Paradise Lost (1991). Quant à "Looking Glass", il culmine sur un solo d’une virtuosité classieuse au moment d’une phase instrumentale rehaussée de claviers.
Du reste, bien qu’excellent, Dark Parade est un peu moins exaltant que son prédécesseur … Mais un peu moins seulement. On saura apprécier les belles idées guitaristiques de "Distant Shadows", les arpèges de "Down Below", les ténèbres de "Dark Parade", le doom orientalisant de "Relentless" et les sonorités hispanisantes de "Sacrifice", un flamenco particulièrement heavy. Car tous ces titres sont marqués par des guitares bavardes qui s’élancent dans des chorus interminables mais toujours extrêmement pertinents et sont portés par le chant toujours plus époustouflant de Tim Baker – qui nous semble ici capable de se réconcilier avec les auditeurs les plus rétifs à son accroche gutturale.
Regardons la vérité en face, Dark Parade est peut-être le dernier album de Cirith Ungol alors même que le groupe vient d’annoncer une ultime tournée mondiale en 2024 (qui n’exclut pas toute nouvelle production studio). S’il s’agit de leur acte final, il conclut une carrière avec les honneurs, sinon, longue vie à Elric et au plus underground des grands des groupes de Metal américains.
À écouter : "Velocity (S.E.P.)", "Sailor of the Seas of Fate"