Cirith Ungol
One Foot in Hell
Produit par Brian Slagel
1- Blood & Iron / 2- Chaos Descends / 3- The Fire / 4- Nadsokor / 5- 100 Mph / 6- War Eternal / 7- Doomed Planet / 8- One Foot in Hell
Cirith Ungol trouve enfin un rythme de croisière : deux ans seulement séparent One Foot in Hell de King of the Dead. Avec une iconographie somptueuse et cohérente (l’univers d’Elric de Moorcock), le groupe compte bien creuser son sillon dans le heavy américain, à la fois caverneux et épique. Ses particularités, notamment le son artisanal et la voix étrange de Baker, l’ont maintenu dans un underground musical qui néglige les qualités des compositions, la variété de leur œuvre et l’honnêteté de leur démarche. L'histoire leur rendra justice.
One foot in Hell se présente avant tout comme un pas supplémentaire vers un élan plus fougueux et métallique dont le corollaire est une simplification de l'écriture. Là où son prédécesseur préférait les longs titres aux ambiances travaillées et aux chorus interminables, ce nouvel opus choisit d’aller droit au but.
Ainsi, il commence sur l’énergique "Blood and Iron" en se passant d'introduction - une entrée abrupte et in medias res. Si ce premier titre est assez vif, le côté doom est largement accentué par la suite : sur "Chaos Descends", où les effets et les modulations au chant donnent du relief au sujet de la chanson, sur l’excellent "Doomed Planet", très inspiré par les 1970’s, ou sur le sabbathien "One Foot In Hell". Son refrain guerrier interprété par un chant rauque (la nouvelle tessiture de Baker) lui donne une ferveur épique hélas un peu abandonnée sur cet album, si ce n'est au détour d'un titre par ailleurs assez bref comme "War Eternal".
Par contre, la qualité des soli de guitare saute aux oreilles dans cet opus : précis, assez fougueux, dans des registres différents (quasi-blues, épiques, très saturés, jouant sur les effets …). "Nadsokor", un des sommets de l’album, en est le plus bel exemple :la superposition des pistes met au monde un duel de guitares bien interprété et un final en forme maelstrom. On entend parfois une inspiration trouvée chez Uli Jon Roth de Scorpions (notamment sur "One Foot in Hell", au final ravageur).
La production s'est un peu améliorée, mais le groupe sonne toujours de façon "garage", surtout quand il s’excite un peu ("100 mph"). Après tout, c’est aussi ce qui fait le charme et la légende de Cirith Ungol ... comme la pochette, une fois encore choisie avec bon sens et soin dans l'univers visuel de Moorcock.
One foot in Hell est, pour beaucoup, l’album préféré au sein de leur discographie. Il est certes d’une bonne qualité, mais semble moins abouti et original que King of the Dead, et surtout, en dessous de son successeur, l’immense Paradise Lost.
A écouter : "Nadsokor", "Doomed Planet", "War Eternal"