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Critique d'album

Depeche Mode


Playing the Angel


(17/10/2005 - Mute - Electro pop - new wave - Genre : Autres)
Produit par Ben Hillier

1- A Pain That I'm Used To / 2- John the Revelator / 3- Suffer Well / 4- The Sinner in Me / 5- Precious / 6- Macro / 7- I Want It All / 8- Nothing's Impossible / 9- Introspectre / 10- Damaged People / 11- Lilian / 12- The Darkest Star
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"L'ange noir porteur de bonnes nouvelles."
Alan, le 24/01/2014
( mots)

"Pain and suffering in various tempos" : tel est le slogan de l’album que l’on peut le lire au dos du boîtier. Un slogan surprenant pour le Depeche Mode de 2005, presqu’intemporel. Intemporel car il semble arriver avec presque dix ans de retard.

Après le départ d’Alan Wilder et une overdose d’héroïne fatale qui a failli priver le groupe de sa voix en la personne de Dave Gahan, Depeche Mode accouche en 1997, après plus d’un an d’enregistrement douloureux, d’Ultra, album poursuivant l’exploration stylistique de Violator et Songs of Faith & Devotion, à savoir un son moins "pop 80’s", lorgnant plus vers le synth rock, voire même le rock industriel. Il reste cependant plus sombre que ses prédécesseurs, comme marqué par les plaies que le groupe subit alors à l’époque : "Barrel of a Gun", premier single ainsi que morceau d’ouverture de l’album, relate à lui seul l’overdose de Gahan, l’alcoolisme de Gore et la dépression de Flecth (rien que ça). Oui, en 1997, il était bel et bien question de douleur et de souffrance pour Depeche Mode. Sauf qu’un mal se guérit, et le groupe expose ses stigmates avec Exciter quatre ans plus tard, album résolument plus pop et attrayant que ne pouvait l’être Ultra.

Alors pourquoi est-il de nouveau question de douleur et de souffrance quatre ans après, alors que tous les maux semblent guéris ? En s’attardant tout d’abord sur la tracklist, on peut lire, entre autres : "A Pain That I’m Used To", "Suffer Well", "Damaged People". Des titres aux antipodes des "Dream On" ou autre "I Feel Loved" qu’Exciter pouvait proposer. Gore et sa bande prennent aussi le contrepied de ce-dernier en termes de production, délaissant les compositions synth pop et les claviers virtuels pour revenir à un son plus organique et incisif à l’aide de claviers analogiques. Leur studio devient alors un véritable laboratoire sonore où des heures sont passées afin de trouver la tonalité parfaite en triturant ce bouton ou cette molette sur ce clavier et cet ampli. Le groupe part même jusqu’en Bretagne afin de se procurer un clavier unique fait sur mesure par un fabricant local. Excès de zèle me direz-vous ?

Prenons la peine d’appuyer sur lecture pour vérifier : "A Pain That I’m Used To" annonce la couleur et casse toutes les conventions établies sur Exciter en ouvrant l’album par un mur sonore colossal face auquel on se sent désemparé. Soutenu par un grave bien lourd, le timbre chaleureux de Dave Gahan se glisse jusqu’à nos oreilles, harmonisé par la voix de Martin Gore. Le morceau suit son déroulement, et calque le schéma quelque peu conventionnel du slow verse/loud chorus : c’est bateau, mais étonnement on se laisse prendre au jeu. La déflagration sonore se poursuit sur "John the Revelator" et "Suffer Well", qui ne prennent même plus la peine de proposer des couplets plus smooth, il n’est plus question que de cogner à l’aide de la voix de Gahan au bord de la saturation et des claviers au son tranchant. "The Sinner in Me" reprend les choses là où Ultra les avait laissées : "I’ll never be a saint", comme un écho aux vices qui ont failli tuer le groupe presque dix ans auparavant. Cette complainte chantée par Gahan dans son registre le plus grave et le plus sombre s’accompagne de sonorités dérangeantes, à la tendance presque bruitiste, magnifiées par un superbe mixage créant l’illusion d’une spirale auditive dans laquelle on se retrouve piégé. C’est à la fois déroutant et fascinant.

Tout album a néanmoins besoin d’un single poppy et radio-fitted pour assurer sa promotion, passons donc rapidement sur le cas "Precious" : bien moins intéressant en termes d’arrangement et de sonorités, on retrouve une chanson mellow qui trouvera aisément son chemin jusqu’aux stations de radio. Morceau peu intéressant donc, mais qui reste catchy et efficace. C’est agaçant, d’autant plus qu’il relâche la tension établie jusqu’alors, tout comme le fait par la suite "Macro", morceau inversant les rôles avec Gore au lead et Gahan aux chœurs. Avec sa voix d’ange soutenue par quelques cordes, Martin Gore poursuit dans la veine quelque peu mellow de "Precious" et emmène l’auditeur jusqu’au chef-d’œuvre de l’album, "I Want It All", trip musical et interstellaire totalement planant évoquant l’immensité de l’espace et repoussant les limites de l’univers au travers de ses strates sonores et de ses sonorités venues d’ailleurs. Grandiose.

Le voyage prend cependant fin avec le rouleau compresseur "Nothing’s Impossible" qui rétablit la tension laissée en suspens à l’aide de ses sonorités métalliques et de la voix robotique de Dave Gahan qui évoque avec mélancolie la douleur d’un amour perdu, suivi d’un "Instrospectre" lugubre et douteux. "Damaged People" étoffe la bizarrerie au travers d‘une comptine chantée par Martin Gore aux sonorités tout aussi métalliques que précédemment, évoquant le déni et le refus d’admettre le désespoir. "Lilian" fait plus office de faire-valoir à "The Darkest Star" que de véritable morceau digne d’intérêt malgré sa parution en tant que single. Attardons-nous plutôt sur le point d’orgue de l’album, sur son final grandiloquent : Queen avait "Bohemian Rhapsody", Depeche Mode a "The Darkest Star". À presque sept minutes, telle la strette d’une fugue, le morceau reprend tous les moments sombres et dérangeants de l’album, qu’il s’agisse des tessitures de claviers métalliques, des ostinati et des accords dissonants ou de la voix sombre de Gahan. Allégorie de la bizarrerie, "The Darkest Star" conclut magnifiquement l’album sur deux accords s’estompant progressivement dans le vide.

"I don’t know what I’m looking for anymore" chantait Dave Gahan en ouverture de l’album. C’est sûrement ce qui a poussé le groupe à rebrousser chemin, à revenir en arrière, afin de trouver ce quelque chose de manquant nécessaire pour continuer : le lien manquant entre Ultra et Exciter, l’album de la catharsis nécessaire pour totalement effacer les vieux démons qui hantent le groupe et expurger cette douleur et cette souffrance latentes. Un album plus vivant que jamais, presque sans faute, et qui a justement permis au groupe d’avancer : a suivi pour Depeche Mode leur plus grosse tournée à ce jour... tournée estampillée du slogan "Pain and suffering in various countries".

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